Terminaux et multimédia : au-delà du PC !
Il y a de cela trois ans, Guillaumin (80) et moi-même avons fondé Netgem sur la vision que, demain, chaque foyer serait équipé d’un raccordement rapide et permanent à l’Internet, permettant à chacun d’accéder à de nombreux services qui lui simplifieront la vie, et ce à partir de multiples terminaux.
Le PC, bien sûr, mais aussi, un four à micro-ondes, un réfrigérateur, un téléphone portable, un téléviseur… Internet sur la télévision ?
C’est un lieu commun de dire que le multimédia est devenu l’un des moteurs majeurs de la culture et de la croissance mondiale. Mais la plus grande des révolutions se déroule en ce moment. L’ensemble des services que le multimédia nous promet : communication, éducation, loisirs, commerce… convergent via l’Internet, qui devient le vecteur standardisé et universel du multimédia interactif et personnalisé.
Cette convergence autour de standards non propriétaires, couplée aux extraordinaires progrès de l’industrie microélectronique, nous permet aujourd’hui d’entrevoir une nouvelle ère, annoncée par de grands titres dans la presse américaine, celle de l’après PC.
Aujourd’hui, de Bill Gates (Microsoft) à Tim Koogle (Yahoo) en passant par Jeff Bezos (Amazon) ou Thierry Breton (Thomson Multimédia) ils martèlent à longueur d’interview et de forums leur volonté d’être présents sur des appareils autres que le PC.
Des terminaux ouverts, fabriqués à très bas prix, utilisant l’Internet pour s’intégrer dans l’environnement domestique permettront aux consommateurs d’entrer de plain-pied dans cette révolution. Et cette révolution va être à l’origine d’un marché qui sera nettement plus important que celui du PC ajouté à celui de l’électronique grand public.
Ces « e‑devices » vont remplacer pas à pas les appareils que nous utilisons tous chaque jour dans nos gestes les plus courants. Leur succès sera d’autant plus rapide qu’ils seront simples d’emploi, peu chers, et parce qu’ils seront vendus par les services auxquels ils donneront accès, à l’image du marketing des téléphones mobiles que nous avons connu ces dernières années. Branchez, opérez sur le Web ! Rien à installer, prêt à l’emploi, outil simple, pratique, bon marché et adapté au commerce électronique.
Demain une mère de famille consultera son agenda, celui de son conjoint et celui de tous ses enfants sur la porte de son réfrigérateur reliée à leurs agendas respectifs et dotée d’une messagerie vocale. Demain les courses, les besoins de proximité seront satisfaits, et gérés à travers des terminaux de proximité locale, rendant la vie plus simple, plus conviviale, sans appréhension de la technologie : pouvoir bénéficier des services d’un concierge d’hôtel à son domicile, recherche, livraison, commande.
Simplifier la vie ?
À cette question « que puis-je faire pour vous, pour vous simplifier la vie ? » chaque terminal répondra, simplement. À l’aube de l’an 2000, le marché de la « simplification de la vie » est un gisement au potentiel insoupçonné !
« Les objets ont-ils une âme ? » titrait récemment un quotidien, vraisemblablement pas, mais ils vont s’animer de services les plus communs et les plus originaux, les plus sociaux et les plus ouverts, dans une relation individuelle nouvelle. Pouvoir à partir de son téléviseur, ou de son web-phone, ou de son téléphone cellulaire, ou de son réfrigérateur organiser ses déplacements, ses loisirs, programmer son arrivée dans telle autre maison, gérer ses paiements, ses actifs bancaires, ses droits et obligations, au niveau local, régional, voire international… en texte, voix, image, de chez soi, de son bureau ou de sa voiture, c’est réellement novateur.
Fondamentalement, toute l’activité de ces terminaux multimédias sera orientée vers les services et l’ingénierie d’intégration et non plus vers la technologie et l’informatique. Nous entrons dans l’ère du « content-ware », du « service-ware » après celle du « hardware » et du « software ». Ce n’est pas par les techniques que l’industrie remportera de nouveaux marchés, mais par l’adéquation services attrayants, prix et performance attractifs, tout simplement parce qu’en tant que consommateur vous allez y trouver un avantage certain.
Les objets les plus courants vont voir leur destinée marketing changée : ils seront sans doute donnés au consommateur en échange d’usage de services liés à l’objet, ou de syndication d’usages autour de la base de clients utilisant les mêmes services.
Un terminal multimédia, en raison du formidable potentiel économique qu’il génère dès lors qu’il est interactif sera offert au consommateur dans la plupart des cas. Une marque de téléviseur offrira, en association avec un opérateur télécom ou câble, un écran de télévision en échange de l’accès à un portail de services et de publicités locaux ; un distributeur alimentaire offrira à un foyer un réfrigérateur Internet en échange d’une fidélisation accrue voire exclusive de ses fournitures.
Une économie nouvelle est en train de se construire
C’est sur cette intuition que Netgem a créé un nouveau modèle de plate-forme de services, combinant très faible coût (terminal et exploitation), simplicité d’usage et utilisation exclusive des technologies ouvertes nées de l’Internet. Ces solutions permettent aujourd’hui à de nombreux opérateurs à travers l’Europe de prendre de solides parts de marché, dans une relation personnalisée et durable avec des consommateurs auxquels ils peuvent apporter à coût minime les nouveaux services de l’Internet.
Pouvoir choisir ses vacances, participer à des ventes aux enchères, acheter des actions ou des CD, recevoir la photo des petits-enfants sur un téléviseur… sont une réalité aujourd’hui pour les centaines de milliers de consommateurs européens clients de nos clients.
Big Brother ?
N’hésitons pas à envisager avec réalisme l’aspect éthique de tels déploiements. Les valorisations faramineuses des opérateurs de service Internet tiennent pour beaucoup sur la promesse d’une analyse toujours plus fine des attentes de chaque consommateur.
Les terminaux multimédias, de plus en plus omniprésents dans la vie de chacun à chaque minute, sont technologiquement capables d’en proposer « toujours plus » aux opérateurs selon cette analyse.
Faire en sorte que ceci ne nuise pas à la garantie des droits fondamentaux de l’individu, en termes de liberté, d’égalité d’usage et de protection du consommateur est aussi une composante de la réflexion qu’un acteur comme notre société doit considérer.
Jusqu’où le consommateur voudra-t-il d’un terminal/service répondant à la question qu’il n’a pas encore posée ?