Tezos, une blockchain décentralisée fondée sur la preuve d’enjeu
En 2018, Arthur Breitman (X02) a cofondé Tezos, qui est une plateforme évolutive de registres décentralisés pour le développement des contrats intelligents autour de la cryptomonnaie tez. La fondation Tezos est un organisme sans but lucratif qui coordonne les moyens de développement de cette infrastructure. En septembre 2020, sa capitalisation boursière atteignait 1,8 milliard de dollars, la plaçant au 15e rang des cryptomonnaies.
Quelle est l’activité de Tezos ?
Tezos est un réseau pair-à-pair décentralisé permettant les paiements en cryptomonnaie et le déploiement de contrats intelligents. Tout cela est rendu possible grâce à un logiciel open source permettant à tout le monde de participer à ce réseau. Tezos se distingue d’autres blockchains par son modèle de gouvernance, qui permet au logiciel d’évoluer en permanence, par sa faible consommation énergétique et par son attachement à la sécurité.
Quel est le parcours des fondateurs ?
Le projet Tezos a deux fondateurs, Arthur Breitman – moi-même – et Kathleen Breitman. Je suis X2002 et j’ai suivi un master en mathématiques financières à NYU entre 2005 et 2007. J’ai poursuivi une carrière dans la finance, en particulier le trading haute fréquence, entre des hedge funds et des banques (Goldman Sachs, Morgan Stanley). J’ai aussi travaillé en robotique sur les véhicules autonomes chez Waymo. Kathleen, Américaine née à New York, a obtenu un bachelor en philosophie de Cornell en 2013 et a poursuivi sa carrière chez Bridgewater, Accenture et R3, avant de se lancer dans Tezos.
Comment t’est venue l’idée ?
Tezos repose sur un constat : la gouvernance des projets open source par le fork ne s’adapte pas aux projets de blockchain, dont l’intérêt est précisément de fournir une version canonique d’une structure de données écrite de manière concurrentielle. À ce constat s’ajoute le fait que de nombreuses innovations, comme la preuve d’enjeu, sont venues après la création de nombreuses blockchains. Comment maintenir à la fois la décentralisation des projets et leur compétitivité technologique ? Tezos apporte une solution.
Qui sont les concurrents ?
Les principaux concurrents comme plateforme de contrats intelligents sont des réseaux comme Ethereum ou Solana. En termes de monnaie, Bitcoin est bien évidemment le concurrent le plus avancé.
Quelles ont été les étapes clés depuis la création ?
En août 2014, nous avons publié notre Position Paper. Puis, peu de temps après, nous avons pu mener une levée de fonds pour la fondation Tezos, qui est une entité à but non lucratif et qui finance de nombreuses activités dans l’écosystème. Enfin, en juillet 2017, nous avons démarré le lancement de la chaîne, opérationnelle en juin 2018.
Entre cryptomonnaies et blockchains, on a tendance à tout confondre (surtout si on a plus de 40 ans). Quelles sont les principales différences ?
Une blockchain est une structure de données qui permet de représenter un ledger (autrement dit un grand livre de comptes) par une série d’opérations pouvant être vérifiées de manière cryptographique. Autour de ces blockchains, on place en général un algorithme de consensus qui permet de maintenir une version canonique, faisant foi, du ledger. Cette construction permet la création de cryptomonnaies décentralisées. Au-delà de ces cryptomonnaies, les blockchains autorisent aussi la création de contrats intelligents qui permettent de répliquer des activités financières sans passer par des intermédiaires ou des tiers de confiance. C’est en un sens du séquestre automatique. Le concept de cryptomonnaie et celui de blockchain sont bien sémantiquement différents, mais il ne faut pas pour autant opposer les deux ; les cryptomonnaies restent à mon sens une des applications les plus importantes et fondamentales de cette technologie.
Et, finalement, quel concept survivra sur le long terme ?
Les deux. La motivation principale pour la blockchain est la création de cryptomonnaie décentralisée, et sans cryptomonnaie on ne peut pas non plus faire tourner de blockchain décentralisée. Les blockchains centralisées, qu’elles soient distribuées ou non, ont des coûts supérieurs et n’ont que des avantages limités par rapport aux solutions traditionnelles.
Les fluctuations un peu erratiques du cours du bitcoin n’ont-elles pas un impact sur la confiance qu’on accorde à ce type de technologie ?
Je pense qu’elles ont un impact sur la perception des cryptomonnaies, mais moins sur la technologie elle-même. Cela dit, je rejette l’idée, qu’on entend parfois en entreprise, de la blockchain comme une excellente technologie, mais « souillée » par les méchantes cryptomonnaies.
L’enjeu environnemental associé à la blockchain semble également une donnée critique ; la blockchain survivra-t-elle au réchauffement climatique ?
Tezos a été la première chaîne à utiliser un consensus construit sur la preuve d’enjeu avec une sécurité économique. La consommation d’énergie est minimale, comparable à l’utilisation de n’importe quel autre logiciel d’IT. C’est un modèle qui est suivi aujourd’hui par pratiquement toutes les blockchains, bien qu’encore récemment Ethereum ait utilisé la preuve de travail, très gourmande en énergie. Il ne reste que Bitcoin comme chaîne de premier plan utilisant la preuve de travail.
Pour finir, quand pourrons-nous utiliser les tez pour payer la cotisation à l’AX ?
C’est à l’AX de prendre cette décision, mais j’aiderai volontiers à l’intégration technique !