Thomas Pourbaix (2014) visionnaire du développement durable
Thomas Pourbaix est originaire de Saint-Omer, dans le Pas-de-Calais. Cette ville, d’une quinzaine de milliers d’habitants, est exemplaire d’un bon équilibre entre l’habitat urbain et son milieu. C’est un joyau d’architecture, avec des édifices religieux du XIIIe au XVe siècle. Elle est au centre de cultures maraîchères « à la japonaise », qui s’y trouvent depuis le Moyen Âge.
Une éthique de la vie
Thomas Pourbaix fait rayonner ces valeurs, qu’il a intégrées durablement en sa personnalité. Ainsi, il accomplit en 2017 un stage de plusieurs mois chez Maraîchage Sol Vivant. Il y étudia les flux de carbone et d’azote sur des lopins cultivés suivant les principes de la permaculture.
Cette dernière, créée dans les années soixante-dix en Australie par Bill Molisson et David Holmgren, vise à restituer à l’agriculture son caractère, peut-être originel, d’écosystème : « La permaculture est une forme d’éthique de vie qui consiste, dans toutes nos actions, à respecter trois principes : prendre soin de la terre, prendre soin des hommes et partager équitablement l’abondance générée par les deux premiers points (cercle vertueux, car à terme ce partage, quand il est bien pensé, a tendance à accroître l’abondance). Applications à l’agriculture, à la gestion de l’énergie, de l’eau, de l’habitat, de nos relations, etc. » Les lecteurs l’auront pressenti, Thomas Pourbaix est cette combinaison rare, un visionnaire aussi homme du concret.
Un début de parcours difficile
Mais d’abord un mot de son parcours. Il fit sa prépa, aux débuts difficiles, à Ginette : « En fin de première sup, je commençais à saisir les choses en profondeur et à prendre beaucoup de plaisir à cela. Ce plaisir de “sentir les phénomènes physiques” ne m’a pas quitté depuis et c’est probablement une des choses qui m’a permis d’avoir de bons résultats académiques tout au long de mon parcours. »
Le service national, une fois admis à l’École ? Un mauvais souvenir. Manifestement, une erreur d’orientation de la part de Thomas : « J’ai rejoint le centre d’études du Bouchet à Vert-le-Petit (DGA) fin octobre 2014. Un centre chargé d’étudier le risque NRBC. J’y suis resté jusqu’à mars 2015. Pour résumer cela, disons simplement que j’y ai passé un moment exécrable. J’ai eu le sentiment de travailler sur un sujet purement fictif pendant quatre longs mois, et j’ai passé une grande partie de mon quotidien aux côtés d’un tuteur de stage avec qui je m’entendais très mal. »
L’épanouissement à l’École
Puis ce fut Palaiseau, le platâl et la scolarité à l’École, qui lui laissent d’excellents souvenirs, surtout associés à ses goûts personnels : les cours d’anglais, liés au théâtre de langue anglaise de Declan McCavana et à l’humour anglais, de Stephen Brown ; ainsi que le cours de gravure de Michel Ziegler, « un havre de paix ». Parmi les enseignements fondamentaux, les cours de biologie surtout, car il se passionne pour l’étude du vivant, sous toutes ses formes. Le sport qu’il choisit fut le raid, qu’il affectionne pour la familiarité qu’on y acquiert avec le terrain, réadéquation vécue intensément de l’homme au milieu naturel.
“Concilier pragmatisme et idéalisme réformiste.”
Il revint au Plateau de Saclay pour son premier emploi. Air Liquide établit en effet en 2018 son centre de recherche et développement aux Loges-en-Josas. Les Loges sont voisines de Jouy, connue pour la fameuse toile imprimée décorative dont Oberkampf commença la production au dix-huitième siècle. Ce centre de R & D, voisin de HEC, accueille 350 chercheurs. Pourbaix y trouva un poste dans l’étude de la transition écologique – secteur privilégié des deux côtés, par lui et par son employeur. « Je travaille sur des échangeurs thermiques en aluminium à plaques et ailettes brasées. C’est très appliqué et orienté industrie. Je joue dans l’univers de la mécanique des fluides et des transferts thermiques pour tenter de grappiller, avec l’aide de mes collègues, quelques points de rendement sur de nouveaux échangeurs thermiques qui pourront être utilisés dans les usines de séparation des gaz de l’air ou de liquéfaction de gaz naturel du groupe. Ces usines consomment respectivement beaucoup d’électricité et de gaz naturel pour entretenir un cycle de réfrigération qui fait descendre l’air (ou le gaz naturel) à ‑180°C ‑160°C. »
Il participe ainsi aux tout premiers travaux de ce centre important et très moderne de R & D. Et c’est ainsi qu’il concilie pragmatisme et idéalisme réformiste.