To deal or not to deal ?
Voilà bien la question qui occupe les esprits en cette fin d’année, alors que nous mettons la dernière main à ce numéro qui vous apportera la deuxième partie de notre dossier consacré à l’Europe après le Brexit. Car, c’est certain, deal ou pas, le Brexit aura bien été consommé lorsque vous lirez ces lignes.
Alors, quelle aura été l’issue de la tempête diplomatique que souffle depuis de longs mois le gouvernement britannique ? Beaucoup de bruit pour rien, finalement, et donc tout est bien qui finit bien ? Ou au contraire peines d’amour définitivement perdues entre l’Europe et l’Angleterre : aimer cette nation et se taire devant l’inconséquence de ses dirigeants. Certes, tous ne peuvent pas être des maîtres, mais les maîtres ne peuvent pas tous être suivis en vérité ! Quoi qu’il en soit, la plus extrême confusion aura régné dans ce processus, tant le beau y fut laid et le laid, beau. À ce propos, nous manquera à jamais l’inénarrable speaker John Bercow aux cravates improbables, grand prêtre des liturgies étranges dont la chambre basse de Westminster nous a gratifiés : songes de nuits d’été au bord de la Tamise, où l’on discutait à l’infini de rien ou au contraire pleines de bruit et de fureur.
“La plus extrême confusion
aura régné dans ce processus.”
Face à cette résurgence du baroque shakespearien en politique, l’Europe a donné dans le classicisme. Son négociateur, Michel Barnier, aura fait preuve de mesure, de patience et de fermeté, certains diront d’obstination : on n’en attendait pas moins d’un Savoyard. À qui sait bien négocier, il n’est rien d’impossible ! Il aura été, jusqu’au bout, aussi audacieux qu’il était utile, ne craignant rien quand il y avait tout à craindre ; et aussi prudent qu’il était nécessaire, conscient que le trop de confiance attire le danger.
Gageons que, quelle qu’aura été l’issue de ces derniers jours de négociation, une nouvelle entente cordiale ne tardera pas à se renouer : le temps est un grand maître, il règle bien des choses.
Commentaire
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Ce Brexit est une décision historique, dans laquelle la prospective n’a pas eu sa place. En effet, les argumentations ont été confinées dans un nationalisme étroit, complété par un économisme (les quotas de pêche…) encore plus étroit, et l’on peut se demander si la logique de la position britannique est bien celle du 21ème siècle, ou si elle s’inspire d’un nationalisme archaïque digne de la guerre de cent ans, complété par une revendication économique digne de Mme. Thatcher. Au 21ème siècle, tous les citoyens du monde, reliés par Internet, font partie de la même communauté, et font face aux mêmes problèmes planétaires : la montée des eaux et le changement climatique, l’épuisement des ressources minérales et énerggétiques que prévoyait déjà la Club de Rome en 1970, enfin la surpopulation de la planète, menaçant la survie de centaines de millions d’humains et de milliers d’espèces animales.
Pour le moment, je ne vois rien dans le Brexit et les autres décisions de même nature qui puisse apporter le monde début de réponse à ces questions.