Total : engagés au cœur du continent africain
Henri-Max Ndong Nzue (85), secrétaire général et directeur Amériques de la branche Marketing & Services du groupe Total nous rappelle le positionnement du groupe, ses projets emblématiques et ses principaux défis dans les pays d’Afrique.
Total est présent en Afrique depuis près de 90 ans. Pouvez-vous nous rappeler le positionnement de Total sur les marchés africains ?
En effet, Total et l’Afrique c’est une longue histoire qui remonte aux années 1920 avec l’installation dans la distribution de produits pétroliers au Maroc (1926) et les premières recherches pétrolières au Gabon (1928). Aujourd’hui, nous occupons une position de major leader de l’énergie en Afrique avec une présence dans plus de 40 pays.
Dans l’amont, en 2019, l’Afrique représente 28 % de la production d’hydrocarbures du Groupe avec 0,7 à 0,8 Mbep/jour et 28 % du budget d’exploration. Nous sommes leaders en Afrique subsaharienne dans le gaz naturel liquéfié (GNL) avec nos positions dans Nigeria LNG (22 Mt/an en 100 %), Angola LNG (5 Mt/an en 100 %).
Dans l’aval distribution, toujours en 2019, nous avons accueilli près de 4 millions de clients par jour dans le premier réseau d’Afrique avec plus de 4 700 stations-service qui sont de véritables « lieux de vie » au sein desquels nous proposons une large gamme de produits et services.
« Nous élargissons notre offre notamment sur les énergies bas carbone. »
Au-delà, nous élargissons notre offre notamment sur les énergies bas carbone pour prendre en compte les enjeux liés au changement climatique. Nous disposons actuellement de cinq fermes solaires en exploitation en Égypte (Benban, deux fermes de 63 MWc), au Burkina Faso (Essakane, 15 MWc), en Ouganda (Soroti, 10 MWc) et en Afrique du Sud (Prieska, 86 MWc).
Enfin, Total, acteur responsable est résolument engagé dans un développement durable en Afrique.
À fin 2019, nous avions plus de 10 000 collaborateurs sur le continent, soit près de 10 % des effectifs du Groupe. Nous travaillons à la promotion de la diversité : nous avons 12 femmes directrices générales de filiales, près de 60 % des directeurs généraux sont non-Français et enfin, 70 % de locaux et 25 % de femmes sont représentés dans les comités directeurs. Nous avons lancé plusieurs initiatives pour promouvoir le développement local : « Jeunes gérants », « Young Graduate », « High Flyers » et « Challenge Startupper de l’année par Total ». Et enfin, avec l’aide de la Fondation Total, nous nous engageons en matière RSE, notamment sur les thèmes de l’éducation et de l’insertion des jeunes, de la sécurité routière, de la préservation des forêts et de la protection de la biodiversité.
Quels sont les projets emblématiques que Total a menés en Afrique ?
Dans l’amont, les réalisations du Groupe sont nombreuses avec une succession de découvertes et mises en production, à terre et en mer conventionnelle, entre 1950 et 1980 au Gabon, au Congo, en Angola et au Nigeria. Puis le début des années 1990 a vu les premiers développements en mer profonde et très profonde avec notamment les champs de Moho (2008) au Congo, de Girassol (2001) et Dalia (2006) en Angola, et enfin d’Akpo (2009) au Nigeria. Ces projets ont valu à Total un certain nombre de distinctions.
On pourrait citer : OTC Award en 2003 pour la première barge flottante de production et stockage (FPSO) sur Girassol, celle concernant Akpo en 2009 pour le premier FPSO tout électrique, l’IPTC Award en 2015 sur CLOV en Angola pour l’utilisation de pompes multiphasiques sous-marines et plus récemment, le prix décerné au projet Egina (2018) pour le développement d’un concept permettant de prévenir la formation de bouchons à la base des tuyaux de remontée des fluides en surface.
« Dans la transition énergétique, le gaz va jouer un rôle majeur. »
On peut également rappeler la construction d’usines de liquéfaction de gaz au Nigeria et en Angola. Dans la transition énergétique, le gaz va jouer un rôle majeur. Les ventes de gaz naturel liquéfié du Groupe atteindront 50 Mt/an d’ici 2025 et doubleront entre 2020 et 2030.
L’Afrique contribuera à cette ambition avec le train 7 de Nigeria LNG (7,6 Mt/an en 100 %) et le développement de Mozambique LNG (12,9 Mt/an en 100 %).
Au niveau de l’aval distribution, on peut rappeler une forte contribution au développement des populations (120 000 emplois indirects), le programme « Jeunes gérants » qui a permis depuis la fin des années 1960 à des dizaines de milliers de jeunes Africaines et Africains recrutés comme pompistes de devenir gérants de stations-service, le « Challenge startupper de l’année par Total » pour stimuler l’entreprenariat auprès des moins de 35 ans et qui a vu la participation de plus de 29 000 jeunes lors de la 2e édition lancée en 2018, la distribution de lampes solaires (12 millions de personnes impactées à ce jour) et enfin, le relèvement des standards de sécurité en matière de transport de produits pétroliers, sans oublier la solarisation de nos stations-service, le tout contribuant à notre fort ancrage local partout où nous sommes présents.
Aujourd’hui, quelles sont les perspectives pour le continent africain ? Quel rôle peut-il jouer dans la transition environnementale et énergétique ?
La problématique de la transition énergétique en Afrique est différente de celle des pays développés. En effet, axée sur la réduction des émissions de CO2 dans les pays développés (en Europe par exemple), elle se traduit en revanche avant tout par le défi de l’accès à l’énergie en Afrique.
Aujourd’hui, l’Afrique représente tout juste 3 % de la demande mondiale en électricité, pour 17 % de la population. Les énergies fossiles et la biomasse traditionnelle sont les énergies dominantes et représentaient respectivement 51 % et 46 % de la demande totale sur le continent en 2018.
Selon le scénario « Momentum » de Total, la demande d’électricité en Afrique devrait croître de près de 4 % par an d’ici 2050, soit quasiment deux fois plus rapidement que la croissance mondiale.
“La problématique de la transition énergétique en Afrique est différente de celle des pays développés.”
Le gaz et les énergies renouvelables sont les principaux contributeurs à cette croissance et seront les principales sources de génération d’électricité dans le futur :
le gaz naturel se maintiendra autour de 40 % de la génération électrique d’ici 2050 ;
la part des énergies renouvelables en revanche augmentera très significativement, de 20 % environ aujourd’hui, à près de 50 % de la génération électrique en 2050.
Grâce aux contributions des énergies bas-carbone à la croissance de l’approvisionnement énergétique en Afrique, les émissions de CO2 par habitant (liées à la combustion d’énergies fossiles) restent contenues à horizon 2050, autour de 1 tCO2 par personne dans le scénario Momentum (contre environ 6 tCO2 par habitant en Europe aujourd’hui).
Le groupe Total a d’ailleurs réaffirmé ces engagements en faveur de la Transition Énergétique. Pouvez-vous nous en dire plus ?
En mai dernier, Monsieur Patrick Pouyanné, président directeur général de Total, a annoncé notre ambition d’atteindre la neutralité carbone (Net Zero) à horizon 2050, en phase avec la société, pour l’ensemble de nos activités mondiales, depuis la production jusqu’à l’utilisation par nos clients des produits vendus.
Cette ambition est soutenue par la stratégie de Total de devenir un groupe multi-énergies, avec du pétrole et du gaz, des solutions de neutralité carbone, et de l’électricité bas-carbone. À partir de 2021, cela passe par un effort d’investissement de plus de 2 milliards de dollars chaque année dans l’électricité bas-carbone, ce qui représente plus de 15 % de nos investissements. Nous visons une capacité brute de génération électrique bas-carbone de 35 GW en 2025.
Depuis 2015, nous déployons cette stratégie et avons déjà obtenu des résultats concrets. Total est ainsi le leader parmi les majors pétrolières en matière de réduction de l’intensité carbone moyenne des produits énergétiques vendus (scope 3) avec une baisse de 6 % réalisée entre 2015 et 2019.
Quels sont néanmoins les enjeux qui persistent ?
En 2040, nous serons 9 milliards d’habitants. Aujourd’hui encore, 1,3 milliard de personnes sont en situation de précarité énergétique. L’enjeu pour notre groupe est de fournir une énergie au meilleur coût, disponible à tous, et dans le respect des meilleurs standards de sécurité et d’environnement. La mobilisation de la société civile et des jeunes générations dans le combat contre le réchauffement climatique est nécessaire, mais la transition énergétique, pour qu’elle s’opère dans le respect des populations, prendra du temps.
L’un des plus grands défis de la transition énergétique sera de décarboner les économies tout en proposant au consommateur une énergie accessible.