Tour du monde à vélo
Épisode 2 : la route de la soie à travers les républiques en ‑stan
Nous retrouvons les aventures cyclistes et initiatiques d’Anne-Flore (2007) et Martin Perrin (2007), dans les anciennes républiques de l’Union soviétique : Turkménistan, Ouzbékistan, Tadjikistan, Kirghizistan et Kazakhstan.
Épisode 1 : de la Turquie à l’Iran
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Après l’Iran, nous entrons au Turkménistan. Nous avons la chance d’avoir obtenu le visa de transit de 5 jours, accordé à environ un voyageur sur deux.
Après avoir passé 3 heures à la douane, nos sacoches fouillées de fond en comble, nous avons 5 jours (enfin 4 et demi maintenant, il est déjà midi !) et pas un de plus pour traverser 500 km de désert.
Nous gardons du Turkménistan des souvenirs étranges : les litres d’eau comptés entre les ravitaillements parfois distants de plus de 70 km, les hommes et les femmes qui balayent les routes presque vides, ces bâtiments flambant neufs et très dorés (!), cette chaleur et ce vent de face qui nous accablent et ces cafés parfois climatisés en bord de route, véritables petites oasis pour cyclistes où nous faisons la sieste pour éviter le soleil de plomb.
EN OUZBÉKISTAN, DES ROUTES ET DES ARAIGNÉES MYTHIQUES
C’est avec soulagement tout de même que nous entrons en Ouzbékistan. Cette fois, seule notre trousse à pharmacie est examinée consciencieusement par les douaniers. Nous arrivons le lendemain à Boukhara, et notre arrivée à vélo dans le centre historique avec ses murs de briques et ses toitures turquoise nous laisse un souvenir fort.
La route que nous empruntons en Ouzbékistan est terriblement plate, mais notre motivation est forte, le prochain pays sur notre route est le Tadjikistan. Nous y emprunterons la Pamir highway « M41 » aménagée par les Soviétiques à la fin du XIXe siècle, qui tente de se frayer un chemin au cœur de la chaîne de montagnes du Pamir pour relier les principales villes de cette région d’Asie centrale.
C’est une route mythique pour les cyclistes, avec des cols à plus de 4 000 m. Nous choisissons pour notre dernière nuit en Ouzbékistan une bergerie abandonnée pour lieu de bivouac, et nous nous apercevons trop tard, à la fin du repas, que s’y trouve également un nid de camel spiders (araignées aussi inoffensives qu’impressionnantes) !
De quoi nous motiver encore plus pour partir rapidement le lendemain matin.
ÇA SE CORSE AU TADJIKISTAN
À Douchanbé, la capitale tadjike, nous nous préparons pour le Pamir. Dans notre auberge, il y a de nombreux cyclistes qui ont fait la route dans l’autre sens. Des questions, on en a beaucoup : à quels endroits peut-on se ravitailler en nourriture ? Et l’altitude ? Vous n’avez pas été trop malades ? À telle bifurcation, vous avez choisi quelle route et pourquoi ?
Puis le jour du départ arrive, et c’est avec six autres cyclistes que nous prenons la route. Et finalement, nous allons passer un mois entier ensemble sur les routes tadjikes et kirghizes.
Nous avons adoré rouler à plusieurs, car, dans ce cadre difficile, la logistique en a été facilitée mais surtout, nous nous sommes beaucoup soutenus. Le Tadjikistan a été dur physiquement car, à l’altitude et aux pistes sableuses, s’ajoutent des conditions sanitaires mauvaises.
Même en faisant très attention, nous avons tous été malades et il est quasi impossible de trouver de la nourriture correcte (Snickers, pâtes collantes, pain rassis et ketchup ont constitué notre régime pendant ces quelques semaines).
À notre arrivée au Kirghizistan, nous avions tous perdu quelques kilos. Mais le Tadjikistan nous a émerveillés et reste un des moments les plus forts de notre périple. La difficulté a contribué à rendre cette expérience encore plus mémorable. Sur le plateau, à 4 000 m, règne un silence incroyable et nous avions vraiment le sentiment d’être coupés du monde.
Nous roulons dans des paysages lunaires et, le soir, le ciel nous réservait un véritable spectacle.
ENFIN LA PLUIE AU KIRGHIZISTAN
Un dernier col avec un fort vent de face et nous passons la frontière sans encombre pour arriver au Kirghizistan. Le changement de paysage est aussi surprenant qu’à notre arrivée en Iran depuis l’Arménie. En quelques kilomètres, nous passons d’un paysage minéral à une vallée verte et ses yourtes fumantes.
Nous sommes d’ailleurs accueillis par une pluie de grêlons. Nous n’avions pas vu la pluie depuis de longs mois !
En quelques jours nous sommes à Och, qui nous semble un véritable éden culinaire, et pourtant, on reste en Asie centrale avec un choix limité dans les magasins.
C’est à Och que notre fine équipe de cyclistes se sépare et nous espérons tous nous revoir pour des week-ends en Europe. Rouler pendant un mois ensemble forge une vraie amitié.
ROUTES DÉSERTES ET PAYSAGES SPLENDIDES
Les jours suivants, nous ressentons un certain vide et devons nous réhabituer à rouler à deux. Le Kirghizistan, comme le Tadjikistan, est idéal pour nous qui aimons rouler sur des pistes presque désertes immergées dans la nature.
Le Tadjikistan a été dur physiquement car, à l’altitude et aux pistes sableuses s’ajoutent des conditions sanitaires mauvaises.
Le soir, il est très facile de trouver un bivouac au calme. Les points de ravitaillement sont assez espacés et nous roulons avec 2⁄3 jours de nourriture avec nous, ce qui nous donne un grand sentiment de liberté. Après plusieurs cols assez exigeants, nous arrivons au somptueux lac Song Kul, avec ses chevaux, ses yourtes éparses et ses pistes, un moment qui restera gravé dans notre mémoire.
Nous passons ensuite quelques jours à Bichkek pour organiser la suite de notre voyage. Et après une petite semaine au Kazakhstan, nous nous apprêtons à franchir la frontière vers l’Empire du Milieu, et la Chine va énormément nous intéresser et nous surprendre.
CONSTAMMENT ÉTRANGERS
Ces premiers mois de voyage ont été denses et riches : tant de cultures différentes traversées, de rencontres. Sur nos vélos, nous sommes constamment les étrangers, habillés différemment, avec des visages différents, des habitudes différentes et cette remise en perspective est riche en apprentissages.
À suivre…
2 Commentaires
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Imprécision historique sans importance…
chers Anne-Flore et Martin,
Un grand bravo pour votre magnifique aventure que je découvre avec envie et admiration, car je serais bien incapable d’une telle prouesse physique !
Toutefois, vous indiquez :
« Nous y emprunterons la Pamir highway « M41 » aménagée par les Soviétiques à la fin du XIXe siècle, … »
Ceci est une contre-vérité historique puisque l’Union soviétique (1922 – 1991) n’existait pas au XIX siècle… En revanche, cette route a bien été construite sous l’ére soviétique, mais de 1931 à 1934.
Bonne continuation pour votre voyage, ou bonne reprise !
Philippe Genoux (76)
Pamir highway
Merci Philippe pour ton commentaire, tu as bien raison.
Est ce que tu sais si elle n’a pas été commencée pendant le grand jeu par les russes pour aider aux manœuvres de troupes dans la région ?
Cordialement