Tour du monde à vélo
Épisode 5 : La Nouvelle- Zélande, plus à l’Est, retour vers l’Occident
Nous retrouvons les aventures cyclistes et initiatiques d’Anne-Flore (2007) et Martin Perrin (2007) en Nouvelle-Zélande.
Épisode 1 : de la Turquie à l’Iran
Épisode 2 : les républiques en ‑stan
Épisode 3 : De l’Empire du milieu au Tibet historique
Épisode 4 : Laos, Thaïlande, Malaisie
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Après 3 avions, et deux jours de voyage, nous arrivons à Nelson sur l’île du Sud de la Nouvelle-Zélande. Dans quelques jours, c’est Noël. Pendant les premières heures, nous avons l’impression d’avoir mis les pieds sur une nouvelle planète. Pendant plus de huit mois, nous nous sommes déplacés majoritairement en vélo avec quelques sections en train. Les évolutions de paysages, cultures et météo étaient progressives. Notre arrivée en Nouvelle-Zélande en avion bouscule nos repères : nous avons quitté la chaude moiteur de Malaisie pour un air sec et frais, nous retrouvons des produits occidentaux au supermarché et dans la rue, nous croisons principalement des Blancs.
Nostalgie d’exotisme
Il nous faut quelques jours pour nous habituer à ce nouvel environnement. Les voitures ne font pas spécialement attention aux vélos et nous suscitons moins la curiosité. Nous pouvons d’un côté parler anglais avec les gens que nous rencontrons ce qui enrichit les échanges mais d’un autre côté nous échangeons avec moins de personnes.
Découverte des « Kiwis » au volant
La Nouvelle-Zélande a une superficie environ 2 fois plus faible que la France métropolitaine pour 4,7 millions d’habitants dont 1 million seulement sur l’île du Sud. Les infrastructures sont donc moins développées qu’en France. Le réseau routier est peu dense sur l’île du Sud, avec beaucoup de routes à 2 fois une voie, pas de bas-côtés mais une limitation de vitesse à 110 km/h. Rouler sur ce type de route nous a valu quelques frayeurs, d’autant que pas mal de « Kiwis » considèrent que la route appartient aux voitures. Paradoxalement, nous nous sommes sentis moins en sécurité sur les routes néo-zélandaises que dans tous les pays de la route de la soie, où les automobilistes sont habitués à circuler avec des véhicules aux vitesses très différentes, de la carriole tirée par un âne au camion ! Le tourisme a aussi explosé ces dernières années avec 3,5 millions de touristes étrangers en 2016. Heureusement la Nouvelle-Zélande a développé un réseau de pistes VTT qui nous ont permis de sillonner l’île du Sud en évitant au maximum les routes. Nous gardons par contre un mauvais souvenir des quelques tronçons de State Highway que nous avons parcourus avec leur défilé de vans et camping-cars, et les Kiwis fous du volant… !
À la recherche de l’aventure
Nous avons fêté Noël sur la Molesworth Road, piste qui traverse la plus grande ferme du pays, qu’on met trois jours et demi à parcourir ! Contrairement à d’habitude, notre itinéraire chez les Kiwis ne consiste pas à relier deux pays, mais à trouver les plus belles routes et pistes que le pays peut nous offrir. On fera donc une belle boucle sur l’île du Sud, ponctuée de détours pour chercher le calme. Après la Molesworth, on enchaîne ensuite sur la Rainbow Road. Ces deux pistes ont un dénivelé important et subissent les caprices de la nature (éboulement, crues, etc.) et les Kiwis y vont généralement avec leurs VTT non chargés. Nos vélos sans suspension en acier et nos sacoches nous ont valu quelques regards étonnés de la part des sportifs locaux, plutôt équipés en bikepacking nouvelle tendance venant des USA où des sacoches compactes sont accrochées directement sur le cadre permettant de rouler plus légers sur les pistes caillouteuses. Les paysages sur ces pistes étaient grandioses, mais il nous manquait un sentiment d’aventure car en Nouvelle-Zélande tout est très (trop ?) bien balisé !
Chemins de traverse dans la forêt tropicale menant au glacier Franz Josef.
Magie des Tropiques et tabou maori
Dans un tout autre style, nous avons adoré le Wilderness Trail sur la côte ouest de l’île. La Nouvelle-Zélande a quelque chose de magique : en quelques kilomètres seulement, le climat change du tout au tout. On passe de pistes arides, à une ambiance tropicale avec quelques degrés en moins. La forêt humide bien préservée réserve des moments de pédalage mémorables, avec les rayons de soleil filtrés à travers les arbres. Sur la côte ouest, nous avons tout de même été surpris de voir plusieurs drapeaux confédérés. La marginalisation des Maoris est un sujet encore tabou, et lorsque nous l’avons abordé avec les familles que nous avons rencontrées, nous avons toujours senti une certaine gêne.
Petite pause avec nos copines bien curieuses :
elles accourent de tout le champ pour venir nous voir !
Des vaches qui nous font rire
Après la côte ouest, nous découvrons les grandes plaines agricoles du sud. Après discussion avec des fermiers, nous apprenons que l’économie de la Nouvelle-Zélande est très dépendante de l’export de la viande de mouton et de vache : 20 millions de moutons par an sont exportés vers la Chine et vers l’Europe. Nous passons donc de longues journées à longer les champs, à parler aux vaches et aux moutons. Nous rigolons beaucoup car lorsque les vaches nous voient passer à vélo, elles se mettent à courir pour nous suivre. Nous avons eu l’explication, ce n’est pas parce que nous leur disons des mots doux, mais tout simplement que les fermiers les nourrissent à la main, du coup elles ne se montrent pas très farouches avec les passants !
Variété des climats en un tour de roue
Le climat de la Nouvelle-Zélande nous a réservé quelques semaines bien pluvieuses à l’ouest de l’île du Sud, mais aussi dans le sud au niveau des Catlins. Cela a été vite oublié dès que nous avons rejoint le centre de l’île, où les pistes comme le Clutha Gold Trail sillonnent des vallées arides en passant dans d’anciens villages de chercheurs d’or. Les paysages ont changé rapidement : en une cinquantaine de kilomètres, nous passons de la côte humide du sud à l’aridité.
Ascension du Haast Pass, col très humide de la côte ouest.
À contre-courant et entre parenthèses
Avant de rejoindre Christchurch, nous avons roulé sur le trail Alps to Ocean, mais dans le sens Ocean to Alps avec de belles montées. Nous avons une nouvelle fois suscité la surprise des Kiwis qui y roulaient en sens inverse. Nous préférons gravir les montagnes que les descendre !
Nous avons passé sept semaines sur l’île du Sud de la Nouvelle-Zélande qui ont été comme une parenthèse dans le voyage. Avec une culture très occidentale, c’était moins dépaysant que d’autres pays mais aussi très confortable. Nous avons pu presque tous les jours nous baigner dans la mer, les lacs ou les rivières. La présence de nombreux trails est un des aspects que nous avons le plus apprécié là-bas.
Lac Pukaki : eau bleu turquoise du glacier Mont Cook.
Prochain épisode : les pays du matin calme et du Soleil levant…