Tour du monde à vélo
Épisode 6 : Derniers tours de roues en Corée et au Japon
Épisode 1 : de la Turquie à l’Iran
Épisode 2 : les républiques en ‑stan
Épisode 3 : De l’Empire du milieu au Tibet historique
Épisode 4 : Laos, Thaïlande, Malaisie
Épisode 5 : La Nouvelle- Zélande, plus à l’Est, retour vers l’Occident
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Début février 2018, Christchurch, Nouvelle-Zélande. Nous savourons nos derniers moments d’été en t‑shirt en train de déguster une petite bière locale au soleil et en partageant un burger maison avec nos hôtes. Une page se tourne. Lorsque notre Boeing 777 décolle de la piste de Christchurch, nous ressentons une grosse excitation de bientôt retrouver l’Asie.
Han-guk, le bien nommé pays du matin frais
À notre arrivée à Séoul, l’aéroport est décoré pour l’arrivée des athlètes des JO d’hiver. Mais après un high five avec les deux mascottes des JO et JO paralympiques nous sommes rapidement refroidis par la météo. En effet, une vague de froid s’abat sur la Corée et il fait ‑12 °C à Séoul.
Heureusement Victor, le meilleur ami de Martin, nous rejoint dans quelques jours pour rouler avec nous en Corée. Il nous rapporte quelques affaires chaudes supplémentaires, et du fromage, quel régal ! Mais avant, nous retrouvons des Coréens que nous avions hébergés à Paris lorsqu’ils avaient fait leur tour d’Europe à vélo. Ils nous font découvrir le barbecue coréen, les alcools de riz (makgeolli) et le kimchi, fameux chou fermenté épicé coréen.
Camping sauvage avec Victor, le long d’une des nombreuses voies vélos du pays.
Il fait très froid en Corée, cette nuit il fera ‑15 °C !
Au sauna pour suivre les JO d’hiver
Avec Victor, nous profitons des pistes cyclables qui sillonnent le pays. Après une première nuit à ‑15 °C sous la tente, Anne-Flore a de la fièvre et nous passons quelques jours dans un jimjilbang, sauna coréen où il y a aussi des salles communes pour dormir. Cette expérience nous a permis une rapide immersion dans la culture coréenne. Tout le monde se rend au jimjilbang : les jeunes entre amis, les familles, les personnes âgées, et à toute heure de la nuit. Et pourquoi ne pas passer la fin de soirée aux alentours de 3 heures du matin au sauna entre amis nous direz-vous ? En groupe (hommes et femmes séparés), les gens se frottent le dos, papotent dans les bains chauds et les saunas. Ce sont les JO en ce moment, et la télévision coréenne passe en boucle les exploits de leurs patineurs de vitesse – discipline phare en Corée. On vibre donc dans les saunas, dans les vestiaires, dans les épiceries et chez nos hôtes au rythme de l’équipe nationale de patinage. Un autre sujet passionne les Coréens en ce moment : le déplacement de la délégation nord-coréenne et le « réchauffement » entre les deux pays qui semble diviser la population… Reportages, et interviews en boucle sur le sujet entre les directs.
Puissance économique du dragon et chaleur de l’accueil
Ayant repris des forces, nous nous dirigeons vers le sud, toujours sur une piste cyclable, au calme, le long de la rivière. Dans les villes coréennes, les constructions ultramodernes prédominent. Il n’est pas rare pour les empires LG ou Samsung de raser un quartier entier pour y construire ensuite de grands immeubles austères. Nous apprenons en effet, qu’ils ne produisent pas que des smartphones. Ici en Corée, ce sont des énormes consortiums. Nous n’aurons donc pas de coup de cœur architectural en Corée, et les paysages gris de l’hiver rendent l’atmosphère très mélancolique. Nous serons par contre marqués par la gentillesse des gens, par l’influence de la culture américaine et par la simplicité qu’ont les gens à venir échanger avec nous. Ce qui sera d’autant plus marquant avec le contraste des prochaines semaines au Japon…
Amoureux du Japon
La grande ville portuaire de Busan sera notre terminus en Corée. Nous y prenons un ferry pour Fukuoka, sur l’île de Kyushu au Japon. Là, nous entrons dans un nouveau monde. Nous roulons à nouveau à gauche et découvrons la culture japonaise. Chaque coin de rue a un charme fou et les temples en bois sont superbes. Tout est délicat et pensé dans le moindre détail. Nous tombons amoureux rapidement…
Très vite dans le bain
Nous avons beaucoup de chance car les conditions climatiques un peu délicates sur l’île de Kyushu nous ont permis de rencontrer plusieurs familles japonaises qui nous accueillent chez elles. À chaque fois, nous apprenons beaucoup sur la culture japonaise. Celle du bain par exemple. Au Japon, nos hôtes nous proposent dès notre arrivée chez eux de prendre un bain. Dans la salle d’eau, une douche et une baignoire. L’eau du bain est gardée plusieurs jours, utilisée par toute la famille qui prend une douche avant de profiter du bain.
Nous découvrons aussi le petit-déjeuner japonais avec la soupe miso, le riz et le poisson, idéal pour les cyclistes. Les Japonais nous étonnent par leur accueil. On nous les avait décrits froids et réservés, alors qu’une fois passé le pas de la porte, nous avons l’impression de faire partie de la famille. Google translate fonctionne assez bien entre anglais et japonais, et nous arrivons toujours à échanger avec nos hôtes, même s’ils ne parlent pas anglais. Nous rencontrons des familles de pêcheurs, d’agriculteurs. C’est ça aussi le voyage à vélo, rencontrer des personnes que nous ne rencontrerions jamais dans notre vie quotidienne.
Quand nous sommes invités, nous essayons toujours de donner un coup de main.
Ce soir, c’est séance biberon pour les deux jumeaux affamés.
Bienfaisante hospitalité nippone
Après l’île de Kyushu, nous passons sur l’île de Shikoku, célèbre pour ses temples et pèlerinages. Le Japon n’a pas fini de nous surprendre. Des automobilistes s’arrêtent pour nous offrir du thé glacé et des sucreries ; un vieux monsieur croisé en montagne fait un aller-retour en scooter pour aller nous chercher des cafés et nous les offre avec un grand sourire ; sur un parking un monsieur nous ouvre grand son coffre pour que nous choisissions une bouteille de rouge en apprenant que nous sommes français. Nous n’avons jamais l’impression d’être transparents, comme en Nouvelle-Zélande où nous pouvions nous sentir seuls dans les moments difficiles. Au Japon, s’il pleut, les gens nous font de grands sourires, nous demandent comment nous allons et ce qu’ils pourraient faire pour nous.
Le temps des sakura
C’est aussi le début du printemps et les cerisiers en fleurs font leur apparition. Les Japonais en sont fous et sont adeptes des séances de selfie au milieu des cerisiers : les fameux sakura. On a de la chance, on roule vers le nord à la même vitesse que les sakura en fleurs.
Nous passons sur l’île principale de Honshu. Dans les grandes villes et les zones très urbanisées, nous n’avons malheureusement pas les mêmes contacts avec les Japonais mais nous découvrons de magnifiques temples comme à Nara, ou Kyoto. Kyoto et ses temples à la période des cerisiers en fleurs resteront gravés dans nos mémoires. Nous avons l’impression d’être dans une carte postale, dans le Japon rêvé, tant l’architecture est parfaite dans les moindres détails.
Le Kinkaku-ji, temple impérial à Kyoto.
Entraide et nouilles chaudes contre neige et pluie
Les montagnes nous manquent, nous voulons ensuite rouler dans les Alpes japonaises plus au nord, mais nous nous trouvons face à de nombreux cols fermés en ce mois d’avril où il fait encore froid en altitude. Nous avons du mal à avoir les renseignements en amont, car souvent les gens préfèrent nous donner de fausses indications que de ne pas nous en donner du tout. Les changements d’itinéraire sont fréquents. Neige et pluie sont au rendez-vous. Mais comme souvent pendant ce voyage, ces conditions plus difficiles sont prétextes à de belles rencontres humaines, et nous passons de très agréables moments dans des familles qui nous ouvrent chaleureusement leurs portes, ou chez Masa qui a voyagé six ans à travers le monde en moto, et qui est venu naturellement vers nous sur un parking de supermarché pour nous proposer de nous accueillir chez lui. Au Japon, nous avons passé beaucoup de temps sur les parkings de supermarché à manger nos nouilles chaudes bon marché. Il est en effet possible de se « régaler » pour 2 € par personne au Japon dans les konbini, sorte d’épicerie ouverte 24 h/24 !
Nous tombons encore sous le charme des temples japonais à Nikko où nous profitons aussi d’un onsen public, bain chaud japonais. Bien différent de la version coréenne, il est plus exigu. Les Japonais y sont bien plus pudiques et discrets que leurs voisins coréens, dont la culture nous a semblé un équilibre entre la Chine et le Japon.
Voyage au bout de soi-même
Nous redescendons après un dernier col vers Tokyo, la route se densifie, les températures explosent en quelques kilomètres. Après avoir eu de la neige dans les montagnes, Tokyo baigne déjà dans un début d’été bien chaud. Une dernière nuit de camping sauvage, un dernier petit-déjeuner dans un parc et d’autres « derniers moments » suivent, avant de retrouver Héloïse, la cousine d’Anne-Flore, qui nous accueille chez elle à Tokyo pour les derniers jours de cette année d’escapade. Nous préparons nos vélos pour le trajet de retour en avion, et nous nous sentons entre deux eaux. Nous avons pris le temps de beaucoup discuter tous les deux ces dernières semaines pour partager nos ressentis sur le retour, mais cette fois, il est tout proche. À l’arrivée à Paris, familles et amis nous accueillent et nous partageons un bon apéro à la française avant de retrouver notre appartement. C’est la fin d’une année qui nous a permis de prendre le temps d’être ensemble, de réfléchir, de prendre le temps de la rencontre des autres. Nous nous sentons plus légers, heureux et plus sereins après tout ce chemin parcouru, géographiquement mais aussi intérieurement.
Si toi aussi, tu projettes de vivre ou as vécu un road trip, un trek, un tour du monde à voile, à rollers ou à vélo, d’une semaine, d’un mois ou d’un an, solidaire, écologique ou sportif, n’hésite pas à contacter La Jaune et la Rouge pour en faire le récit à tes camarades.