Tourmente et Passion
Les deux premières parties de Tourmente et Passion ont été publiées en 1997 et en 1999 sous une forme légèrement moins ramassée. De la première, j’ai eu l’occasion dans ces colonnes de dire tout le bien que je pensais.
Le présent ouvrage offre au lecteur une ample trilogie, dont le troisième volet, intitulé Une passion allemande, est entièrement nouveau et parachève la belle architecture de l’ensemble. Architecture ternaire, en effet, et même triplement ternaire.
- Trois nationalités dans la famille aristocratique du héros (russe, française et allemande).
- Trois tribulations dramatiques :
– 1916–1920, de Saint-Pétersbourg à Erevan ; la révolution russe, la guerre civile et ses prolongements jusqu’à l’Arménie et à l’agonie de celle-ci ;
– 1924–1925, de Paris au Maroc de Lyautey et à la Turquie de Kemal Atatürk ;
– 1933–1934, de Berlin à Rome, à Moscou et à la Poméranie. - Trois visions de la société, celle du communisme soviétique, celle du national-socialisme et celle, traditionnelle, d’un héros de plus en plus épris de liberté.
Le lecteur est emporté et ému par la saga passionnante de Nicolas Balkenberg, le héros, devenu dans la troisième partie du présent livre baron von Ernim.
Emporté et ému, parce que le récit est simple et sans artifice. Parce que, pour diverses que soient les aventures du héros, elles gardent l’unité profonde que leur confèrent convictions spirituelles et rejet de tout fanatisme politique ou religieux.
Parce que, enfin, Gilles Cosson réussit de main de maître à ancrer la vie de ses personnages dans une réalité historique qu’il connaît parfaitement.
L’ouvrage n’est pas pour autant ce que j’appelle un roman historique, car presque rien n’est ajouté aux actes et aux dires des personnages réels. L’auteur, avec habileté – une habileté si grande qu’elle passe inaperçue –, met ses personnages fictifs au contact des personnages réels… sans coups de canif à l’Histoire.
Ainsi, dans Une passion allemande, n’interviennent pas seulement des personnages connus (Léon Trotski, le général Wrangel, le maréchal Lyautey, Abd El-Krim, Mustafa Kemal, l’ambassadeur André François-Poncet, etc.), mais le colonel Henning von Trestskov ou Josef Müller que, dans une lecture rapide, vous pourriez croire imaginaires, alors qu’ils ont existé.
Le premier a participé à plusieurs conjurations anti-hitlériennes et s’est suicidé dix ans après la fin du roman, le 21 juillet 1944, désespéré de l’échec, la veille, de la tentative d’assassinat de Hitler. Le second a joué effectivement un rôle important parmi les dirigeants de l’Abwehr qui ont tenté d’arrêter la folie hitlérienne. Il sera plus tard arrêté par la Gestapo.
L’harmonie est parfaite entre la force romanesque et une réalité historique que ce beau roman vous fera mieux comprendre.