Tournée vers la vie et la foi Céline Guillerey (88)
Née le 29 novembre 1967 à Melun (Seine-et-Marne), Céline Kruppa grandit au coeur du quartier populaire des ZUP de l’Almont puis des Mézereaux, toujours à Melun, origine dont elle était fière. Brillante élève, elle rejoint le lycée Henri-IV en prépa, où elle rencontre François Guillerey, son futur mari.
Un sens de la provocation
En 1988, elle intègre l’École polytechnique. Déjà, lors de l’année de service militaire, elle attire l’attention de la promotion par son style inimitable, un sens de la provocation venant simplement d’une liberté souveraine : Céline ne faisait que ce qu’elle considérait comme juste de faire et ne s’en laissait pas compter.
Elle se marie le 24 février 1990 avec François Guillerey, et en uniforme. Non pour choquer, mais pour correspondre à ce qu’elle est. Elle continue son chemin d’approfondissement de la foi.
Un terroir pour les enfants
Céline, très attirée par la nature, rêve de devenir directrice d’un parc national. Elle choisit donc d’intégrer le corps des ingénieurs du Génie rural, des Eaux et des Forêts.
Elle aimait particulièrement œuvrer au service des petites communes
Elle opte pour un poste à Belfort en adéquation avec la carrière de son mari, ingénieur électronicien chez Peugeot à Sochaux. Le couple s’installe à Bavilliers, en périphérie de Belfort, et n’en partira plus. C’est un choix assumé du couple : donner à leurs enfants des racines, un « terroir », d’où ils pourront s’envoler plus tard, tout en se souvenant d’où ils viennent.
À son poste, Céline Guillerey gère des dossiers majeurs, comme la mise en application d’une nouvelle loi sur l’eau ou la réglementation du Parc naturel régional des Ballons des Vosges. Mais elle aimait particulièrement œuvrer au service des petites communes et imaginer les solutions techniques qui répondent au mieux à leurs besoins.
Justice et solidarité
Parallèlement, elle rejoint la Confédération syndicale des travailleurs chrétiens (CFTC), dont elle devient rapidement secrétaire générale du syndicat du ministère de l’Agriculture.
Soutien et gaieté
« L’engagement syndical de Céline au ministère de l’Agriculture montre qu’elle avait le cœur sur la main et la force de ses convictions humanistes.
Peu corporatiste, elle avait fait le choix de défendre les intérêts de l’ensemble des fonctionnaires, contractuels et vacataires, et plus particulièrement ceux des plus modestes ou précaires. »
Elle découvre jeune la joie d’être mère et ses nombreuses activités ne l’empêchent pas de veiller attentivement sur ses fils élevés dans le respect des valeurs de liberté et de justice qui l’ont toujours animée. Elle milite au sein d’une association de parents d’élèves de la FCPE et, ancrée dans la petite ville de Bavilliers, y tisse des amitiés fidèles, apportant soutien et gaieté à ses proches.
Pendant sa cinquième grossesse, Céline découvre qu’elle est atteinte d’un cancer du sein. Marie-Shalom, sa première fille, naît un peu trop tôt, en septembre 2007. Le traitement commence ; Céline ouvre un blog. Malgré les difficultés qu’engendre sa maladie, elle reste tournée vers la vie et, jusqu’au dernier moment, poursuit ses engagements personnels et familiaux. Convaincue de la gravité de sa maladie, mais ne voulant pas céder au pessimisme des médecins, elle dit un jour : » Si je meurs, au moins je mourrai vivante ! »
Approfondir sa foi
Durant toutes ces années, Céline continue à approfondir sa foi. Elle participe à la vie de la paroisse en assurant, c’est-à-dire en révolutionnant, la catéchèse. Parallèlement, elle se met à l’étude intensive de l’hébreu et s’investit dans le dialogue judéo-chrétien.
Elle écrit : » La maladie est une pédagogie brutale et efficace. Il y a des tas de versets de l’Évangile qui restaient fermés pour moi et qui sont devenus aussi concrets qu’un coup de marteau sur un doigt. »
Un camarade a voulu confier à Céline, par-delà la mort : » Je voulais te dire qu’en te fichant d’être moderne, tu l’étais peut-être finalement beaucoup plus que nombre d’entre nous. »