TRANSMETTRE POUR CONSTRUIRE
Rompre avec la rupture. L’ambition est neuve, voire radicale, d’insuffler en politique un « paradigme » prenant le contre-pied du mythe du changement perpétuel au gré de « l’hypercom » pour affirmer la « modernité de la transmission ». Sous forme d’essai et d’entretiens avec le journaliste Fabrice Madouas (Valeurs actuelles), Hervé Mariton expose avec une cohérence que chacun jugera à son aune un ancrage à droite, un libéralisme économique, la volonté de répondre aux enjeux actuels, en assumant des valeurs classiques par lesquelles « transmettre pour construire ». « Rien ne sert d’inventer des ruptures qui épuisent et s’épuisent, c’est de transmettre qu’il s’agit. Transmettre le mouvement, partager des valeurs, inventer la liberté. »
Au risque d’être taxé de conservatisme – mais seul conserver peut donner quelque chose à transmettre et bonifier – Hervé Mariton rompt, pour 2012, avec l’idée de la rupture sur laquelle s’est faite l’élection de 2007 et choisit de promouvoir la transmission. Quasiment une thèse en politique, ouvrant le bal préprésidentiel, dont l’idée est de rompre avec la spirale inflationniste des promesses et la litanie des lendemains qui ne chantent déjà plus mais où l’on rasera quand même gratis.
Rendre sa place à un pouvoir politique souvent à la merci, en France, des intérêts particuliers ou de la rue qui peuvent mobiliser l’espace médiatique instantané contre la foule des silencieux anonymes construisant et transmettant dans le temps et là où ils sont. Mobilisant des exemples vécus dans sa ville et dans son expérience nationale, Hervé Mariton réfute la tentation clientéliste ou élitiste du déluge d’innovations sociétales et de sophistication législative qui brouille un édifice institutionnel fondé sur des traditions éprouvées par une histoire commune.
Que transmettre à qui, par qui, au milieu de quelle « révolution des institutions » ? En partant du « don de l’identité » et en passant par la « famille durable » – gageons que la formule va durer – Hervé Mariton développe logiquement les thèmes de la « conscience de la bioéthique » puis de « l’éthique du numérique » et enfin « l’injustice de la dette ».
Il aligne une série de propositions de loi ou d’actions à la fin de chaque chapitre. Au total 95, un peu moins que les 101 d’en face. On aimerait que les douze propositions du chapitre sur la dette débouchent sur des résultats quantifiés. Libre alors à chaque lecteur d’y reconnaître ou non ses convictions et de vérifier la cohérence de chaque action avec le fil conducteur d’un « transmettre pour construire » ! On voudrait ajouter une dernière question à l’entretien : programme pour un futur président ou programme d’un futur ? Tout à la fin « l’invention d’un projet » laisse encore chacun libre de choisir sa réponse.