Tremplin : dix ans de tutorat « L’enthousiasme au service de l’égalité des chances »
Tremplin fête ce mois-ci son dixième anniversaire. Dix ans de tutorat auprès d’élèves de milieux modestes, apporté par des élèves de grandes écoles, auquel s’ajoute l’aide de grandes entreprises pour accéder à un premier emploi. Après une dynastie de polytechniciens, le nouveau président, issu de l’École normale supérieure, fait le point.
Damien Cornu, doctorant, a approché Tremplin voilà cinq ans.
» Après avoir consulté le< site de Tremplin, j’ai rencontré les dirigeants de l’époque et j’ai examiné avec eux dans quel rôle je pourrais être le plus utile. À l’époque, Tremplin offrait surtout un approfondissement scientifique aux lycéens d’Île-de-France. On m’a proposé de développer une cellule de soutien scolaire après le bac, pour les élèves en classes préparatoires ou à l’université, dans un local mis à disposition par Normale sup, puis par Agro ParisTech à partir de 2007. Trois élèves en 2006, dix en 2007 : les effectifs que nous encadrions ont augmenté petit à petit. »
Concilier deux fonctions à temps plein
Son défi le plus grand ? » Concilier la préparation de ma thèse en chimie, que je dois présenter en 2012 à l’université Pierre-et-Marie- Curie, avec ma fonction de président de Tremplin depuis 2008. »
Mais que de satisfactions !
« Je conserve avec soin les messages de remerciements des élèves à qui j’ai apporté une aide dans leurs études. Je me souviens des contacts passionnants avec des élèves, des tuteurs et des partenaires (ministères, entreprises, associations), diversifiés en termes de culture, d’activité et de génération. »
Une transformation de la société
Évaluation
Le ministère de la Jeunesse et des Solidarités actives procède actuellement à une évaluation de l’action de Tremplin, en collaboration avec un laboratoire de sociologie. Cette étude permettra de connaître l’impact de l’Association, ce qui constitue pour elle un moyen d’asseoir sa crédibilité et de faire évoluer ses pratiques.
Le premier défi de Tremplin, selon son Président, est » d’être crédible par rapport aux autres initiatives » d’égalité des chances » et de réussir à s’adapter aux besoins des élèves qui font des études supérieures « .
Son atout principal ? » L’enthousiasme qui anime ses bénévoles. Il permet d’innover sans cesse dans notre domaine : nous avons été pionniers dans le soutien post-bac.
» Le deuxième défi consiste à » conserver une relation avec les élèves dans la durée, malgré des changements de régions et des réorientations scolaires. Nous commençons à avoir un suivi sur plusieurs années. »
Troisième défi, enfin, » la diversité des nationalités et des cultures. Elle amène l’Association à gérer aussi des aspects extrascolaires et venir épauler des adolescents qui peinent à prendre leur autonomie, le milieu des études supérieures étant un monde inconnu dans leurs familles.
» Les parrains, de jeunes salariés, principalement des groupes Areva et GDF Suez, doivent déployer des argumentaires auxquels ils ne sont pas forcément préparés : » Non, tu n’es pas ridicule dans ton tailleur quand tu rentres le soir dans ta cité « , encouragement à une étudiante de la Courneuve, quartier sensible de la région parisienne, qui débute un stage dans une banque. Parmi leurs élèves également, une étudiante pakistanaise et un jeune Asiatique qu’ils aident à prendre leur autonomie face à des références culturelles qui freinent leur intégration. »
L’Association Tremplin se situe ainsi à l’avant-garde d’une transformation sociétale vers plus de mixité culturelle et sociale. »
Des comptes qu’il faut équilibrer
L’Association équilibre ses comptes cette année. Les subventions qu’elle obtient arrivent de façon sporadique, et sont liées à un projet. La crise économique depuis 2008 commence à affecter Tremplin, ce motif est plus souvent mis en avant par les organismes démarchés, pour décliner une demande de subvention.
Cooptation d’abord
Le renouvellement des cadres de l’Association se fait en priorité par cooptation. Les bénévoles commencent en général par exercer la fonction de tuteur dans un lycée, puis prennent d’autres responsabilités. « Les premières générations d’élèves ayant reçu une aide de Tremplin, constate Damien Cornu, sont maintenant volontaires pour devenir tuteurs. Leur motivation est forte pour rendre à leur tour l’aide qu’ils ont reçue.
» Les profils recherchés par Tremplin sont des étudiants, des doctorants, de jeunes cadres d’entreprises. Les recrutements actuels permettent de répondre aux besoins de l’Association.