TREMPLIN, pour une plus grande égalité des chances
Zep, zone d’éducation prioritaire. Mots à la mode qui font référence dans notre inconscient collectif aux banlieues en difficulté, à la violence, à la pauvreté et à l’échec scolaire.
Mais quelle réalité se cache derrière le concept ? Tout d’abord une définition administrative : un calcul compliqué lié à l’origine sociale et aux revenus des parents donne une estimation de la précarité financière des enfants scolarisés dans un établissement donné. En deçà d’un certain seuil, l’établissement scolaire sera classé en ZEP. Il s’agit donc essentiellement d’un critère de richesse.
Bien sûr, les seules ZEP dont parlent les médias ont, en général, d’autres problèmes mais qui ne sont pas inhérents à leur classement en ZEP : bris de matériels, violence, délinquance, manque de résultats scolaires ou de moyens… Voilà bien la seule image d’eux-mêmes renvoyée aux élèves issus de ZEP. Ils traînent comme un boulet une promesse d’avenir le plus noir possible. Le jugement de la société rejoint l’exemple du milieu social environnant et concourt à les pousser vers des études courtes. Et cela, indépendamment du niveau réel des élèves.
Poursuivre des études supérieures nécessite une volonté affirmée de la part des élèves mais cette ambition indispensable ne peut pas se construire sans un minimum d’aide. Plus que le corps professoral et les parents, c’est l’ensemble de la société qui refuse d’insuffler l’espoir aux enfants ayant les moyens scolaires de faire des études longues et d’intégrer, à terme, l’élite de la nation. Où peuvent-ils trouver la force de poursuivre leur voie dans un système scolaire qui constate, mais sans y remédier, une endogamie sclérosante, et qui refuse d’offrir les mêmes taux d’information à ces élèves ? Ils savent que des études longues existent, certes, mais la société leur a peu à peu imposé l’idée qu’elles ne sont pas faites pour eux.
Il est vrai que ces enfants ne disposent pas (ou très rarement) de l’exemple de leur entourage et voient dans le poids financier de telles études un problème quasiment insurmontable, sans vraiment chercher à creuser la question et envisager les solutions qui pourtant existent (bourses, prêts étudiants, job à temps partiel…). Que faire alors pour tous les étudiants de ZEP qui ont le niveau pour faire des études supérieures et qui ne sont absolument pas poussés dans ce sens ?
L’association Tremplin, créée en 1999 par des étudiants de l’École polytechnique, a pour but de venir en aide à ces jeunes. Comment ? D’une part en leur offrant l’opportunité de découvrir les sciences de façon moins scolaire. Au cours de séances régulières (en moyenne une heure toutes les semaines), les membres de l’association présentent à des lycéens volontaires et motivés de nouveaux raisonnements scientifiques à l’aide d’exercices attrayants portant sur les mathématiques, la physique ou la mécanique. L’objectif principal est de stimuler la réflexion et d’ouvrir de nouveaux horizons ; il ne s’agit nullement pour les élèves d’assimiler une grande quantité de connaissances, mais plutôt de développer leur goût et leur intérêt pour les sciences en général en mettant l’accent sur les applications nombreuses des sciences.
Mais le rôle de Tremplin ne s’arrête pas là : au cours de ces séances s’instaure un dialogue fructueux entre les lycéens et les membres de l’association relatif aux diverses formations post-bac. Nous constatons souvent à ce propos un manque criant d’informations, les élèves étant très peu au fait de ce qu’ils peuvent envisager une fois le baccalauréat en poche. C’est pourquoi il nous paraît important de discuter avec eux au sujet de leur orientation et de répondre aux nombreuses interrogations qu’ils soulèvent afin de les aider à trouver la voie qui leur conviendra le mieux.
Plus encore, Tremplin véhicule auprès des lycéens le discours » Toi aussi tu peux » et contribue à encourager les jeunes étudiants des ZEP à prendre le chemin d’études plus longues. Il faut souligner que certains membres de l’association sont eux-mêmes issus de ZEP et constituent par conséquent la preuve indéniable qu’il ne s’agit en aucun cas d’une utopie. Les études longues ne sont pas l’apanage de certains, elles sont envisageables par tout lycéen motivé, quelles que soient son origine sociale ou la zone à laquelle appartient son lycée. Il s’agit simplement de redonner aux jeunes de ZEP une ambition trop souvent bridée par leur environnement.
Afin d’atteindre ces divers objectifs, Tremplin s’agrandit en développant des partenariats avec d’autres grandes écoles (l’École normale supérieure, l’École nationale des Ponts et Chaussées) afin de couvrir plus efficacement l’ensemble de la région parisienne. La mise en place d’antennes en province ainsi que l’élargissement vers d’autres grandes écoles ou universités sont également sérieusement envisagées.
Il s’agit de toucher le plus de lycées possibles afin de donner à chacun sa chance (le choix des lycées s’effectuant suivant les taux de réussite au baccalauréat ainsi que d’après le classement des établissements en ZEP ou en REP).
L’objectif majeur reste plus que jamais de contribuer à donner aux jeunes des zones défavorisées l’espoir de réussir par les études.
Et de les convaincre qu’ils peuvent au même titre que les autres accéder à l’enseignement supérieur malgré les difficultés rencontrées en cours de scolarité.
Éric Beyrath (2000)
et Benoît Delattre (97)