Trois fondations pour une campagne
La campagne de levée de fonds de 25 millions d’euros sur cinq ans, lancée par la Fondation de l’École polytechnique, s’adresse essentiellement aux anciens élèves. Deux structures soeurs ont été créées : École polytechnique Charitable Trust au Royaume-Uni et Friends of École polytechnique aux États-Unis.
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La campagne a plusieurs objectifs.
- Renforcer le potentiel et la visibilité de la recherche : en développant des partenariats dans des domaines où la pluridisciplinarité fait la différence : optique et nanosciences, sciences et technologies de l’information et de la communication, interfaces pluridisciplinaires des biotechnologies, économie et finance ; en particulier par la construction de 6 000 m2 de nouveaux laboratoires et une politique dynamique de valorisation de la recherche (12 millions d’euros).
- Développer la taille et l’attractivité de la graduate school (masters et doctorats), lieu essentiel d’échanges et de visibilité à l’international : en accentuant l’effort sur 10 masters portés par des enseignants de réputation internationale ; en attirant un nombre plus important de doctorants sélectionnés parmi les meilleurs mondiaux (6 millions d’euros).
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Doubler le nombre d’étudiants étrangers dans les masters, notamment européens, tout en maintenant les critères de sélection les plus
exigeants
Accroître l’internationalisation de l’École : en attirant des enseignants-chercheurs et des étudiants étrangers par l’attribution de bourses ; en permettant à chaque élève français d’effectuer un séjour suffisamment long à l’étranger ; en multipliant les coopérations avec de grandes institutions étrangères (4 millions d’euros).
- S’ouvrir sur la cité et la société : d’une part en amenant aux meilleurs standards internationaux ses installations et ses équipements afin d’accueillir les nouvelles structures d’enseignement et de recherche prévues dans son plan de développement ; d’autre part en contribuant à des projets d’égalité des chances pour favoriser la diversité dans les grandes écoles, en particulier en soutenant des lycéens issus de zones sensibles et admis dans des classes préparatoires scientifiques, à l’aide de bourses et d’un tutorat (3 millions d’euros).
Campagne, mode d’emploi
Un fonds de dotation
L’une des ambitions de la campagne est la constitution d’un fonds de dotation qui permettra d’armer l’École de moyens pérennes. Ainsi, sur les 25 millions d’euros, 7 millions seront capitalisés, voire plus si l’objectif global est dépassé. Ces sommes viendront s’ajouter aux 4 millions de dotation de la Fondation. Au sein de l’École même, un comité de pilotage a été institué dont le rôle est de proposer de nouveaux projets à la Fondation, d’assurer le suivi des réalisations et enfin d’être un relais interne d’information.Une campagne peut être définie comme » une opération intense, menée avec énergie par une organisation pour recueillir une somme d’argent spécifique afin d’atteindre un objectif spécifique à l’intérieur d’une période de temps spécifique « . En l’occurrence, la campagne pour l’École polytechnique s’est fixé un objectif de 25 millions d’euros en cinq années pour atteindre les quatre grands objectifs évoqués ci-dessus. Une équipe de professionnels a été mise en place pour coordonner cette action. La gouvernance de la campagne est organisée autour d’un comité de campagne, présidé par Claude Bébéar, et rassemblant une vingtaine d’ambassadeurs, tous anciens élèves et donateurs de la campagne (voir pages précédentes l’article » Les anciens élèves en campagne »). Certains de ces ambassadeurs sont également les administrateurs de la fondation française, de la structure britannique ou américaine. Deux sous-comités ont été créés : un comité des dons, dont l’objectif est de prendre une décision en cas d’arbitrage sur l’acceptation d’un don ou son affectation, et un comité de gestion en charge de la politique d’investissement pour les dons capitalisés.
De la phase silencieuse à la phase ouverte
REPÈRES
Dans les pays anglo-saxons, on s’appuie, par exemple, sur les programmes de matching gift des grandes entreprises bancaires. Pour un minimum de 50 dollars donnés par un employé à une association ou à son université, l’entreprise abonde l’organisation d’une somme équivalente. Chez Goldman Sachs, l’abondement peut aller jusqu’à 20 000 dollars par personne et par an.L’une des autres caractéristiques de la campagne de levée de fonds est son rythme. Ainsi, pendant une période de douze à dix-huit mois, la campagne est dans une phase dite » silencieuse » ou » cachée « , une étape décisive qui permet de sécuriser 40 % de l’objectif en dons et engagements auprès des premiers grands donateurs, afin de donner toute sa crédibilité à ce projet et entraîner à la suite les autres camarades. Nous avons dépassé cet objectif grâce à la mobilisation de notre comité de campagne, en France, en Grande-Bretagne et aux États-Unis et nous pouvons désormais entrer dans une phase » ouverte » afin de mobiliser l’ensemble de la communauté polytechnicienne autour de cette grande ambition pour les quatre prochaines années.
Des avantages fiscaux
D’après une étude réalisée en avril 2007 par la Fondation de France auprès de trois autres pays européens (Royaume-Uni, Allemagne, Espagne), la France, avec la loi du 1er août 2003, possède le meilleur dispositif fiscal en matière de dons. La récente loi dite TEPA (loi sur le travail, l’emploi et le pouvoir d’achat) a ajouté un autre échelon avec une déduction possible de 50 000 euros sur l’ISF. La Fondation est habilitée à recevoir des dons sous la forme de dons en numéraires ou en titres, de donations, de legs. Quant à ses consoeurs étrangères, elles permettent aux donateurs de bénéficier des fiscalités au Royaume-Uni et aux États-Unis.La campagne a été officiellement lancée le 10 mars dernier, au siège d’Axa à Paris, avec un résultat de 12,3 millions d’euros en dons et engagements auprès de 25 anciens élèves et une association de l’École, X‑Projet. Différents outils de communication, tels un site Web dédié, une newsletter, une plaquette, un rapport annuel, etc., viendront compléter le dispositif, sans oublier le logo et le slogan de cette campagne. Cette mobilisation s’appuiera sur différents réseaux tels que les promotions, les clubs professionnels ou de loisirs, les anciens résidant dans un même pays, les anciens travaillant dans une même entreprise, etc. Par ailleurs, à partir de l’automne 2008, l’appel de fonds réalisé chaque année, depuis vingt ans, par la Fondation de l’École polytechnique, sera intégré dans la dynamique de la campagne. Il en portera les couleurs et les donateurs bénéficieront d’un programme de reconnaissance spécifique (ex : visibilité de leur nom dans le rapport annuel de la campagne). Le succès d’une telle campagne s’appuie en effet sur l’ensemble de ces donateurs car au-delà du don, c’est l’adhésion et la fidélité des anciens élèves à ce projet qui seront les garants de sa réussite.
Comment contribuer ?
Selon le montant de l’engagement pluriannuel, le don peut être affecté à l’un des quatre axes de la campagne, voire, s’il est suffisant, à un projet précis (ex : bourses pour des étudiants étrangers, bourses pour des doctorants, attractivité des enseignants-chercheurs, nouveaux laboratoires, etc.). L’engagement peut également être libre d’affectation. Le Conseil d’administration de la Fondation décide alors de l’affectation du don sur proposition du Comité de pilotage interne de la campagne. En fonction de la catégorie de son don, le nom du donateur pourra être valorisé, sauf s’il souhaite conserver l’anonymat. Il sera régulièrement informé des progrès de la campagne et de l’avancement des projets soutenus (newsletter, site Internet, invitations, etc.).