Trois témoignages : Un ami de la sagesse, assurer ses fondamentaux et s’informer et débattre
Un ami de la sagesse
Un ami de la sagesse
J’ai commencé à m’intéresser à la philosophie avec le regard très critique de celui qui se méfie de l’abstrait, des grands systèmes théoriques intellectuellement stimulants mais déconnectés du réel, bref, de la métaphysique. Mon intérêt pour la philosophie était celui d’un historien des idées, qui cherche à comprendre comment se sont formées les idéologies contemporaines.
Avec quel étonnement, et quelle modestie, découvre-t-on alors que les grandes querelles philosophiques contemporaines ne sont que des variations autour des débats qui animaient déjà le monde grec, ou que les mêmes questions fondamentales irriguent également la pensée orientale.
Mais, au-delà de cette tentative de compréhension historique des idéologies humaines, la philosophie est avant tout affaire de méditation personnelle sur sa propre existence et ce qu’il convient d’en faire. Le véritable philosophe n’est pas ce métaphysicien qui rêve à des mondes idéaux pour l’humanité, c’est avant tout cet « ami de la sagesse » qui cherche à vivre au mieux, avec soi-même et les autres, le temps qu’il lui est donné.
Marc Muller (97)
Assurer ses fondamentaux
La petite communauté du groupe X‑Philo répond, selon mon expérience, à deux attentes.
Celle d’abord de camarades avertis, prêts à proposer des productions écrites, qui souhaitent ainsi ouvrir une discussion, ou un débat contradictoire, sur une thèse qu’ils ont choisi de défendre. Celle, ensuite, de camarades qui ressentent une curiosité générale sur l’état actuel des idées, sur les thèses les plus en vue et sur leur influence, et qui, au fond, veulent mieux comprendre.
J’ai rencontré le groupe au titre de la première catégorie, en saisissant l’occasion qui m’était offerte de publier un premier article sur la croyance, puis un second sur la vérité. J’ai ensuite participé, au profit du second groupe, à l’animation d’un débat sur l’approche moderne de la vérité.
Même si la réflexion philosophique garde l’image d’une activité souvent trop conceptuelle aux retombées incertaines, il faut reconnaître que la société aux évolutions fulgurantes qui est la nôtre implique d’assurer ses fondamentaux. À cet égard, un contact avec la philosophie n’est jamais, au-delà du foisonnement des écoles de pensée, qu’une manière d’apprendre à mieux penser.
Claude Maury (61)
S’informer et débattre
À Louis-le-Grand, j’ai eu Jean-François Courtines, aujourd’hui à la Sorbonne, trois mois comme professeur de philo. Si je l’avais eu plus longtemps, j’aurais peut-être choisi khâgne plutôt que maths sup. Quelques décennies plus tard, j’ai dévoré son Inventio analogiae, puis Qu’est-ce que la métaphysique ?, l’Éthique, la Critique de la raison pure, les philosophes analytiques, les conférences et séminaires du Collège de France.
Professionnellement, j’ai fréquenté le monde émergent du jeu vidéo, où geeks géniaux et auteurs de SF explorent mondes possibles et apories de la philosophie de l’esprit, du temps et de l’identité, où chaque jeu original interroge la métaphysique. D’autres questions m’ont amené à revisiter la philosophie : l’interprétation de la mécanique quantique, sa coexistence avec la relativité générale, l’effort de clarification des mathématiques au début du XXe siècle, et aussi l’extraordinaire développement de l’algorithmique, des capacités à saisir et traiter l’information, des plus petites parties de l’univers à ses confins.
Chaque époque a le sentiment justifié de vivre des progrès inouïs dans les sciences et l’industrie qui alimentent sa production philosophique. Le groupe X‑Philo est le lieu d’information et de débats sur ce thème dans la communauté polytechnicienne.
Stéphane Berrebi (76)