Troisième campagne de levée de fonds de la Fondation de l’École polytechnique : la science comme humanisme
Et si la science était l’humanisme de nos temps ? C’est en tout cas la conviction de l’École polytechnique et de la Fondation, qui viennent de lancer une troisième campagne de levée de fonds. Après une première campagne de 35 millions d’euros grâce aux dons de particuliers, une deuxième de 87 millions grâce au soutien de particuliers et d’entreprises, la FX vise cette fois l’objectif ambitieux de 200 millions d’euros. Si vous vous demandez comment faire avancer la recherche et faire briller la science, ne cherchez plus, soutenez la Fondation de l’X.
C’est lors d’une soirée vibrante animée par Anatole Chouard (X16) et réjouissante pour les donateurs et passionnés de science qu’a été lancée le 14 novembre dernier pour cinq ans la troisième campagne de levée de fonds pour l’École polytechnique, dont la marque – la devise même – est « Servir la science ».
La science pour tous
Cette campagne s’articule autour de trois axes forts voulus par l’École. Le premier des axes présentés par Laura Chaubard (X99) est celui de la croissance des effectifs de l’X, en faveur de l’égalité des chances. L’École réaffirme son choix d’une politique ambitieuse de bourses, bourses d’excellence et sur critères sociaux (plus de 500 étudiants aidés par la Fondation cette année). L’École confirme également son action pour susciter toujours plus de vocations scientifiques auprès de jeunes hommes et de jeunes femmes. 25 000 jeunes sont touchés chaque année sur tout le territoire. La Fondation finance les deux tiers du budget des actions en faveur de l’égalité des chances.
Prendre des risques pour la science
Le deuxième axe est celui de la recherche et des innovations de rupture pour lesquelles l’apport de la Fondation – 40 % du financement des projets de recherche – est essentiel. La recherche fondamentale demande de prendre des risques et a besoin d’un environnement de recherche au meilleur niveau mondial, ainsi que des équipements de pointe. La Fondation a ainsi pu doter l’enseignant-chercheur au Laboratoire des solides irradiés Gaël Grissonnanche d’un « frigo » pouvant atteindre de très basses températures et développer son équipe dans le cadre d’un projet d’un million d’euros sur la supraconductivité et ce, dès son arrivée à Polytechnique. Un environnement de recherche rarissime en Europe.
D’autres travaux ambitieux sont en cours au LPICM (Laboratoire de physique des interfaces et des couches minces) sous la houlette d’Angelo Pierangelo sur un projet de nouvelles techniques d’imagerie optique appelé Polarima, qui permet d’établir des diagnostics précoces de lésions notamment chez les femmes enceintes dans le but de prévenir les fausses couches. La Fondation a permis de faire de la recherche fondamentale et de financer le premier essai clinique.
Un campus 4.0
Le troisième axe est le campus de Polytechnique qui non seulement approche ses 50 printemps, mais est également en fort développement. La rénovation thermique du campus est engagée, le grand hall et les grands amphis vont être entièrement rénovés d’ici quatre ans. Un bâtiment d’enseignement mutualisé a été inauguré en 2023, et plus récemment un nouveau pôle de mécanique.
“Les mathématiques, qui restent la signature scientifique de l’École polytechnique, méritent un bâtiment totémique.”
D’autres besoins émergent. Les mathématiques, qui restent la signature scientifique de l’École polytechnique, méritent, selon Laura Chaubard, un bâtiment totémique qui rassemblerait les forces de l’X et de l’Institut Polytechnique de Paris. Est également inclus dans le projet de développement du campus un laboratoire vivant de la transition énergétique, avec deux projets de démonstrateurs dont un installé sur le lac de l’École polytechnique. Sans oublier le sport, autre signature de Polytechnique, dont les installations ont également besoin d’être rénovées et élargies à une plus grande diversité de disciplines. Le métro devrait arriver à proximité du campus en 2026.
Servir la science
Ces trois axes ont une seule ambition : servir la science. Pour Laura Chaubard, la nécessité se fait plus grande encore aujourd’hui qu’hier de transmettre la démarche scientifique « en ce qu’elle porte d’ouverture au monde, de curiosité, de quête d’excellence, d’intégrité et, pour tout dire, d’humanisme. Nous avons besoin de science pour nous élever et pour servir le bien commun, c’est quelque chose qui est au cœur du projet de l’X depuis sa création et qui forme aussi l’attachement de nos anciens élèves à notre École. »
Les moyens d’une telle ambition
Frédéric Oudéa (X81), président de la Fondation de l’École polytechnique, parle de saut quantique nécessaire pour vivre cette étape charnière pour l’École. La Fondation s’appuie sur un comité de campagne présidé par Alexandre de Juniac (X81), avec Christel Heydemann (X94) comme vice-présidente. Cette campagne s’adresse aux 30 000 anciens et anciennes élèves de l’X et aux entreprises, et espère toucher 15 % des alumni de Polytechnique. C’est un objectif ambitieux en France, où la philanthropie n’est pas autant dans les usages qu’aux États-Unis ou en Grande-Bretagne. Mais les alumni savent se montrer créatifs et organisent par exemple des collectes pour la Fondation à l’occasion des anniversaires de promotion.
Les dons de la troisième campagne seront répartis entre particuliers et entreprises. Le mécénat d’entreprises prend notamment la forme de chaires qui permettent de défricher de nouveaux champs scientifiques d’intérêt pour les industriels. L’École a par exemple signé récemment une chaire avec la SNCF sur l’usage de l’IA pour optimiser les mobilités, l’entretien du réseau et les interventions sur le réseau ferroviaire.
Belles histoires de donateurs
Dans le cadre de la troisième campagne, la Fondation compte déjà sur le soutien de 1 800 donateurs, parmi lesquels plus de 170 grands donateurs (don supérieur à 50 000 euros). Ainsi Stéphane Ifker (X93) et son épouse Agnès ont souhaité faire un don de 8 millions d’euros pour soutenir la recherche menée à l’X sur la transition énergétique, à travers le financement de deux démonstrateurs sur le campus dès 2025. Et toute la communauté est appelée à s’engager, y compris les élèves. Les premiers dons peuvent par exemple être de 10 euros mensuels, la Kès soutient la Fondation en finançant des bourses.
Pour Marie Caillat, directrice de campagne de la Fondation, la mobilisation doit aussi dépasser la communauté des anciens. Les grands thèmes portés par l’École et les alumni comme l’énergie, l’innovation, l’industrie, la défense, la souveraineté sont les thèmes qui mobilisent voire inquiètent la société tout entière. Cette campagne offre une possibilité de s’engager et de passer à l’action sur ces sujets majeurs, de renforcer la capacité de l’École à former les ingénieurs de culture scientifique dont la société a besoin pour relever ces nombreux défis. Enfin, la Fondation se donne pour objectif de toucher dans les prochaines années des philanthropes internationaux, américains et anglais, attirés par la renommée de l’école mathématique française et aussi par la figure de l’ingénieur à la française, très recherchée par les entreprises de la tech notamment.