Lancement de la campagne de levée de fonds de la Fondation de l'école polytechnique : De gauche à droite : Thierry Coulhon, Marie Caillat, Alexandre de Juniac (X81), Loïc Rocard (X91), Laura Chaubard (X99), Frédéric Oudéa (X81), Christel Heydemann (X94) et Jean-Paul Cottet (X74).

Troisième campagne de levée de fonds de la Fondation de l’École polytechnique : la science comme humanisme

Dossier : Nouvelles du PlatâlMagazine N°801 Janvier 2025
Par Alix VERDET

Et si la science était l’humanisme de nos temps ? C’est en tout cas la convic­tion de l’École poly­tech­nique et de la Fon­da­tion, qui viennent de lan­cer une troi­sième cam­pagne de levée de fonds. Après une pre­mière cam­pagne de 35 mil­lions d’euros grâce aux dons de par­ti­cu­liers, une deuxième de 87 mil­lions grâce au sou­tien de par­ti­cu­liers et d’entreprises, la FX vise cette fois l’objectif ambi­tieux de 200 mil­lions d’euros. Si vous vous deman­dez com­ment faire avan­cer la recherche et faire briller la science, ne cher­chez plus, sou­te­nez la Fon­da­tion de l’X.

C’est lors d’une soi­rée vibrante ani­mée par Ana­tole Chouard (X16) et réjouis­sante pour les dona­teurs et pas­sion­nés de science qu’a été lan­cée le 14 novembre der­nier pour cinq ans la troi­sième cam­pagne de levée de fonds pour l’École poly­tech­nique, dont la marque – la devise même – est « Ser­vir la science ».

La science pour tous

Cette cam­pagne s’articule autour de trois axes forts vou­lus par l’École. Le pre­mier des axes pré­sen­tés par Lau­ra Chau­bard (X99) est celui de la crois­sance des effec­tifs de l’X, en faveur de l’égalité des chances. L’École réaf­firme son choix d’une poli­tique ambi­tieuse de bourses, bourses d’excellence et sur cri­tères sociaux (plus de 500 étu­diants aidés par la Fon­da­tion cette année). L’École confirme éga­le­ment son action pour sus­ci­ter tou­jours plus de voca­tions scien­ti­fiques auprès de jeunes hommes et de jeunes femmes. 25 000 jeunes sont tou­chés chaque année sur tout le ter­ri­toire. La Fon­da­tion finance les deux tiers du bud­get des actions en faveur de l’égalité des chances.

Prendre des risques pour la science

Le deuxième axe est celui de la recherche et des inno­va­tions de rup­ture pour les­quelles l’apport de la Fon­da­tion – 40 % du finan­ce­ment des pro­jets de recherche – est essen­tiel. La recherche fon­da­men­tale demande de prendre des risques et a besoin d’un envi­ron­ne­ment de recherche au meilleur niveau mon­dial, ain­si que des équi­pe­ments de pointe. La Fon­da­tion a ain­si pu doter l’enseignant-chercheur au Labo­ra­toire des solides irra­diés Gaël Gris­son­nanche d’un « fri­go » pou­vant atteindre de très basses tem­pé­ra­tures et déve­lop­per son équipe dans le cadre d’un pro­jet d’un mil­lion d’euros sur la supra­con­duc­ti­vi­té et ce, dès son arri­vée à Poly­tech­nique. Un envi­ronnement de recherche raris­sime en Europe. 

D’autres tra­vaux ambi­tieux sont en cours au LPICM (Labo­ra­toire de phy­sique des inter­faces et des couches minces) sous la hou­lette d’Angelo Pie­ran­ge­lo sur un pro­jet de nou­velles tech­niques d’imagerie optique appe­lé Pola­ri­ma, qui per­met d’établir des diag­nos­tics pré­coces de lésions notam­ment chez les femmes enceintes dans le but de pré­ve­nir les fausses couches. La Fon­da­tion a per­mis de faire de la recherche fon­da­men­tale et de finan­cer le pre­mier essai clinique.

Un campus 4.0

Le troi­sième axe est le cam­pus de Poly­tech­nique qui non seule­ment approche ses 50 prin­temps, mais est éga­le­ment en fort déve­lop­pe­ment. La réno­va­tion ther­mique du cam­pus est enga­gée, le grand hall et les grands amphis vont être entiè­re­ment réno­vés d’ici quatre ans. Un bâti­ment d’enseignement mutua­li­sé a été inau­gu­ré en 2023, et plus récem­ment un nou­veau pôle de mécanique.

“Les mathématiques, qui restent la signature scientifique de l’École polytechnique, méritent un bâtiment totémique.”

D’autres besoins émergent. Les mathé­ma­tiques, qui res­tent la signa­ture scien­ti­fique de l’École poly­tech­nique, méritent, selon Lau­ra Chau­bard, un bâti­ment toté­mique qui ras­sem­ble­rait les forces de l’X et de l’Institut Poly­tech­nique de Paris. Est éga­le­ment inclus dans le pro­jet de déve­lop­pe­ment du cam­pus un labo­ra­toire vivant de la tran­si­tion éner­gé­tique, avec deux pro­jets de démons­tra­teurs dont un ins­tal­lé sur le lac de l’École poly­tech­nique. Sans oublier le sport, autre signa­ture de Poly­technique, dont les ins­tal­la­tions ont éga­le­ment besoin d’être réno­vées et élar­gies à une plus grande diver­si­té de dis­ci­plines. Le métro devrait arri­ver à proxi­mi­té du cam­pus en 2026.

Servir la science

Ces trois axes ont une seule ambi­tion : ser­vir la science. Pour Lau­ra Chau­bard, la néces­si­té se fait plus grande encore aujourd’hui qu’hier de trans­mettre la démarche scien­ti­fique « en ce qu’elle porte d’ouverture au monde, de curio­si­té, de quête d’excellence, d’intégrité et, pour tout dire, d’humanisme. Nous avons besoin de science pour nous éle­ver et pour ser­vir le bien com­mun, c’est quelque chose qui est au cœur du pro­jet de l’X depuis sa créa­tion et qui forme aus­si l’attachement de nos anciens élèves à notre École. »

Les moyens d’une telle ambition

Fré­dé­ric Oudéa (X81), pré­sident de la Fon­da­tion de l’École poly­tech­nique, parle de saut quan­tique néces­saire pour vivre cette étape char­nière pour l’École. La Fon­da­tion s’appuie sur un comi­té de cam­pagne pré­si­dé par Alexandre de Juniac (X81), avec Chris­tel Hey­de­mann (X94) comme vice-pré­si­dente. Cette cam­pagne s’adresse aux 30 000 anciens et anciennes élèves de l’X et aux entre­prises, et espère tou­cher 15 % des alum­ni de Poly­tech­nique. C’est un objec­tif ambi­tieux en France, où la phi­lan­thro­pie n’est pas autant dans les usages qu’aux États-Unis ou en Grande-Bre­tagne. Mais les alum­ni savent se mon­trer créa­tifs et orga­nisent par exemple des col­lectes pour la Fon­da­tion à l’occasion des anni­ver­saires de promotion.

Les dons de la troi­sième cam­pagne seront répar­tis entre par­ti­cu­liers et entre­prises. Le mécé­nat d’entreprises prend notam­ment la forme de chaires qui per­mettent de défri­cher de nou­veaux champs scien­ti­fiques d’intérêt pour les indus­triels. L’École a par exemple signé récem­ment une chaire avec la SNCF sur l’usage de l’IA pour opti­mi­ser les mobi­li­tés, l’entretien du réseau et les inter­ven­tions sur le réseau ferroviaire.

Belles histoires de donateurs

Dans le cadre de la troi­sième cam­pagne, la Fon­da­tion compte déjà sur le sou­tien de 1 800 dona­teurs, par­mi les­quels plus de 170 grands dona­teurs (don supé­rieur à 50 000 euros). Ain­si Sté­phane Ifker (X93) et son épouse Agnès ont sou­hai­té faire un don de 8 mil­lions d’euros pour sou­te­nir la recherche menée à l’X sur la tran­si­tion éner­gé­tique, à tra­vers le finan­ce­ment de deux démons­tra­teurs sur le cam­pus dès 2025. Et toute la com­mu­nau­té est appe­lée à s’engager, y com­pris les élèves. Les pre­miers dons peuvent par exemple être de 10 euros men­suels, la Kès sou­tient la Fon­da­tion en finan­çant des bourses.

Pour Marie Caillat, direc­trice de cam­pagne de la Fon­da­tion, la mobi­li­sa­tion doit aus­si dépas­ser la com­mu­nau­té des anciens. Les grands thèmes por­tés par l’École et les alum­ni comme l’énergie, l’innovation, l’industrie, la défense, la sou­ve­rai­ne­té sont les thèmes qui mobi­lisent voire inquiètent la socié­té tout entière. Cette cam­pagne offre une pos­si­bi­li­té de s’engager et de pas­ser à l’action sur ces sujets majeurs, de ren­for­cer la capa­ci­té de l’École à for­mer les ingé­nieurs de culture scien­ti­fique dont la socié­té a besoin pour rele­ver ces nom­breux défis. Enfin, la Fon­da­tion se donne pour objec­tif de tou­cher dans les pro­chaines années des phi­lan­thropes inter­na­tio­naux, amé­ri­cains et anglais, atti­rés par la renom­mée de l’école mathé­ma­tique fran­çaise et aus­si par la figure de l’ingénieur à la fran­çaise, très recher­chée par les entre­prises de la tech notamment.

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