M. Daoli Zhu, directeur du Centre, et M. Eric Godelier, président du département Humanités et Sciences sociales (HSS) de l'école polytechnique et directeur adjoint du Centre

Un centre de recherche franco-chinois

Dossier : ExpressionsMagazine N°633 Mars 2008
Par Pauline SERRAZ

Le Centre fran­co-chi­nois de recherche en mana­ge­ment, en par­te­na­riat entre le Centre de recherche en ges­tion (CRG) de l’É­cole poly­tech­nique et Fudan Uni­ver­si­ty, l’une des meilleures uni­ver­si­tés chi­noises, vient d’être lan­cé. Dao­li Zhu, direc­teur du Centre, et Éric Gode­lier, direc­teur adjoint du Centre ont bien vou­lu répondre à nos questions.


Ci-des­sus : M. Dao­li Zhu, direc­teur du Centre, et M. Eric Gode­lier, pré­sident du dépar­te­ment Huma­ni­tés et Sciences sociales (HSS) de l’é­cole poly­tech­nique et direc­teur adjoint du Centre


Éric Gode­lier : Entre 2000 et 2005, J’ai ensei­gné en Chine, à Nan­chang, où j’ai ren­con­tré le vice-pré­sident de l’u­ni­ver­si­té, le pro­fes­seur X. Gan. Nous avons alors eu l’i­dée de lan­cer des recherches sur les ques­tions de mana­ge­ment com­pa­ré. À l’oc­ca­sion d’un jury de recru­te­ment des élèves étran­gers en 2005, j’ai ren­con­tré le pro­fes­seur Zhu de l’u­ni­ver­si­té de Fudan.

Dhao­li Zhu est pré­sident de l’Institut de recherche en logis­tique de Shan­ghai, pro­fes­seur à Fudan Uni­ver­si­ty et pré­sident de l’Association chi­noise de logistique.

Dao­li Zhu : Quels modèles de réfé­rence en mana­ge­ment la Chine doit-elle prendre ? Il y a certes une forte pres­sion du modèle anglo-saxon, notam­ment amé­ri­cain, mais nous sou­hai­tons déve­lop­per un modèle de mana­ge­ment à la chi­noise, en nous tour­nant vers l’Eu­rope et la France. Cette der­nière est confron­tée, comme la Chine, à des débats sur l’é­vo­lu­tion des ser­vices publics, la pri­va­ti­sa­tion de l’é­co­no­mie, l’é­vo­lu­tion des modèles de régu­la­tion, de gou­ver­nance ou d’é­thique, sans oublier l’a­dop­tion d’une culture » pro­jet » dans les entre­prises ou l’É­tat. Un élé­ment impor­tant a aus­si joué : plu­sieurs d’entre nous ont fait une thèse, sou­vent en mathé­ma­tiques ou en sciences, dans votre pays !

Des problèmes pratiques

EG : Le pro­jet s’est construit sur l’i­dée de s’ins­pi­rer des métho­do­lo­gies déve­lop­pées depuis plus de vingt ans au CRG : une approche plu­ri­dis­ci­pli­naire des objets étu­diés, construite à par­tir d’une recherche de ter­rain et d’une démarche de recherche-action.

DZ : Les pre­miers tra­vaux com­mencent cette année. Ils seront sui­vis par les visites de col­lègues fran­çais de l’X : Alain Jeu­ne­maître, Michel Ber­ry, Éric Gode­lier, Phi­lippe Bap­tiste et Jean-Pierre Dupuy. Nous allons lan­cer des tra­vaux de recherche et poser les bases de futurs échanges d’é­tu­diants – en mas­tère, doc­to­rat ou post­doc­to­rat -, d’en­sei­gnants et de cher­cheurs. Les meilleurs étu­diants scien­ti­fiques de Fudan viennent dans notre dépar­te­ment de mana­ge­ment com­plé­ter leur pre­mier cycle par une for­ma­tion à l’é­co­no­mie et à la gestion.

Déve­lop­per un modèle de mana­ge­ment à la chi­noise, en nous tour­nant vers la France

EG : Les tra­vaux du Centre ne concernent pas uni­que­ment le dépar­te­ment Huma­ni­tés et Sciences sociales (HSS) que je pré­side. Des cher­cheurs comme Phi­lippe Bap­tiste, direc­teur du LIX (infor­ma­tique), ou le dépar­te­ment de mathé­ma­tiques appli­quées seront asso­ciés. Le Centre se situe à Shan­ghai mais, à l’a­ve­nir, cer­taines acti­vi­tés seront au CRG. Des rap­pro­che­ments auront sans doute lieu avec les acti­vi­tés de la chaire de mana­ge­ment mul­ti­cul­tu­rel (X‑HEC-Renault). D’autres pos­si­bi­li­tés existent avec ParisTech.

Logistique et développement durable

DZ : La ques­tion de la logis­tique va consti­tuer un point impor­tant de nos tra­vaux. Shan­ghai a récem­ment construit un port ex nihi­lo à 60 km de la ville (ndlr : second port mon­dial) qui pose le pro­blème du réseau logis­tique (trans­port, appro­vi­sion­ne­ment en biens, implan­ta­tion de sites, etc.). Cela engage l’é­co­no­mie régio­nale et nationale.
EG : D’autre part, la socié­té chi­noise évo­lue très vite, ce qui influe sur les équi­libres éco­no­miques et sociaux en termes de ges­tion du risque, de confiance, d’é­thique. Der­rière cela se pro­file aus­si l’en­jeu de déve­lop­pe­ment durable : com­ment faire en sorte, avec une crois­sance aus­si forte en tech­no­lo­gie et en demande de res­sources et d’hommes, que le sys­tème se main­tienne durablement ?

Propos recueillis par Pauline Serraz

En savoir plus :
dlzhu@fudan.edu.cn
daolizhu@yahoo.com
eric.godelier@polytechnique.edu

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