Un éclair dans la nuit
L’année dernière a été consacrée au Centenaire de la disparition d’Henri Poincaré. De nombreuses institutions, à commencer bien sûr par l’Institut de recherche qui porte son nom, ont eu à cœur de rendre l’hommage qui convient à celui qui demeure l’un des plus extraordinaires mathématiciens qu’ait connus la France.
La Jaune et la Rouge, pour sa part, a consacré de nombreux articles à cet anniversaire, illustrés par des gravures originales.
Poincaré nous laisse un héritage incomparablement riche.
À trente ans à peine, le jeune Poincaré révolutionne la mécanique classique par son étude du problème des trois corps, modèle réduit du système solaire où le Soleil et les planètes sont en interaction gravitationnelle. Les méthodes nouvelles de Poincaré sont aussi marquantes par leur genèse mouvementée que par leurs conclusions, qui font rêver bien au-delà du cercle des scientifiques.
À cinquante ans, il n’est pas moins révolutionnaire quand il achève l’article fondateur de la topologie différentielle, étude de la forme des espaces à plusieurs dimensions, faisant abstraction des distances et des angles pour se concentrer sur l’agencement global. La fameuse conjecture de Poincaré sur les espaces à trois dimensions éclairera toute la géométrie du XXe siècle.
La pensée n’est qu’un éclair au milieu d’une longue nuit, disait Poincaré, mais c’est cet éclair qui est tout. De nombreux éclairs firent de lui le mathématicien le plus respecté et le plus admiré de son temps.
Des ouvrages élégants font également de Poincaré l’un des philosophes les plus clairs, profonds et accessibles du XXe siècle. On les lira encore avec plaisir pendant bien plus de cent ans.