Un engagement nouveau pour l’École
La présence d’élèves africains à l’École est ancienne, mais il faut maintenant agir comme il y vingt ans avec la Chine. L’École doit anticiper l’émergence du continent et former des cadres qui porteront son développement. L’École développe ses réseaux et ultérieurement les programmes de formation en anglais permettront d’aborder l’Afrique anglophone.
Si la présence d’élèves africains à l’École polytechnique est ancienne – certains occupent aujourd’hui des positions économiques et politiques de premier plan au Maghreb, en Afrique subsaharienne mais également en Europe ou en Amérique du Nord –, ce n’est que récemment que l’École a entrepris de structurer ses actions de développement international en direction du continent africain et d’en faire un des axes principaux de sa politique internationale.
REPÈRES
Les élèves africains comptent aujourd’hui pour 30 % des élèves internationaux de l’École polytechnique, soit 7 % de la totalité d’une promotion. Le Maroc est la nationalité la plus représentée, avec 26 étudiants sur les 122 élèves internationaux que compte la promotion 2015.
L’École développe actuellement sa politique de relations internationale vers cinq pays francophones : Maroc, Tunisie, Sénégal, Côted’Ivoire et Cameroun.
DÉVELOPPER UNE RELATION ANCIENNE
Pour l’École, la situation d’aujourd’hui n’est pas sans rappeler celle qu’elle a connue il y a quinze ou vingt ans avec des pays comme la Chine ou le Brésil :
“ L’École doit anticiper l’émergence du continent africain ”
l’École doit anticiper l’émergence du continent et d’accompagner ses besoins en prenant sa part dans la formation des cadres qui porteront son développement économique et technologique, et en préparant les diplômés de l’X à travailler dans un monde où la croissance africaine aura pris toute sa place.
MISER SUR LES PAYS FRANCOPHONES
LE PRIX HAMIDOUNE
L’École s’associe chaque année au prix Hamidoune décerné à un jeune étudiant mauritanien s’étant particulièrement distingué dans le domaine des mathématiques, domaine où la Mauritanie a développé une expertise reconnue sous l’impulsion du mathématicien Yahya Ould Hamidoune, disparu en 2011 et à qui ce prix rend hommage.
Dans cet esprit, l’École développe actuellement sa politique de relations internationale autour de trois grands axes principaux : appui à la constitution et la consolidation de filières académiques d’excellence, développement du recrutement d’étudiants africains dans le cycle ingénieur, les masters et en doctorat, et sensibilisation des étudiants aux enjeux et opportunités de l’émergence africaine.
Cette politique, lancée fin 2014, est mise en oeuvre à l’heure actuelle principalement sur cinq pays francophones historiquement liés à l’X par le nombre d’étudiants passés sur ses bancs et par la part significative qu’ils prennent à la croissance africaine : Maroc, Tunisie, Sénégal, Côte‑d’Ivoire et Cameroun.
Ces pays ont également en commun d’avoir entretenu un système d’enseignement secondaire de qualité et d’investir dans l’enseignement supérieur avec la conviction qu’il s’agit d’une des clés de leur avenir.
CONSOLIDER LES FILIÈRES D’EXCELLENCE EN AFRIQUE
Une des actions clés de l’X en Afrique est l’appui qu’elle apporte à la consolidation de filières d’excellence, qu’il s’agisse de classes préparatoires, de filières d’enseignement supérieur voire de filières dans des lycées.
La classe de MP* du lycée Moulay-Idriss de Fès, au Maroc ; accroupi au centre en chemise blanche, Pierre-Élie Belouard-Raude (2015) en stage de formation humaine.
Ce soutien prend en particulier la forme de l’envoi de jeunes élèves polytechniciens comme assistants pédagogiques en mathématiques ou en physique dans le cadre de leur stage de formation humaine de six mois. Le dispositif est actif au Maroc, où l’École a passé un accord avec deux lycées à classes préparatoires (Rabat, Fès) et s’apprête à le faire avec le troisième lycée marocain proposant une filière MP* (Marrakech).
À noter qu’à eux trois ces lycées placent à l’X près de la moitié des élèves de nationalité marocaine, soit une douzaine d’élèves par an. Le dispositif est également actif à Tunis (classe préparatoire de l’IPEST) et en Côte‑d’Ivoire, à l’Institut national polytechnique Houphouët- Boigny.
À la rentrée 2016, il sera étendu au Sénégal et au Cameroun ; des lycées seront également concernés.
“ Une nouvelle voie d’accès pour les étudiants africains ”
De l’avis des équipes qui les accueillent, les élèves en stage FHM accomplissent un travail remarquable et enthousiaste, dont nous ne manquerons pas de récolter prochainement les fruits. Il faut ici saluer l’excellent accueil que ces établissements partenaires réservent aux élèves stagiaires, leur permettant de mener à bien leur mission dans des conditions d’accompagnement et de sécurité optimales.
Ces actions s’accompagnent de l’invitation lancée par l’X aux professeurs de classes préparatoires de ces institutions à participer aux sessions de formation que l’École coorganise chaque année pour les professeurs de classes préparatoires françaises, dans un but d’amélioration continue de leurs pratiques.
IMPLIQUER LES ÉLÈVES
Le binet X‑Afrique joue un rôle important en accompagnement de l’École : il promeut activement auprès des lycéens africains l’École polytechnique, et au-delà, les formations scientifiques d’excellence, et ses membres représentent des modèles de réussite qui inspirent les lycéens et leur donnent envie de suivre leur exemple.
Au-delà de ces actions, l’École est également active dans l’appui au montage de formations de haut niveau dans plusieurs domaines d’intérêt partagé. C’est le sens par exemple de son partenariat avec l’Université euro-méditerranéenne de Fès, avec laquelle elle travaille à la mise en place d’un master centré sur les énergies renouvelables et d’un master axé sur la gestion des grandes masses de données.
DYNAMISER LE RECRUTEMENT
Macky Sall, Président de la République du Sénégal, en visite à l’X le 2 décembre 2015. © LIONEL MANDEIX
Les élèves africains comptent aujourd’hui pour 30 % des élèves internationaux. La plupart de ces étudiants sont issus des classes préparatoires en France ou au Maghreb (Maroc et Tunisie) ; quelques-uns sont entrés par la voie universitaire française, après une licence de sciences en France.
Toutefois la dynamique actuelle de la présence des étudiants africains en classes préparatoires permet difficilement d’augmenter le nombre d’étudiants africains à l’X par cette voie, en particulier ceux d’Afrique subsaharienne qui ne représentent aujourd’hui pas plus de trois à cinq étudiants par promotion.
Afin de favoriser et d’accompagner l’augmentation de ces effectifs, l’X a ouvert au printemps 2015 une nouvelle voie d’accès pour les étudiants africains via l’établissement à Dakar du premier centre d’examen en Afrique du concours de la filière universitaire internationale.
Ce centre s’ajoute à la quinzaine de centres ouverts dans le monde, par lesquels passent la majorité des élèves internationaux de l’X (élèves chinois, brésiliens, russes, vietnamiens, etc.). Deux étudiants sénégalais ont été sélectionnés et ont rejoint la promotion 2015.
“ L’Afrique sera essentielle pour les étudiants diplômés en 2016 ”
Au printemps 2016, les étudiants de Côte‑d’Ivoire et du Cameroun ont également pu poser leur candidature à ce concours.
Dans le même temps, Polytechnique a lancé et accompagné l’établissement de partenariats privilégiés entre le Sénégal et trois lycées à classes préparatoires français (Henri-IV, Louis-Le-Grand et le lycée du Parc). Ces partenariats permettent l’accueil en classes préparatoires, à partir de septembre 2016, de lycéens sénégalais d’excellence soutenus financièrement par l’État sénégalais, et qui bénéficieront parallèlement d’un parrainage par le binet X‑Afrique.
SENSIBILISER AUX ENJEUX DE L’AFRIQUE
De la même manière que la Chine fait aujourd’hui pleinement partie du paysage professionnel (marchés, partenariats, concurrence, etc.) des élèves diplômés en 1996, l’École fait le pari que l’Afrique sera essentielle pour les étudiants diplômés en 2016. Il est donc indispensable de sensibiliser les étudiants actuellement à l’École aux opportunités et aux défis que représente l’Afrique.
À cet égard, les stages de formation humaine constituent pour les élèves une chance unique de passer six mois en Afrique, au contact étroit des sociétés dans lesquelles ils se trouvent.
DÉVELOPPER LES RÉSEAUX
Au-delà de ces trois axes d’action principaux, l’École continue d’explorer activement de nombreuses autres possibilités, en relation avec les entreprises intéressées à la croissance du continent, avec les autorités locales, et avec les alumni parfois fortement structurés comme au Maroc.
Pour étendre sa capacité d’action, l’X a rejoint à l’automne 2015 le Réseau d’excellence en sciences de l’ingénieur de la francophonie (RESCIF), réseau qui réunit plusieurs institutions du Nord et du Sud et qui favorise les initiatives entre ses membres, en particulier dans les domaines des MOOCs et de l’entrepreneuriat. Des actions sont à attendre dans ces domaines à court terme.
“ En dix-huit mois, l’X a pris le tournant de l’Afrique ”
À plus long terme, les nouveaux programmes de formation en anglais de l’École permettront de renforcer l’action de l’X en lui permettant d’aborder l’Afrique anglophone. Déjà, des initiatives commencent à être portées en dehors de l’Afrique francophone, comme en Éthiopie dans le domaine des énergies renouvelables en lien avec EDF.
L’École a placé le continent au coeur de ses préoccupations à l’international. Les chantiers sont nombreux et s’inscrivent dans le développement à long terme des relations internationales de l’X.
La communauté polytechnicienne africaine s’étend et monte en puissance, toujours plus dynamique et toujours plus désireuse de mettre son talent au service du progrès de l’Afrique.
Abdourahmane Cissé (2001), ministre du Budget de la Côte‑d’Ivoire, en visite à l’X en janvier 2016. © JÉRÉMY BARANDE – ÉCOLE POLYTECHNIQUE