Un homme dans la guerre
Belle surprise : on ouvre un témoignage, vécu par un officier d’artillerie (X 1908), sur la Grande Guerre ; et l’on découvre un grand intellectuel.
Jean Labie est familier de la littérature du dix-huitième siècle, qu’il lit et relit avec dilection, dans de belles éditions.
Il se retrouve égaré dans ce que le vingtième siècle eut de plus abominable.
Qu’est-ce qui lui permet de tenir, de préserver sa vigueur morale ? Sa foi catholique ; l’amour pour sa femme Françoise, fragile, encline à la dépression, qui accoucha de deux petites filles, en 1915 et 1916, tandis que son mari était au front ; sa position sociale, celle d’un grand bourgeois aux nombreuses relations, que l’économie passionne (il deviendra inspecteur des finances).
Il fait preuve d’une constante clarté d’analyse et d’expression, souvent aussi d’un humour qui touche à la désinvolture.
Ce gros livre – 364 lettres – est à placer auprès de correspondances illustres : celles de Madame de Sévigné, Madame de La Fayette, Madame de Staël, Madame du Deffand, il soutient la comparaison.