« Un intérêt marqué des jeunes ingénieurs »
Le groupe X‑Nucléaire, créé en 2005, réunit aujourd’hui plus de six cents participants, en majorité de jeunes ingénieurs issus de plusieurs grandes écoles. Le contexte énergétique et climatique favorise un incontestable renouveau du nucléaire pour lequel la France a la chance d’être particulièrement bien armée.
« Il y a cinq ans à peine, le nucléaire était considéré comme honteux, rappelle Jacques Leclerc. Plus de quatre cents réacteurs fonctionnaient dans le monde, représentant environ 16 % de la production d’électricité, mais les projets de nouvelles constructions étaient pratiquement stoppés.
La SFEN La plupart des membres du groupe X‑Nucléaire adhèrent à la Société française d’énergie nucléaire (SFEN), société savante qui compte plus de 6 000 membres. Elle compte plusieurs groupes régionaux et organise une dizaine de conventions chaque année. Son assemblée générale s’est tenue fin juin après un débat sur les déchets et le démantèlement. Elle organise en septembre prochain une manifestation internationale en Avignon, sur le thème des performances et de la sécurité.
» Le besoin d’énergies non carbonées, éolienne, solaire ou nucléaire, a relancé la machine. EDF a décidé la construction de Flamanville 3. Areva a décroché le marché d’Olkiluoto, en Finlande. La Russie a redémarré un programme. Les États-Unis ont évoqué leur retour au nucléaire. Les pays asiatiques, Corée, Chine et Japon, n’avaient jamais cessé. Bref, le moment était propice à la création d’un groupe X‑Nucléaire. »
Un thème passionnant
Sur l’idée classique d’un groupe thématique, avec débats et production de dossiers, se sont rapidement inscrits plus de six cents participants. Un site Internet a été mis au point avec polytechnique.org par Bertrand de Singly, cocréateur du groupe.
» Une petite moitié de nos adhérents exerce dans des organismes publics ou parapublics, ou dans de grandes entreprises, précise Jacques Leclercq, mais nous avons recueilli également plus de trois cents inscriptions directes de camarades intéressés. Parmi eux, beaucoup de jeunes des promotions postérieures à l’an deux mille soulignent leur intérêt pour les domaines techniques et scientifiques.
» Ce regain d’intérêt des jeunes pour le nucléaire est tout à fait réconfortant.
» Nous accueillons également des représentants d’autres écoles, Centrale ou Arts et Métiers. »
<td colspan=« 2 » class=« couleur-jaune style= » padding:6px »= » »> Jacques Leclercq (63), 67 ans, marié, deux enfants, est ingénieur des Ponts et Chaussées. Après quelques années de cabinets ministériels, il rejoint EDF où il dirige l’installation de nombreuses centrales nucléaires, mais aussi hydrauliques ou thermiques. Chez Bouygues, puis CGE, devenue Alcatel-Alstom, il devient un expert des accumulateurs et des câbles sous-marins. Depuis une dizaine d’années, il est consultant indépendant à l’international pour la production et le transport d’électricité. En début de carrière, il enseigne l’économie politique et les mathématiques, à l’X, à l’ENA et aux Ponts ; vers les années 1980, il préside le Conseil de l’École d’hydraulique et mécanique de Grenoble ; il est également l’auteur de L’Ère nucléaire, ouvrage diffusé à plus de 40000 exemplaires en français et 20 000 en anglais. C’est un ancien vice-président de l’AX.
Un lieu d’échanges
» Participer à un groupe apporte beaucoup, estime Jacques Leclercq. On écoute. On discute. On apprend. On synthétise.
» C’est une occasion de rencontre avec des acteurs importants du nucléaire, venant du monde entier. Nos réunions, qui se tiennent autour d’un cocktail ou d’un dîner à la Maison des X, rassemblent entre cent cinquante et deux cents personnes.
« Nous avons accueilli, par exemple, Bernard Dupraz (74), directeur général adjoint d’EDF ; André- Claude Lacoste (60), président de l’Autorité de sûreté nucléaire, sur les enjeux de la sécurité ; Gérard Mestrallet (68), président-directeur général de GDF-Suez.
« Tout récemment, le 31 mai dernier, Anne Lauvergeon, présidente du directoire d’Areva, a fait le point sur la situation du nucléaire dans le monde (voir page 69). » Nous publions l’exposé de l’intervenant sur notre site, ce qui permet ensuite de poursuivre l’animation des débats. »
Inviter des dirigeants étrangers
L’inscription au groupe X‑Nucléaire s’effectue très facilement sur le site. Aucune cotisation n’est demandée. Les participants à un débat acquittent le montant de leur repas (quarante- cinq euros environ).
« Notre originalité, ajoute Jacques Leclercq, est d’inviter des personnalités de premier rang, ce que font moins des sociétés savantes telles que la SFEN (voir encadré). » Par la suite, nous inviterons sans doute des responsables occupant des positions moins prestigieuses, mais aussi de grands dirigeants étrangers, tels que ceux de Westinghouse ou Toshiba. »
Commentaire
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rupture de jeûne, non, de silence.
Pardon pour le tutoiement insolite et (peut-être?)déplacé mais cinquante ans ou presque de silence (toute une vie en somme) ne m’ont pas amenée à penser que tu as toujours raison. En autres choses, je ne trouve pas spécialement glorieux que le formatage des grands écoles aboutisse à « un intérêt marqué des jeunes ingénieurs » pour l’énergie nucléaire quand nous aurions tant besoin de recherches vigoureuses et approfondies sur les énergies dites renouvelables.
Voilà, je suis très contente quand même d’avoir pu faire entendre ma très insignifiante petite voix.
Claudine Solliez