Un navire musical de trente-trois ans
Répondant à un communiqué que Jean-François Guilbert avait fait insérer dans La Jaune et la Rouge d’octobre 1976, une douzaine de camarades de promotions variées étaient accueillis, en ce dimanche de janvier 1977, dans un agréable appartement d’Auteuil par Jean-François Guilbert, pianiste, et son épouse, Marie, violoniste.
Certains étaient porteurs d’instruments divers, de partitions et de pupitres, d’autres de leurs seules mains en quête d’un piano, et, sitôt les présentations faites, la » session » musicale débuta : de petits ensembles, essaimés dans l’appartement, déchiffraient.
Le navire conçu par Jean-François était lancé, et armé pour une belle croisière ; celle-ci se poursuit aujourd’hui, avec le même capitaine, armateur et subrécargue, lequel ne dédaigne pas en outre de se poster parmi l’équipage, aux avirons, ou aux empointures, voire à la cale de radoub.
Au fil des sessions (que nous n’avons pas été longs à dénommer Gilbertiades), les effectifs de l’équipage se sont un peu accrus : l’annuaire tenu à jour par Jean-François comporte à présent plus de 80 membres, parmi lesquels les sessions musicales réunissent régulièrement 15 à 25 personnes. Le plaisir de la lecture musicale et la joie des rencontres amicales ne sont pas le seul objet de la Gilbertiade : celle-ci vise aussi à la constitution de petits groupes ad hoc qui se mettent d’accord pour approfondir le travail d’une œuvre intéressante dans l’intervalle des sessions, assez intensément pour ambitionner d’en inscrire l’exécution au programme du prochain concert public.
Car il y a aussi des concerts – un ou deux par an – où nos musiciens ont la joie un peu intimidante de faire partager le plaisir qu’ils ont eu à travailler ensemble. C’est encore à Jean-François que revient l’organisation de ces concerts : trouver la salle, assumer la construction puis la régie du programme, réaliser la communication, le financement, etc., tous problèmes évoquant la quadrature du cercle qu’il endosse avec une apparente aisance et résout avec efficacité.
33 fois merci, cher Jean-François, pour toutes les joies que ta croisière nous a données. Je désire justifier ce chiffre de 33 par l’évocation de quelques coïncidences de dates : le 16 janvier dernier, notre ami Claude Abadie, qui est le doyen d’âge du groupe X‑Musique, mais qui dispose de plusieurs cordes à sa clarinette, fêtait, avec le brio qu’on lui connaît, son 90e anniversaire à la tête de son Tentette de jazz, dans la soirée Jazz‑X au Petit Journal Montparnasse. Le lendemain, 17 janvier, se tenait la Gilbertiade ordinaire : c’était aussi mon 77e anniversaire, et le 33e anniversaire de la première session musicale du groupe.