Un pays emblématique des problèmes d’environnement
La Chine, par la taille de son territoire (14 fois celui de la France, plus de 2 fois celui de l’Union européenne), de sa population (19 % de la population mondiale), de son PIB (15 % du PIB monde en valeur financière nominale, mais plus en parité de pouvoir d’achat) et le volume de ses émissions de CO2 (30 % des émissions mondiales), représente à la fois un modèle réduit à l’échelle 1⁄5 des terres occupées par l’homme et une accélération du parcours des étapes du développement économique et technologique, et cela placé sous la gouvernance d’un seul État.
La Chine exacerbe tous les problèmes environnementaux. Elle parcourt à grande vitesse les étapes de la dégradation des milieux qui soutiennent la vie et les ressources, et pourrait préfigurer bien des problèmes auxquels nous aurons tous à faire face. En 2000, les tempêtes de sable sur Pékin sont devenues tellement massives que le gouvernement chinois a pris à bras-le-corps le problème de la désertification. Dix ans plus tard, l’atmosphère des grandes villes était devenue si irrespirable qu’il prenait des mesures drastiques pour réduire la pollution de l’air.
Pour ce qui est du changement climatique, le gouvernement chinois laisse ouverte la possibilité d’émissions de CO2 du pays croissantes jusqu’en 2030. Comment concilier cette facilité avec l’impératif de réduire les émissions mondiales dès aujourd’hui pour éviter un réchauffement supérieur à 2 °C à la fin du siècle ? Si par bonheur la Chine arrivait à mettre en place une « nouvelle économie climatique », elle en deviendrait assurément le champion. Mais rien n’est plus incertain. Force est d’admettre que nous ne savons pas aujourd’hui quelle sera l’issue de ce combat pour un développement durable.
Dans ce dossier, loin d’épuiser le sujet, on tente d’apporter quelques éclairages sur la réalité du terrain chinois quant aux émissions de CO2, à la pollution de l’air, à celle des terres agricoles, à la désertification et à la réduction de la biodiversité. Un second volet du dossier sera publié dans le prochain numéro de la revue et sera consacré aux choix de gouvernance mis en place en Chine face aux enjeux environnementaux. Nous tenons ici à remercier tous les auteurs qui ont contribué à nourrir ce dossier et le suivant, à remercier Jean-Michel Servant (81) et Robert Bozza (71) qui nous ont aidés à les monter, et nous adressons un remerciement tout particulier à Jean-Paul Maréchal pour sa contribution essentielle à leur réalisation.