Un pays en pointe pour la gestion des eaux
La Chine est confrontée à des évolutions majeures ayant un impact direct dans le domaine de l’eau : des mégapoles de plusieurs dizaines de millions d’habitants se développent, des industries sont rassemblées dans des parcs industriels de très grande taille, qui tous recherchent des solutions efficaces pour la gestion de l’eau potable, le traitement des eaux usées et des boues.
La Chine a une ressource en eau relativement abondante : la quantité totale des ressources en eau est évaluée à 2 812 milliards de mètres cubes, soit 5,8 % de celles du monde. La distribution temporelle et spatiale des ressources en eau est fortement hétérogène, à cause du climat de mousson et de l’étendue spatiale du pays. Le sud du pays dispose de ressources en eau abondantes, alors que le nord est beaucoup plus sec. Un grand projet d’aménagement (South-North Transfer) a été mené pour transporter l’eau du sud vers le nord-ouest du pays.
De plus, la répartition de la population est inégalement distribuée, avec une concentration de la population dans l’est du pays.
REPÈRES
De par sa taille et les enjeux auxquels elle est confrontée, la Chine représente un marché d’importance majeure pour les acteurs de l’eau et de l’environnement, qui proposent des solutions pour répondre à ces enjeux. Cet article donne une description générale du contexte chinois, et détaille quelques exemples de solutions déployées par Suez en Chine, pour la gestion de l’eau potable et le traitement des eaux usées municipales ou industrielles.
Fleuve Jaune et Yangtsé
L’essentiel de la ressource en eau provient de deux grands bassins hydrographiques, le fleuve Jaune et le Yangtsé, dont dépendent 800 millions de personnes. La consommation en eau de la Chine représente environ 610 milliards de mètres cubes par an. Cette consommation se répartit en 63 % pour l’agriculture, 22 % pour l’industrie, 13 % pour la consommation domestique et 2 % à des fins écologiques. La source principale en eau provient d’eau de surface à 81 %, le reste provenant des ressources souterraines.
Rapportée à la population, la ressource disponible par habitant est seulement le quart de la moyenne mondiale, ce qui place la Chine parmi les pays avec les plus faibles ressources en eau par habitant. Ce chiffre varie selon les provinces, allant de moins de 200 m3 par an et par habitant à Shanghai à plus de 5 000 m3 par an et par habitant au Xinjiang. La capitale Beijing ne dispose que de 300 m3 par an et par habitant, ce qui représente seulement 1⁄30e de la moyenne mondiale. La gestion de la ressource est donc un enjeu important.
Une qualité de l’eau en progrès
La qualité de l’eau progresse graduellement, suite à la mise en œuvre de réglementations environnementales plus strictes. Selon les statistiques officielles, la qualité de l’eau des rivières est globalement en amélioration, la proportion des rivières en mauvais état ayant diminué dans les dernières années. La qualité de l’eau des lacs est encore mauvaise, à cause principalement d’une forte eutrophisation. La qualité de l’eau des réservoirs artificiels est en amélioration, le nombre des réservoirs souffrant d’eutrophisation ayant diminué.
Menaces de pollution et gaspillage
Il reste cependant des points qui méritent attention. Tout d’abord, la croissance des effluents municipaux et le faible traitement des eaux rurales viennent menacer l’usage des ressources en eau. La pollution des eaux industrielles est également une menace due à sa dangerosité. En second lieu , le gaspillage de la ressource en eau est encore trop important. Près de 50 % de l’eau prélevée pour l’irrigation est perdue à cause de l’inefficience des procédés de transport et d’irrigation. L’eau municipale est gaspillée aux points de consommation et par une faible performance du réseau (les pertes représentent plus de 15 % de l’eau fournie au réseau dans plus de 600 villes).
Une législation de plus en plus exigeante
La protection des ressources en eau et de l’environnement fait partie des priorités affichées dans les plans quinquennaux établis par le gouvernement central. Le 12e plan (2011−2015) avait pour objectif de viser un traitement de 85 % des effluents des villes, de réduire de 8 % les émissions de COD (carbone organique dissous), de 10 % les nitrates, et de réduire de 30 % les consommations en eau des industriels.
Pour le 13e plan quinquennal (2016−2020), le gouvernement a publié plusieurs textes en faveur d’une plus grande protection des ressources : le plan d’action pour le contrôle de la pollution aquatique (avril 2015), qui définit les tâches à accomplir pour la protection de l’eau pendant le plan quinquennal ; et le rapport du président Xi Jinping suite au 19e congrès national du Parti communiste chinois de novembre 2017, qui relève encore les niveaux de protection de l’environnement.
Des actions ciblées
Les actions du gouvernement en matière de gestion de l’environnement ont ciblé en premier le traitement des eaux noires et odorantes via la mise en place d’un système de monitoring en temps réel pour les rivières et les lacs ; le développement de villes pilotes pour le traitement de ces eaux polluées ; et une plus grande supervision administrative pour détecter les pollutions et les réduire.
Elles visent aussi le renforcement de la protection des sources d’eau potable et la protection des ressources en eaux souterraines. Elles entendent réduire les flux de pollution industrielle grâce à un traitement centralisé des effluents dans les entreprises industrielles polluantes ; à la mise en place d’un mécanisme de permis pour la pollution ; et à la mise en œuvre d’une taxe sur les activités polluantes pour la protection de l’environnement. La dernière cible est l’amélioration des infrastructures de traitement municipales.
Des solutions Suez adaptées à la Chine
En réponse aux besoins identifiés du marché chinois, Suez a développé de nombreuses solutions, en lien avec son partenaire chinois New World Services :
• les solutions smart comme la suite logicielle Aquadvanced® pour la gestion des réseaux d’eau potable à Macao, ou la gestion des réseaux d’assainissement à Chongqing ;
• la fourniture de solutions de traitement des eaux usées industrielles sur mesure pour le parc industriel de Shanghai SCIP (Shanghai Chemical Industry Park) ;
• la participation à la construction de la station de traitement des eaux usées de Huaifang à Pékin, une des plus modernes du pays, avec bioréacteurs à membranes.
Trois tendances pour la protection des ressources dans le futur
La première tendance de l’action politique en Chine s’incarne dans le concept de ville éponge (Sponge City), développé depuis 2012, par le gouvernement central chinois au niveau national. Le gouvernement a mis en œuvre une série de réglementations pour faciliter la mise en œuvre de techniques facilitant l’infiltration de l’eau en ville (techniques alternatives au tout réseau). Deux séries de trente villes pilotes ont été sélectionnées pour cette politique, qui sera un moteur important du futur processus d’urbanisation.
La seconde tendance concerne le traitement des eaux usées de parcs industriels. Les parcs industriels sont devenus un mode de développement majeur des industries en Chine. Le gouvernement chinois impose des fortes contraintes sur la qualité des eaux rejetées, assorties d’un suivi en temps réel centralisé, et relocalise les anciennes industries (chimiques, pétrochimiques, pharmaceutiques, etc.) dans ces nouveaux parcs industriels modernes. Cela permet de créer des viviers industriels, et de gérer l’impact environnemental.
La troisième tendance est l’évolution des standards de qualité des eaux municipales. Pour réduire l’impact des rejets d’eaux usées municipales sur la qualité des cours d’eau, les objectifs de qualité des eaux municipales traitées ont été progressivement renforcés, jusqu’à atteindre ou dépasser les normes de rejet en vigueur au sein de l’Union européenne avec la directive cadre sur l’eau de 2000. Cela a entraîné une forte demande pour la mise aux normes des stations d’épuration existantes, et a permis de développer l’innovation sur les technologies de traitement des eaux usées (membranes, désodorisation, gestion des boues, etc.). Cette tendance devrait continuer dans les années à venir, dans le but d’améliorer la qualité des eaux de surface, exutoires des stations d’épuration.
“Près de 50 %
de l’eau prélevée pour l’irrigation est perdue”
Saisir des opportunités dans un marché dynamique
La Chine a rattrapé son retard et est à présent en avance sur l’Europe (surtout dans les provinces de l’Est) en termes de normes de rejet pour les eaux usées municipales ou industrielles. Cela donne des opportunités aux acteurs industriels de la gestion de l’eau comme Suez, qui sont en phase de croissance sur le marché chinois, aussi bien dans l’eau municipale, la gestion de l’eau des parcs industriels, la fourniture de solutions de traitement (membranes, etc.) ou le déploiement de solutions digitales d’amélioration de la performance de la gestion de l’eau (énergie, perte en eau, réactifs, etc.).
Remerciements
L’auteur remercie Ximin Huang, Feng Chen et Zhang Yuancheng de Suez Asia pour leur aide dans la préparation de cet article.