Un pure player français de l’IA de confiance
Innovation, R&D appliquée, IA de confiance, expertises et compétences pointues… sont au cœur du positionnement de La Javaness créée en 2015. Alexandre Martinelli, CEO et cofondateur de La Javaness, et Phi Hung Le (X09), Chief AI officer, nous présentent ce pure player de l’IA et de la data. Rencontre.
Vous êtes un pure player de l’IA et de la data sur le marché français. Qu’est-ce que ce positionnement implique ?
En effet ! Sur ce marché, notre ambition est d’être pionnier et à l’avant-garde des dernières innovations. Au cœur de notre métier et de notre proposition de valeur, on retrouve toute la chaîne de valeur des systèmes intelligents complexes destinés à « augmenter » ou « automatiser » des processus clés de grandes entreprises, de la réflexion stratégique au déploiement et au passage à l’échelle. Pour maintenir et renforcer ce positionnement d’experts, nous accordons une place prépondérante à la R&D appliquée et allouons à cette activité des investissements significatifs depuis notre création. Au-delà, nous comptons parmi nos équipes des ingénieurs de très haut niveau et collaborons régulièrement avec un écosystème de partenaires qui partagent notre vision et nos standards. À la Javaness, nous avons une réelle appétence pour les projets complexes à la croisée de l’innovation, la recherche et des enjeux stratégiques des entreprises avec pour objectif de les faire passer à l’échelle et d’en faire profiter les entreprises. En veille permanente, nous nous positionnons sur les derniers travaux de recherche et avons la capacité, dans des délais très courts (en moyenne quelques mois), de passer de ces articles scientifiques à la mise en production d’une nouvelle technologie. Notre savoir-faire et notre force résident véritablement dans cette capacité à amener rapidement la recherche au cœur de l’entreprise, et plus particulièrement dans des environnements complexes, industriels et fortement réglementés.
Depuis notre création, il y a déjà neuf ans, nous avons consolidé un historique significatif de plus de 200 projets sans perdre de vue notre ambition première : accompagner et accélérer la transformation des grandes entreprises avec la data et l’IA.
Comment cela se traduit-il en termes d’expertises et de métiers ?
Au sein de La Javaness, nous sommes plus de 70 personnes, dont 80 % d’ingénieurs. On retrouve aussi tous les autres métiers autour de la tech (des designers, des développeurs…) afin d’accompagner nos clients sur l’ensemble de la chaîne de valeur. Notre capital humain est notre principale force. Aujourd’hui, sur un marché du travail hautement concurrentiel, La Javaness arrive à attirer les meilleurs de l’ingénierie française, des profils qui, pour la plupart, ont eu une précédente expérience dans le top des entreprises technologiques françaises, et internationales, et, qui quand ils nous quittent rejoignent un GAFAM ou un équivalent !
“ Depuis neuf ans, nous avons fait passer plus de 150 projets IA à l’échelle pour plus de 50 clients, dans les secteurs bancaires, industriels et publics. ”
Alors que les entreprises doivent accélérer leur transformation, autour de quels enjeux et problématiques êtes-vous sollicités ?
Depuis 2015, nous avons assisté à une accélération du développement des technologies d’IA avec, notamment la démocratisation du deep learning entre 2017 et 2018 et la vague d’IA générative depuis l’émergence de ChatGPT en 2022. Si de nombreux projets ont été lancés, le niveau de maturité des différentes parties prenantes reste limité. Ces évolutions marquent cependant un point de bascule important et démontrent que nous vivons un mouvement irréversible qui nécessite que les entreprises développent leur maturité, leur maîtrise des technologies et leurs compétences en matière d’IA et d’IA générative en particulier.
Pouvez-vous nous donner des exemples de missions ou de projets que vous avez menés dans ce cadre ?
Nous comptons parmi nos clients les grandes banques, l’industrie et le secteur de l’énergie en particulier, les grandes administrations ou encore des laboratoires de recherche de premier rang. Depuis 4 ans, nous sommes mobilisés sur le programme d’innovation Origami avec RTE. Ce programme vise à outiller les chargés d’études qui travaillent sur la planification de l’évolution du réseau électrique à moyen terme en prenant en compte les dimensions sociétales, climatiques… Dans le cadre de ce partenariat d’innovation, nous développons une nouvelle génération d’outils adossés à l’IA pour « augmenter » les chargés d’études dans leur travail au quotidien. Nous expérimentons également les derniers modèles LLM open source pour générer automatiquement les études de raccordement au réseau.
Origami est le premier grand projet de RTE sur l’IA et représente un investissement de 8 millions d’euros. En décembre dernier, nous avons aussi été lauréats du Challenge IA pour la transition énergétique organisé par la région Île-de-France et RTE. Cette compétition d’envergure internationale s’est intéressée à la capacité des dernières avancées de l’IA dans l’optimisation de la gestion des flux, notamment au niveau du réseau électrique, dans un contexte où la part dans le mix énergétique des énergies renouvelables, sont par définition intermittentes et donc non pilotables. En tant que lauréat, nous allons collaborer avec RTE ces prochaines années afin de déployer un agent IA d’aide à la décision pour les dispatcheurs.
Récemment, nous avons aussi été retenus par la Bibliothèque Nationale de France pour développer une application IA industrielle afin de valoriser les données patrimoniales de Gallica, un véritable patrimoine numérique français, en facilitant leur accès et leur exploration par le monde de la recherche et par le grand public.Nous envisageons notamment de mobiliser des LLM multimodaux pour générer les données utiles pour l’accessibilité des ressources.
Nous travaillons aussi beaucoup avec le CEA sur l’apprentissage automatique. Dans ce cadre, nous accompagnons plusieurs équipes projets du CEA afin de faire passer à l’échelle et industrialiser leurs travaux de recherche en lien avec l’IA. Nous avons mené également depuis de nombreuses années pour les ministères et les opérateurs publics de nombreux projets IA dont le programme emblématique « Intelligence Emploi » qui avait pour objectif de déployer au sein de Pôle emploi, devenu France Travail opérateur, l’IA à l’échelle industrielle au service de l’optimisation de leurs processus et de leurs capacités dans la durée. Enfin, en début d’année, nous avons été sélectionnés, parmi d’autres acteurs, par BNP Paribas pour les accompagner dans leurs expérimentations de l’IA générative. Aujourd’hui, plus de la moitié de nos activités sont en lien avec l’IA générative. Nous aidons aussi les entreprises à évaluer efficacement et valider la performance des applications IA générative dans leurs contextes métier avant leur déploiement, ce qui reste un sujet de recherche.
Vous accordez aussi une grande importance à la notion du numérique responsable. Qu’en est-il ?
Depuis notre création, nous sommes sensibles et conscients de l’impact de l’IA et de sa capacité à changer le monde. Au-delà, les transitions et l’ESG, de manière générale, sont des thématiques qui nous concernent plus particulièrement. Les axes de développement de l’IA responsable tournent essentiellement autour de 3 axes :
• choisir les sujets qui servent le bien commun, qui ont un impact positif sur la planète et la société ;
• consommer les ressources de manière frugale : nous avons notamment investi dans la R&D pour favoriser la sobriété de la consommation des ressources de compute et des données pour l’entraînement et l’opération des solutions IA ;
• transmettre nos connaissances et contribuer à l’open source et les communs numériques. Par exemple, nous avons publié notre modèle de sentence embedding pour la langue française en 2021, il est aujourd’hui classé 1er parmi les modèles open source de son genre dans le MTEB leaderboard, avec plus de 2 millions de téléchargements sur Hugging Face. Ce modèle a permis à des milliers d’ingénieurs français de développer des applications IA générative en utilisant une brique d’embedding transparente et native en français, ce qui était à l’époque et est toujours aujourd’hui rare. Nous avons publié également en open source l’outil d’annotation des données multimodales Annotto. Nous publions aussi régulièrement nos travaux sur notre blog R&D.
Ces engagements en faveur d’un numérique responsable s’inscrivent, d’ailleurs, dans une démarche certifiante, qui inclut notamment l’audit de nos travaux et de leurs avancements.
Sur ce marché en très forte croissance, comment vous projetez-vous ?
Deux enjeux nous préoccupent en particulier :
1. Les risques multiples en lien avec l’usage d’IA générative. Les salariés d’entreprises utilisent ChatGPT en lui donnant accès aux données sensibles voire confidentielles. Il est impératif de former l’ensemble des employés à utiliser l’IA de manière sure et responsable.
2. L’enjeu d’autonomie stratégique de nos entreprises privées et publiques.
Face à la puissance en capital et en technologie des acteurs américains, comme OpenAI, Microsoft…, la France et l’Europe sont plus que jamais confrontées aux enjeux de souveraineté technologique.
La vague d’IA générative montre une sous-représentation très inquiétante des langues européennes, y compris du français, dans les ressources IA, les données, les LLMs ou les modèles IA dans la chaîne de valeur. Si on envisage un futur où les citoyens et les collaborateurs des entreprises interagissent en permanence avec l’IA, se pose alors plusieurs questions et plus particulièrement si cette IA partage nos valeurs, comprend nos cultures et les spécificités de nos langues. Ainsi, alors que les outillages IA compatibles avec l’écosystème SaaS américain se sont fortement démocratisés de l’autre côté de l’Atlantique, les outillages pour l’écosystème IT français sont inexistants. La Javaness, PME française auto-financée, souhaite contribuer, à sa mesure,
à ces deux enjeux.