Un rédacteur en chef à la force tranquille
Rédacteur en chef d’un organe de presse est un rôle mythique, souvent illustré au cinéma par une figure de tyran : « Tu me coupes ça, Coco ! », ou « c’est nul, je me demande ce que tu viens faire ici ! » Quand un journal travaille sous la presse (sans jeu de mots), il n’y a pas forcément le temps de faire dans les nuances. Ce n’est pas du tout le genre d’Hubert Jacquet, qui a au contraire animé avec une bonhommie souriante la rédaction de La Jaune et la Rouge.
Au départ, il était l’adjoint de Jean-Marc Chabanas, à la plume tranchante, ainsi d’ailleurs que le caractère. Dans un premier temps, j’ai connu Hubert qui participait aux réunions de la petite équipe animée par Jacques Gallois, Jacques Denantes et Dominique Moyen, dont j’étais membre, pour nourrir la rubrique Forum social (aujourd’hui Agir en société). J’appréciais la curiosité presque infinie d’Hubert et la bonne humeur communicative avec laquelle il jouait son rôle de représentant de la rédaction.
“Le tandem Chabanas-Jacquet était très efficace,
maniant le sabre et le goupillon aux moments où il le fallait.”
Puis j’ai été sollicité pour présider le comité éditorial de la revue et essayer de lui donner un nouveau visage, notamment en la tournant plus vers les jeunes et en aidant son site internet à décoller. J’ai compris qu’Hubert avait fait savoir qu’il aimerait me voir dans ce rôle, et j’étais heureux de prolonger notre collaboration dans une configuration un peu différente.
J’ai alors découvert un rôle important d’Hubert dans des périodes agitées de La J & R : arrondir les angles. De sorte que le tandem Chabanas-Jacquet était très efficace, maniant le sabre et le goupillon aux moments où il le fallait.
Quand il est devenu rédacteur en chef, il a imposé son rôle, en douceur bien sûr, et pourtant il y a eu des périodes délicates. Il a ainsi inventé une nouvelle figure : le rédacteur en chef à la force tranquille.