Un trésor est caché
Haut débit, très haut débit, 4G, 5G, dividende numérique, cloud rebaptisé « infonuagique », malwares et botnets, fractures numériques multiples, neutralité, gouvernance, nouveaux gTLD : un grand nombre de débats, de polémiques aussi, caractérisent la (longue) phase de développement du monde de l’Internet, structurent et soutiennent sa formidable croissance, font la Une des grands médias ou le buzz de multiples communautés.
La couverture de ces débats est ample dans notre pays, même si certains d’entre eux peuvent apparaître comme trop minorés – par exemple ceux relatifs à la cybercriminalité, aux avatars futurs de l’Internet des objets et à l’immobilier pour les entreprises du secteur –, ou au contraire trop hégémoniques.
Cependant, l’un d’entre eux mériterait une attention plus globale au-delà des réflexions, riches et multiples, et des actions, souvent réussies, qui le concernent : les données, ou plus exactement la valorisation des données. On pourrait penser que les données à valoriser sont celles du Web immergé, c’est-à-dire celles qui, pour de multiples raisons, notamment leurs protections techniques, ne sont pas accessibles. Elles représenteraient plus de 90 % des informations, ce qui fait souvent comparer le Web à un iceberg.
Heureusement, le trésor caché de l’Internet est constitué de données et d’informations accessibles directement. Cependant, des politiques visant à lever les obstacles juridiques, culturels ou économiques à l’utilisation « optimale » de certaines informations sont nécessaires parce que porteuses de création d’activités et d’emplois. Ces données constituent un foncier fondamental pour l’économie numérique, une des grandes ressources du XXIe siècle, à l’égal des matières minérales, énergétiques ou de l’eau. La capacité de chacun à les mettre en valeur pèsera dans la compétitivité des entreprises et des collectivités : les États-Unis, l’Australie, le Royaume-Uni ou les Pays-Bas montrent la voie en adoptant des politiques volontaristes et pragmatiques.
Pour des raisons historiques, ce foncier est malheureusement grevé de nombreuses servitudes et de contraintes, toujours justifiées au moment où elles ont été retenues mais hétérogènes et parfois devenues inadaptées. Si beaucoup a été fait en ce qui concerne la modernisation du droit des oeuvres de l’esprit, des données publiques et des données personnelles, il reste encore à faire dans ces secteurs tout en abordant d’autres sujets comme celui des données attachées aux objets. À moyen terme, le mouvement des big data, c’est-à-dire l’exploitation des grands ensembles hétérogènes de données – vidéo, sons, etc. – contraindra à une approche unifiée et à une politique d’ensemble.
C’est ce travail qui livrera aux laboureurs de l’Internet son trésor caché.