Un voile de pudeur.
Les rêves d’Alexandre.
Notre camarade, dans ce livre délicat et intime, nous raconte son confinement à la campagne au printemps 2020, avec sa compagne Ursula. C’est un compte rendu, où tous les gestes quotidiens sont recensés, datés et analysés. Quel intérêt direz-vous ? D’abord, celui d’un éclairage sur les millions de couples (actifs ou retraités) qui ont vécu comme eux, loin de leur famille et amis, confrontés à leur propre mort et à celle de leurs proches, n’ayant de nouvelles qu’en distanciel.
Ensuite, l’immobilité générale et le silence forcé deviennent propices aux rêves. De voyages, de rencontres, parfois érotiques. Revoir sa famille restée au Viêtnam, ses enfants dispersés. Un orchestre d’amis reconstitué sur WhatsApp. Le rôle très prégnant de la télévision, des séries. Les soirées s’allongent. Comment dans ces conditions entretenir ses neurones ?
Enfin, le décompte officiel de décès quotidiens fait remonter chez l’auteur le souvenir macabre de ceux de la guerre du Viêtnam. La progression du virus département par département ressemble à celle, inexorable, des « Rouges » dans les provinces du Sud. La pandémie est mondiale. La guerre froide aussi.
Chacun d’entre nous a vécu son confinement avec ses habitudes passées. Mais nombreux sont ceux qui ont dérapé, ne pouvant vivre ainsi à l’écart de leur monde familier. Ce livre, bien écrit, ouvre la possibilité au lecteur de se remémorer ce qu’il a fait et de se préparer à vivre une future pandémie que ni l’auteur ni nous-mêmes ne voulons envisager.