Une approche à 360° et fortement différenciante du restructuring
Xavier Bailly, associé responsable des activités restructuring, et Florent Berckmans, associé spécialisé dans le retournement stratégique et opérationnel des entreprises, nous expliquent le positionnement de leur cabinet, Eight Advisory, et son approche pan-européenne. Entretien.
Pouvez-vous nous rappeler le positionnement d’Eight Advisory ?
Eight Advisory a été créé en 2009 par 8 associés qui avaient l’ambition de créer un acteur européen du conseil, totalement indépendant. La stratégie du cabinet est d’accompagner les dirigeants et les investisseurs lors des phases de transaction, de restructuration ou de transformation stratégique des entreprises.
Dans des contextes de transactions, par exemple, nous pouvons mobiliser des expertises depuis la phase de due diligence jusqu’à l’intégration. Autre contexte, nous pouvons intervenir tout au long d’une phase de retournement depuis la définition du plan stratégique de retournement jusqu’à la mise en œuvre d’une restructuration opérationnelle et financière.
L’ADN du cabinet en général, et du département Retournement en particulier, repose sur la multidisciplinarité dans l’accompagnement des dirigeants. Dans ces dossiers de retournement, les problématiques stratégiques, financières et opérationnelles sont entrelacées et nécessitent d’être traitées en même temps et par une même équipe. Tous les sujets qui ont un impact sur la santé de l’entreprises sont auscultés. Et cela nous conduit dans de nombreux cas à initier des négociations avec les créanciers, les actionnaires, des investisseurs tiers et l’État.
Aujourd’hui, le Retournement est une composante essentielle du cabinet Eight Advisory. Elle comprend 14 associés et 150 collaborateurs répartis en Europe. Nos professionnels sont habitués à intervenir dans toutes les étapes d’un retournement. Compte tenu de l’urgence de la situation des entreprises que nous accompagnons, nous sommes habitués à intervenir très rapidement et à trouver les solutions les plus adaptées. Nous sommes probablement une des disciplines de conseil qui nous positionne le plus au cœur des organes vitaux des entreprises.
En matière de retournement et de redressement des entreprises, quelles sont votre approche et votre méthodologie ?
Dans ces moments cruciaux de la vie d’une entreprise, les dirigeants ont besoin d’une prise de recul qu’il est difficile d’avoir sur le moment. Ils ont aussi besoin d’actions concrètes et pragmatiques. Notre combinaison d’expertises financières, opérationnelles et stratégiques, couplées à nos expériences en entreprises nous permettent d’apporter les réponses les plus pragmatiques.
Nous avons la conviction que chaque crise est unique. Nous adaptons nos interventions et notre mode opératoire en fonction de la situation de l’entreprise que nous accompagnons.
Pour des entreprises qui peuvent devenir moins rentables ou connaitre des pertes de parts de marchés, nous allons chercher des solutions de plans de relance ou de retournement. Quand les difficultés sont plus profondes et que l’entreprise fait face à des difficultés financières voire à des crises de liquidité, nous nous engageons plutôt des actions plus court terme et qui nécessitent d’importantes capacités d’analyse financière
Une fois cette crise franchie, l’enjeu sera de relancer l’activité de l’entreprise pour la remettre sur les bons rails.
Les situations que nous rencontrons sont très diverses. En revanche, l’espace temps est toujours très court. Nos accompagnements sont majoritairement contraints en temps et nos dossiers réclament de l’agilité, de la réactivité, de l’efficacité et une forte spécialisation à nos équipes. Nous devons impérativement intervenir à 360° sur l’ensemble des sujets stratégiques, organisationnels, humains et financiers. Une intervention incomplète empêcherait de disposer d’un diagnostic pertinent de la situation et la définition du plan de de sortie de crise. Et notre but final de sauver l’entreprise ne serait pas atteint.
Aujourd’hui, peu d’acteurs du marché du retournement ont les moyens de mobiliser aussi rapidement autant de compétences financières, stratégiques et opérationnelles.
Aujourd’hui, quel regard portez-vous sur la situation économique ? Comment se portent les entreprises ?
En France, la consommation des ménages s’est fortement dégradée après l’été 2023. Cette cassure s’est opérée un peu plus tôt en Allemagne et au Royaume Uni. Le secteur logistique, qui est souvent un indicateur avancé des crises à venir, a commencé à souffrir.
Certains secteurs continuent de bien se porter et des entreprises continuent de connaitre des croissances fortes. Pour les autres, la nécessité de changer de modèle et de se réinventer s’est imposée à elles. Avec des plans de retournement plus lourds et plus complexes à mettre en œuvre.
En 2024–2025, nous nous attendons malheureusement à des restructurations plus nombreuses avec des impacts sociaux probables. Nous avons commencé a assisté à des démarrages de discussions pour des plans de réduction des coûts.
Les dossiers de restructuration ont fortement évolué sur les 20 dernières années. Elles concernaient plutôt les ETI et les PME, avec des procédures judiciarisées essentiellement axées sur des problématiques financières avec des plans de redressement peu complexes. Aujourd’hui, les entreprises concernées sont de taille plus importante et des dossiers de restructuration beaucoup plus complexes. La multiplication des modes de financements, les activités souvent mondialisées et les business models interconnectés, obligent à plus d’anticipation, à une approche complète des problématiques, à une compréhension fine de la création de valeur et des grands équilibres économiques.
Sur un plan réglementaire, la transposition de la directive européenne Insolvency a apporté un certain rééquilibrage entre les entreprises en difficulté et leurs créanciers. Qu’en est-il concrètement ?
Il y a, en effet, une nette volonté de rééquilibrage des pouvoirs. Il s’agit là d’un changement majeur de doctrine. Cette transposition étant récente, nous en observerons les conséquences dans les prochains mois.
Concrètement, il est probable que nous connaissions des dossiers de restructuration plus internationaux et de taille significative impliquant des créanciers prêts à convertir leur dette en capital. Ces restructurations devraient être facilitées par ces nouvelles règles
Pour les dossiers de taille plus modeste, avec des créanciers plus traditionnels sans velléité particulière de prendre la main, le rapport de force sera quelque peu modifié par cette transposition. Mais le traitement des dossiers ne devrait pas évoluer significativement. Pour autant, il faudra que les nouvelles relations issues de cette transposition n’obèrent pas la nécessité de trouver rapidement des solutions pérennes pour toutes les parties prenantes.
Les impacts de la transposition de cette directive sur l’imbrication des différents champs du droit, notamment des sociétés, boursier, des contrats, des sûretés… sont en cours. Mais l’actualité réglementaire reste plutôt réduite dans le domaine de la restructuration et du Retournement avec une pratique qui devrait être assez stable sur les trois prochaines années.
En matière de restructuring, quelles sont vos ambitions ?
Aujourd’hui, Eight Advisory est le leader du marché du restructuring et du retournement en France, et dispose d’une position compétitive forte en Europe continentale. Notre ambition est de devenir le leader européen sur les marchés du conseil stratégique et financier en retournement et restructuration.
Pour poursuivre votre développement et atteindre cet objectif, recrutez-vous pour renforcer vos équipes ?
Nos équipes restructuring et retournement accueillent en permanence des professionnels, talentueux disposant d’expertises et d’expériences utiles dans ces situations. Leur point commun est leur envie d’accompagner aux entreprises en difficulté. Nous nous positionnons aux côtés du management pour l’aider à appréhender les difficultés et à comprendre les problématiques, afin de trouver avec lui les moyens d’y faire face et lui faciliter la prise de décision.
Notre principale force est de comprendre rapidement la situation, pour mettre en œuvre les bonnes expertises et les expériences utiles pour résoudre le problème rencontré par le Dirigeant. Cela n’est enseigné nulle part et nos équipes font preuve de curiosité, d’innovation, d’implication pour être au service du dirigeant.