Une approche vertueuse et visionnaire de la gestion des infrastructures et des réseaux

Une approche vertueuse et visionnaire de la gestion des infrastructures et des réseaux

Dossier : Vie des entreprises - Logistique et supply chain, les infrastructures du numériqueMagazine N°800 Décembre 2024
Par Thomas BERTRAND

Grâce à son modèle de mutua­li­sa­tion des infra­struc­tures pas­sives et actives de télé­com­mu­ni­ca­tions, Cell­nex apporte une cou­ver­ture de qua­li­té sur l’ensemble des ter­ri­toires où le groupe est implan­té, lutte contre la frac­ture numé­rique et contri­bue à la tran­si­tion envi­ron­ne­men­tale. Le point avec Tho­mas Ber­trand, Pré­sident direc­teur géné­ral de Cell­nex France.

Quel est le métier de Cellnex ?

Cell­nex est une tower­co (« Tower Com­pa­ny »). Cette acti­vi­té s’est his­to­ri­que­ment déve­lop­pée aux États-Unis autour d’opérateurs qui gèrent de manière effi­ciente et opti­male les infra­struc­tures spé­cia­li­sées et de télé­com­mu­ni­ca­tions, du type pylônes, antennes… Son métier est de conce­voir, construire, opé­rer et main­te­nir les infra­struc­tures néces­saires au déploie­ment des réseaux de télé­com­mu­ni­ca­tion, au ser­vice des opé­ra­teurs mobiles.

Le patri­moine dont nous par­lons (pylônes, antennes) est géné­ra­le­ment héber­gé sur des par­celles qui appar­tiennent à des par­ti­cu­liers, des muni­ci­pa­li­tés, des opé­ra­teurs publics… Les tower­cos s’occupent ain­si éga­le­ment des rela­tions avec ces bailleurs, ain­si qu’avec les opé­ra­teurs mobiles qui ont besoin de ces infra­struc­tures et qui attendent une qua­li­té de ser­vice optimale.

Dans ce contexte, nous encou­ra­geons d’ailleurs un modèle extrê­me­ment ver­tueux : la mutua­li­sa­tion des infra­struc­tures. Il s’agit de par­ta­ger les infra­struc­tures exis­tantes et de les mettre au ser­vice de plu­sieurs opé­ra­teurs. Cela per­met de répondre à plu­sieurs objectifs :

  • amé­lio­rer l’efficacité du déploie­ment pour les opé­ra­teurs mobiles,
  • per­mettre une mise en ser­vice plus rapide de la couverture,
  • réduire les coûts,
  • évi­ter un phé­no­mène de « sur-construc­tion » d’infrastructures dans un contexte où le fon­cier se fait plus rare et où la réduc­tion de l’empreinte car­bone et envi­ron­ne­men­tale des réseaux est abso­lu­ment indispensable.

D’origine espa­gnole, Cell­nex est avant tout une entre­prise euro­péenne pré­sente dans 12 pays avec une impor­tante pré­sence en France, en Espagne, en Ita­lie, en Pologne et au Royaume-Uni. En 2024, Cell­nex dis­pose d’un patri­moine de plus de 130 000 sites en Europe, avec à terme 30 000 sites en France où l’entreprise réa­lise son plus gros chiffre d’affaires.

Qu’en est-il plus particulièrement en France ?

En France, Cell­nex a eu une crois­sance très forte ces der­nières années avec l’acquisition d’actifs de plu­sieurs opé­ra­teurs, dont Bouygues Télé­com, Free Mobile et SFR, soit un patri­moine de plus de 25 000 sites dis­po­nibles en par­tage à tous les opé­ra­teurs mobiles pour ins­tal­ler et déployer leurs antennes 4G et 5G.

Dans le cadre du déploie­ment du réseau de fibre optique en France, nous sommes pas­sés d’une logique de Tower­co à celle d’Infraco. En plus des infra­struc­tures mobiles, nous met­tons aus­si en par­tage des infra­struc­tures fixes, dans la fou­lée d’un inves­tis­se­ment de plus d’un mil­liard d’euros à date dans la construc­tion d’un réseau de fibre optique natio­nal de 31 000 kilo­mètres, dont les deux tiers ont déjà été fina­li­sés. À cela s’ajoutent 130 data cen­ters de proximité.

À ce jour, les inves­tis­se­ments de Cell­nex en France s’élèvent à plus de 11 mil­liards d’euros depuis 2016, qui ont per­mis de finan­cer le déve­lop­pe­ment des réseaux en France, en par­ti­cu­lier la cou­ver­ture des zones non cou­vertes et le déploie­ment de la 5G à l’échelle nationale.

Revenons sur les grandes lignes de votre offre. Pouvez-vous nous en dire plus ?

En France, elle s’articule autour de 3 piliers.

Tout d’abord, les infra­struc­tures mobiles par­ta­gées, pylônes et toit-ter­rasses, que nous met­tons donc à la dis­po­si­tion des opé­ra­teurs mobiles. Cette offre per­met une mutua­li­sa­tion des opé­ra­tions de ser­vice et de ges­tion de patri­moine, et garan­tit éga­le­ment une sécu­ri­sa­tion et péren­ni­sa­tion dans le temps.

Notre seconde offre concerne le ser­vice de réseau fixe – fibre et data cen­ters – qui s’adresse essen­tiel­le­ment aux opé­ra­teurs de connec­ti­vi­té. Il s’agit d’un back­bone de longue dis­tance qui relie les plus grandes métro­poles fran­çaises et un réseau de proxi­mi­té sur plus de 90 agglo­mé­ra­tions en France pour connec­ter les entre­prises et les enti­tés publiques.

Notre troi­sième offre tourne autour des cou­ver­tures spé­ciales. C’est une acti­vi­té à fort poten­tiel qui pré­voit le déploie­ment, dans des lieux très spé­ci­fiques (métro, stades, centres com­mer­ciaux…) d’une infra­struc­ture dédiée sur demande per­met­tant à des opé­ra­teurs de s’y connec­ter afin d’améliorer la qua­li­té et la capa­ci­té du réseau à cet endroit. 

Quels sont les principaux projets qui mobilisent Cellnex ?

En ce moment, l’un de nos pro­jets les plus emblé­ma­tiques concerne la cou­ver­ture des lignes 16 et 17 du nou­veau métro du Grand Paris Express.

La Socié­té des grands pro­jets a confié à Cell­nex, à l’issue d’un appel d’offres, la res­pon­sa­bi­li­té de déployer toute la cou­ver­ture des tun­nels et des sta­tions de ces deux nou­velles lignes.

Nous avons ain­si assu­ré la cou­ver­ture 4G et 5G de la Gare de Saint-Denis – Pleyel, qui a voca­tion à deve­nir un véri­table hub pour les voya­geurs d’Île-de-France, et a d’ailleurs été inau­gu­rée juste avant les Jeux olym­piques, par le Pré­sident de la Répu­blique Emma­nuel Macron.

Cell­nex apporte une cou­ver­ture 4G et 5G d’une très haute qua­li­té à ces futures lignes de métro. En com­plé­ment, nous four­nis­sons aus­si les cou­ver­tures « in-door » dans le cadre de notre ser­vice de cou­ver­ture spéciale.

Après une très forte croissance marquée par plus d’une quarantaine d’acquisitions, Cellnex ouvre un nouveau chapitre dans son développement. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Ce très fort déve­lop­pe­ment s’est ins­crit dans une période où les opé­ra­teurs avaient besoin de finan­ce­ment. La vente de leurs infra­struc­tures pas­sives à Cell­nex leur a per­mis de finan­cer leurs inves­tis­se­ments visant à étendre leur cou­ver­ture, notam­ment en 5G. C’était éga­le­ment une période où les taux d’intérêt étaient très favo­rables à l’investissement avec une dette à taux faible. Cell­nex est ain­si deve­nu le plus grand opé­ra­teur d’infrastructures Télé­com en Europe.

Aujourd’hui, Cell­nex ouvre un nou­veau cha­pitre dans son déve­lop­pe­ment en pas­sant donc d’une stra­té­gie de forte crois­sance par acqui­si­tions, à une phase de crois­sance orga­nique au ser­vice de la ren­ta­bi­li­té de nos actifs et de l’efficience de nos opé­ra­tions. Si nous main­te­nons une poli­tique d’investissement plus ciblée, nous nous concen­trons actuel­le­ment sur l’industrialisation de l’entreprise et l’automatisation des pro­ces­sus en capi­ta­li­sant sur l’innovation et les nou­velles tech­no­lo­gies telles que l’intelligence arti­fi­cielle, pour opti­mi­ser la ges­tion de notre parc de plu­sieurs dizaines de mil­liers de sites.

En paral­lèle, nous nous atten­dons à voir une hausse des besoins de cou­ver­ture de den­si­fi­ca­tion dans les grandes villes où il va être plus dif­fi­cile d’installer de nou­velles infra­struc­tures. Face à ce constat, Cell­nex ambi­tionne de deve­nir un opé­ra­teur neutre de « Small Cells », une tech­no­lo­gie par­ti­cu­liè­re­ment inno­vante qui per­met de den­si­fier la cou­ver­ture mobile dans les centres urbains, mais aus­si des zones qui deviennent plus denses ponc­tuel­le­ment, comme des sta­tions bal­néaires, de sport d’hiver… C’est un axe stra­té­gique que nous enten­dons déve­lop­per dans toutes les géo­gra­phies où nous sommes implantés.

Qu’en est-il de vos enjeux ?

Le prin­ci­pal enjeu consiste à sécu­ri­ser le fon­cier et à pro­té­ger la cou­ver­ture mobile. En effet, contrai­re­ment à d’autres pays en Europe, les baux de loca­tions télé­com en France ne béné­fi­cient pas de pro­tec­tion par­ti­cu­lière. Des spé­cu­la­teurs peuvent ain­si pré­emp­ter ces baux à leur renou­vel­le­ment, exi­ger le déman­tè­le­ment des antennes, et ain­si mettre en dan­ger la cou­ver­ture mobile de tout un territoire.

À ce niveau, un ren­for­ce­ment du cadre légis­la­tif est néces­saire pour pro­té­ger la cou­ver­ture mobile, un ser­vice qui relève de l’intérêt géné­ral. Ces méca­nismes légis­la­tifs visant à garan­tir la péren­ni­té de la cou­ver­ture mobile existent en Ita­lie ou au Royaume-Uni, mais pas encore en France. L’article 17 du pro­jet de loi de sim­pli­fi­ca­tion de la vie éco­no­mique consti­tue à ce titre une pre­mière réponse pour assu­rer la sécu­ri­sa­tion de ces baux par­ti­cu­liè­re­ment stra­té­giques pour la cou­ver­ture numé­rique du ter­ri­toire. Après le vote au Sénat le 22 octobre der­nier, il ne reste plus au texte qu’à pas­ser au vote de l’Assemblée nationale !

« Face à la multiplication des infrastructures numériques se pose aussi la question de la réduction de l’empreinte environnementale des réseaux de données. »

Face à la mul­ti­pli­ca­tion des infra­struc­tures numé­riques se pose aus­si la ques­tion de la réduc­tion de l’empreinte envi­ron­ne­men­tale des réseaux de don­nées. For­te­ment enga­gé sur la dimen­sion envi­ron­ne­men­tale, Cell­nex obtient les plus hauts scores sur de nom­breux indices inter­na­tio­naux (CDP, FTSE4Good, MSCI, Sustainalytics).

En 2023, S&P Glo­bal a recon­nu Cell­nex comme lea­der du sec­teur Télé­com, en l’incluant pour la pre­mière fois dans le « Dow Jones Sus­tai­na­bi­li­ty Index Europe » (DJSI Europe), l’indice de réfé­rence au niveau euro­péen, ain­si que dans le Year­book 2024. En outre, pour la cin­quième année consé­cu­tive, elle a été notée « A » et recon­nue comme « Sup­plier Enga­ge­ment Lea­der » par le Car­bon Dis­clo­sure Pro­ject (CDP).

De même, dans le « Sus­tai­na­ly­tics ESG Risk Rating », Cell­nex s’est posi­tion­né dans le top 1 % des entre­prises du sec­teur et dans le top 4 % de toutes les entre­prises éva­luées dans le monde en termes de déve­lop­pe­ment durable. Eco­va­dis a éga­le­ment décer­né à Cell­nex la médaille de pla­tine pour les objec­tifs atteints en matière de dura­bi­li­té, ce qui n’est le cas que de 1 % des entre­prises. En juin der­nier, le maga­zine TIME a clas­sé Cell­nex au 12e rang des 500 entre­prises les plus durables au monde pour 2024, recon­nais­sant ses actions menées pour la décar­bo­na­tion des réseaux mobiles.

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