Une approche vertueuse et visionnaire de la gestion des infrastructures et des réseaux
Grâce à son modèle de mutualisation des infrastructures passives et actives de télécommunications, Cellnex apporte une couverture de qualité sur l’ensemble des territoires où le groupe est implanté, lutte contre la fracture numérique et contribue à la transition environnementale. Le point avec Thomas Bertrand, Président directeur général de Cellnex France.
Quel est le métier de Cellnex ?
Cellnex est une towerco (« Tower Company »). Cette activité s’est historiquement développée aux États-Unis autour d’opérateurs qui gèrent de manière efficiente et optimale les infrastructures spécialisées et de télécommunications, du type pylônes, antennes… Son métier est de concevoir, construire, opérer et maintenir les infrastructures nécessaires au déploiement des réseaux de télécommunication, au service des opérateurs mobiles.
Le patrimoine dont nous parlons (pylônes, antennes) est généralement hébergé sur des parcelles qui appartiennent à des particuliers, des municipalités, des opérateurs publics… Les towercos s’occupent ainsi également des relations avec ces bailleurs, ainsi qu’avec les opérateurs mobiles qui ont besoin de ces infrastructures et qui attendent une qualité de service optimale.
Dans ce contexte, nous encourageons d’ailleurs un modèle extrêmement vertueux : la mutualisation des infrastructures. Il s’agit de partager les infrastructures existantes et de les mettre au service de plusieurs opérateurs. Cela permet de répondre à plusieurs objectifs :
- améliorer l’efficacité du déploiement pour les opérateurs mobiles,
- permettre une mise en service plus rapide de la couverture,
- réduire les coûts,
- éviter un phénomène de « sur-construction » d’infrastructures dans un contexte où le foncier se fait plus rare et où la réduction de l’empreinte carbone et environnementale des réseaux est absolument indispensable.
D’origine espagnole, Cellnex est avant tout une entreprise européenne présente dans 12 pays avec une importante présence en France, en Espagne, en Italie, en Pologne et au Royaume-Uni. En 2024, Cellnex dispose d’un patrimoine de plus de 130 000 sites en Europe, avec à terme 30 000 sites en France où l’entreprise réalise son plus gros chiffre d’affaires.
Qu’en est-il plus particulièrement en France ?
En France, Cellnex a eu une croissance très forte ces dernières années avec l’acquisition d’actifs de plusieurs opérateurs, dont Bouygues Télécom, Free Mobile et SFR, soit un patrimoine de plus de 25 000 sites disponibles en partage à tous les opérateurs mobiles pour installer et déployer leurs antennes 4G et 5G.
Dans le cadre du déploiement du réseau de fibre optique en France, nous sommes passés d’une logique de Towerco à celle d’Infraco. En plus des infrastructures mobiles, nous mettons aussi en partage des infrastructures fixes, dans la foulée d’un investissement de plus d’un milliard d’euros à date dans la construction d’un réseau de fibre optique national de 31 000 kilomètres, dont les deux tiers ont déjà été finalisés. À cela s’ajoutent 130 data centers de proximité.
À ce jour, les investissements de Cellnex en France s’élèvent à plus de 11 milliards d’euros depuis 2016, qui ont permis de financer le développement des réseaux en France, en particulier la couverture des zones non couvertes et le déploiement de la 5G à l’échelle nationale.
Revenons sur les grandes lignes de votre offre. Pouvez-vous nous en dire plus ?
En France, elle s’articule autour de 3 piliers.
Tout d’abord, les infrastructures mobiles partagées, pylônes et toit-terrasses, que nous mettons donc à la disposition des opérateurs mobiles. Cette offre permet une mutualisation des opérations de service et de gestion de patrimoine, et garantit également une sécurisation et pérennisation dans le temps.
Notre seconde offre concerne le service de réseau fixe – fibre et data centers – qui s’adresse essentiellement aux opérateurs de connectivité. Il s’agit d’un backbone de longue distance qui relie les plus grandes métropoles françaises et un réseau de proximité sur plus de 90 agglomérations en France pour connecter les entreprises et les entités publiques.
Notre troisième offre tourne autour des couvertures spéciales. C’est une activité à fort potentiel qui prévoit le déploiement, dans des lieux très spécifiques (métro, stades, centres commerciaux…) d’une infrastructure dédiée sur demande permettant à des opérateurs de s’y connecter afin d’améliorer la qualité et la capacité du réseau à cet endroit.
Quels sont les principaux projets qui mobilisent Cellnex ?
En ce moment, l’un de nos projets les plus emblématiques concerne la couverture des lignes 16 et 17 du nouveau métro du Grand Paris Express.
La Société des grands projets a confié à Cellnex, à l’issue d’un appel d’offres, la responsabilité de déployer toute la couverture des tunnels et des stations de ces deux nouvelles lignes.
Nous avons ainsi assuré la couverture 4G et 5G de la Gare de Saint-Denis – Pleyel, qui a vocation à devenir un véritable hub pour les voyageurs d’Île-de-France, et a d’ailleurs été inaugurée juste avant les Jeux olympiques, par le Président de la République Emmanuel Macron.
Cellnex apporte une couverture 4G et 5G d’une très haute qualité à ces futures lignes de métro. En complément, nous fournissons aussi les couvertures « in-door » dans le cadre de notre service de couverture spéciale.
Après une très forte croissance marquée par plus d’une quarantaine d’acquisitions, Cellnex ouvre un nouveau chapitre dans son développement. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Ce très fort développement s’est inscrit dans une période où les opérateurs avaient besoin de financement. La vente de leurs infrastructures passives à Cellnex leur a permis de financer leurs investissements visant à étendre leur couverture, notamment en 5G. C’était également une période où les taux d’intérêt étaient très favorables à l’investissement avec une dette à taux faible. Cellnex est ainsi devenu le plus grand opérateur d’infrastructures Télécom en Europe.
Aujourd’hui, Cellnex ouvre un nouveau chapitre dans son développement en passant donc d’une stratégie de forte croissance par acquisitions, à une phase de croissance organique au service de la rentabilité de nos actifs et de l’efficience de nos opérations. Si nous maintenons une politique d’investissement plus ciblée, nous nous concentrons actuellement sur l’industrialisation de l’entreprise et l’automatisation des processus en capitalisant sur l’innovation et les nouvelles technologies telles que l’intelligence artificielle, pour optimiser la gestion de notre parc de plusieurs dizaines de milliers de sites.
En parallèle, nous nous attendons à voir une hausse des besoins de couverture de densification dans les grandes villes où il va être plus difficile d’installer de nouvelles infrastructures. Face à ce constat, Cellnex ambitionne de devenir un opérateur neutre de « Small Cells », une technologie particulièrement innovante qui permet de densifier la couverture mobile dans les centres urbains, mais aussi des zones qui deviennent plus denses ponctuellement, comme des stations balnéaires, de sport d’hiver… C’est un axe stratégique que nous entendons développer dans toutes les géographies où nous sommes implantés.
Qu’en est-il de vos enjeux ?
Le principal enjeu consiste à sécuriser le foncier et à protéger la couverture mobile. En effet, contrairement à d’autres pays en Europe, les baux de locations télécom en France ne bénéficient pas de protection particulière. Des spéculateurs peuvent ainsi préempter ces baux à leur renouvellement, exiger le démantèlement des antennes, et ainsi mettre en danger la couverture mobile de tout un territoire.
À ce niveau, un renforcement du cadre législatif est nécessaire pour protéger la couverture mobile, un service qui relève de l’intérêt général. Ces mécanismes législatifs visant à garantir la pérennité de la couverture mobile existent en Italie ou au Royaume-Uni, mais pas encore en France. L’article 17 du projet de loi de simplification de la vie économique constitue à ce titre une première réponse pour assurer la sécurisation de ces baux particulièrement stratégiques pour la couverture numérique du territoire. Après le vote au Sénat le 22 octobre dernier, il ne reste plus au texte qu’à passer au vote de l’Assemblée nationale !
« Face à la multiplication des infrastructures numériques se pose aussi la question de la réduction de l’empreinte environnementale des réseaux de données. »
Face à la multiplication des infrastructures numériques se pose aussi la question de la réduction de l’empreinte environnementale des réseaux de données. Fortement engagé sur la dimension environnementale, Cellnex obtient les plus hauts scores sur de nombreux indices internationaux (CDP, FTSE4Good, MSCI, Sustainalytics).
En 2023, S&P Global a reconnu Cellnex comme leader du secteur Télécom, en l’incluant pour la première fois dans le « Dow Jones Sustainability Index Europe » (DJSI Europe), l’indice de référence au niveau européen, ainsi que dans le Yearbook 2024. En outre, pour la cinquième année consécutive, elle a été notée « A » et reconnue comme « Supplier Engagement Leader » par le Carbon Disclosure Project (CDP).
De même, dans le « Sustainalytics ESG Risk Rating », Cellnex s’est positionné dans le top 1 % des entreprises du secteur et dans le top 4 % de toutes les entreprises évaluées dans le monde en termes de développement durable. Ecovadis a également décerné à Cellnex la médaille de platine pour les objectifs atteints en matière de durabilité, ce qui n’est le cas que de 1 % des entreprises. En juin dernier, le magazine TIME a classé Cellnex au 12e rang des 500 entreprises les plus durables au monde pour 2024, reconnaissant ses actions menées pour la décarbonation des réseaux mobiles.