Pierre Bois (99), une autorité ouverte et attentive
Élevé dans le respect de valeurs de groupe, aux parents enseignants, d’histoire pour le père à l’université de Nantes, et d’histoire- géographie pour la mère dans un collège d’Angers ; un frère et une sœur, de six et trois ans ses aînés : ingénieurs l’un et l’autre, la sœur opta pour le design et le luxe, le frère pour l’industrie du pneu.
La prépa au lycée Clemenceau, à Nantes : « Je garde une infinie reconnaissance pour nos professeurs, qui nous ont bien plus apporté que des résultats aux concours. »
“ Ce sont les rencontres qui façonnent une vie ”
Il fit son service national en outre-mer dans les unités du service militaire adapté (SMA) : les régiments du SMA avaient à l’époque pour vocation de dispenser aux contingents d’appelés non diplômés, au-delà de la formation militaire de base, des formations professionnelles susceptibles de favoriser leur insertion dans la vie active à l’issue de leur service.
À Palaiseau, il travailla dur, à la limite de la pougne – et donc ne profita pas à fond de toutes les ressources de la vie sociale sur le Plateau, hormis la danse.
AU SECOURS D’ENTREPRISES EN DIFFICULTÉ
Entré dans le corps des Mines, il fut en premier poste à la DRIRE de Strasbourg, avant d’être nommé directeur adjoint de l’École des mines d’Alès. Il s’y trouva une première vocation, redresser des entreprises en difficulté, avec deux amis et associés.
Dessin : Laurent SIMON
« Ce sont les rencontres qui façonnent une vie : beaucoup de sites industriels du secteur de la chimie se trouvaient dans l’incertitude, non pas faute d’actifs, de savoir-faire ou de marchés, mais par manque de perspectives stratégiques et d’entrepreneurs.
Par ailleurs, nous avions des compétences très complémentaires avec un industriel expérimenté, directeur d’usine, et un ingénieur financier expert en M&A, l’un et l’autre chimistes ; ma contribution se trouvait dans les domaines réglementaire et scientifique.
L’entreprise a bien prospéré jusqu’en 2014 – on y a atteint la centaine de salariés pour 30 Me de chiffre d’affaires – avant de traverser en 2015 de sérieuses turbulences.
Dix-huit mois de consolidation dans des conditions d’extrême incertitude auront été nécessaires pour retrouver le fil de la croissance fin 2016. »
UN COMMUNICATEUR-NÉ
On le constate : encore plus que son aisance à s’exprimer, oralement ou par écrit, Pierre Bois éprouve une joie à le faire. C’est un communicateur-né. En littérature, il est sensible au perfectionnisme dans l’expression : Flaubert, Mishima et Makine sont au nombre de ses auteurs favoris.
En dessin et peinture, il suivit à l’X les cours d’Hervé Loilier et s’initia à l’histoire de l’art.
Pour ses loisirs, il privilégie les sports de pleine nature, ski et VTT. « En ski, j’ai pu suivre les formations de moniteur fédéral, qui me permettent d’encadrer des groupes de jeunes le week-end dans un petit club local.
Quant au VTT, je bricole sans relâche toutes sortes de montures, avec un goût certain pour les solutions techniques un peu exotiques, indépendamment de leur efficacité sur le terrain, souvent aléatoire. »
VEILLER À L’INTÉRÊT PUBLIC
Cet homme est la mobilité même. Je le revois, lors de notre première rencontre, dans un amphithéâtre : il s’y déplaçait rapidement, de haut en bas, de gauche à droite, pour faire face, pour susciter le dialogue avec le plus d’interlocuteurs possibles.
C’était là, de sa part, non seulement politesse et sens du dévouement à l’intérêt collectif ; c’était aussi, je m’en rendis compte, signe de sa volonté d’être présent à autrui, dans de multiples centres d’intérêt.
“ La volonté d’être présent à autrui ”
Est-il surprenant qu’il soit à présent à la tête d’une Agence veillant à l’intérêt public ? En définitive, il reprit en effet courant 2016 une activité dans la fonction publique – chef de la division de Strasbourg de l’autorité de sûreté nucléaire – problèmes de la centrale de Fessenheim y compris.
Ce nouveau job fait son bonheur : « J’y ai des sujets techniques solides à investiguer, avec une excellente petite équipe d’ingénieurs, et au sein d’une belle maison qu’est l’ASN. »
C’est aussi un décideur, par choix. Son activité présente combine pour lui la lucidité d’une analyse rationnelle, le bonheur de la formulation et la dilection pour des relations humaines ancrées dans la confiance mutuelle.
C’est dire combien il abhorre les conflits, surtout lorsqu’ils ont de mauvaises raisons, telles que l’antipathie personnelle, ou une qualité de raisonnement à son sens insuffisante.