Une banque à l’avant-garde de la finance durable
Banque pionnière en matière de financement durable, ING poursuit son développement en donnant aux entreprises les moyens de financer leur transition environnementale. Laurent Bassi, directeur des financements durables chez ING France, nous en dit plus.
Comment votre banque s’adapte-t-elle aux évolutions récentes du marché financier, notamment en matière de finance durable ?
ING est une banque très engagée, et même pionnière sur le sujet de la durabilité. Nous avons publié notre premier rapport sur la durabilité il y a déjà 30 ans. Ce positionnement s’explique par le fait que la Hollande est un pays précurseur en matière de transition environnementale et de lutte contre le réchauffement climatique, alors qu’une grande partie du territoire est sous le niveau de la mer. Il s’agit donc d’une question existentielle pour le pays !
Nous faisons partie de la Net Zero Banking Alliance et monitorons notre impact avec pour objectif d’atteindre la neutralité carbone.
En notre qualité de banque, notre impact est directement lié aux financements que nous mettons à la disposition de nos clients et aussi en tant qu’intermédiaire sur les marchés de capitaux. Sur un plan plus opérationnel, notre engagement se matérialise à différents niveaux. Au-delà du travail de reporting, nous nous sommes dotés d’une approche dédiée, Terra, qui vise à s’assurer que nos activités sont bien en ligne avec nos engagements climatiques. Dans le cadre de Terra, nous avons identifié les secteurs qui nécessitent une vigilance accrue en termes d’investissement et qui incluent notamment l’oil & gas, l’énergie de manière générale, l’immobilier, le ciment, l’acier… Cette liste est régulièrement mise à jour. Nous y avons, d’ailleurs, ajouté deux nouveaux secteurs cette année : les produits laitiers et l’aluminium.
“Forts de notre esprit pionnier, nous avons été la première banque à lancer les financements bancaires indexés sur des objectifs de développement durable (Sustainability-Linked Loans) en France.”
Cet engagement en faveur du développement durable et de la neutralité carbone nous pousse à être toujours plus innovants et à stimuler le dialogue avec nos clients.
Forts de notre esprit pionnier, nous avons été la première banque à lancer les financements bancaires indexés sur des objectifs de développement durable (Sustainability-Linked Loans) en France. Nous avons notamment accompagné EDF, Gecina et Cérélia sur les premiers prêts Sustainability-Linked dans leurs segments respectifs, à savoir Corporate, Real Estate et Leveraged Buy Out. Plus récemment, en début d’année, nous avons franchi un nouveau cap en réalisant la première transaction dans le secteur des transports bénéficiant du format de Green Pure Player, aligné sur la taxonomie européenne, pour Eurostar.
Quels sont les principaux obstacles économiques et conjoncturels que vous rencontrez dans la mise en œuvre de financements durables ? Comment les surmontez-vous ?
La finance durable permet de mettre en évidence les stratégies ESG des entreprises aussi bien de leurs investissements et réalisations que de leurs ambitions et des objectifs qui y sont liés. Cela permet aux entreprises qui s’engagent de se mobiliser autour d’enjeux et thèmes spécifiques avec des indicateurs et des objectifs et/ou des investissements précis. Cette approche volontaire et transparente de l’engagement des entreprises se heurte parfois à de multiples défis comme l’accès à des données précises, quantifiables, mesurables et auditables mais aussi à définir des trajectoires et des objectifs futurs qui s’y rattachent dans le cadre d’instruments financiers Sustainability-Linked en particulier. À cela s’ajoutent les évolutions de périmètres et d’activités, inhérentes à la vie des entreprises. Même s’il existe de nombreuses manières de répondre à ces sujets dans les documentations financières, le timing peut être un obstacle et des clauses de rendez-vous, par exemple, permettent d’y remédier.
Le contexte passé et révolu de taux bas et proche de zéro, permettait de « valoriser » les mécanismes d’ajustement des marges (à la hausse ou la baisse et au maximum de 10 % de la marge des banques) des prêts Sustainability-Linked de manière substantielle. La remontée des taux a dilué de manière significative la valeur de ces ajustements. De plus, cela s’est accompagné d’une plus grande vigilance et d’une formalisation des règles et standardisation de structuration des prêts. Là où les pratiques de marché prévalaient, de nouvelles normes de marchés (LMA) sont apparues, apportant une standardisation et des contraintes additionnelles pour les emprunteurs.
« Les objectifs fixés se doivent d’être ambitieux et difficiles à atteindre, ce qui permet notamment d’éviter de potentielles accusations de greenwashing contre-productives. »
On note aussi une forme de « choc des cultures ». Dans la finance dite traditionnelle, les financiers se fixent des objectifs qu’il convient d’atteindre, mais aussi souvent de dépasser. En matière de finance durable, l’approche est différente. Les objectifs fixés se doivent d’être ambitieux et difficiles à atteindre, ce qui permet notamment d’éviter de potentielles accusations de greenwashing contre-productives. La problématique de l’ambition est délicate à appréhender alors que nous ne disposons pas toujours de véritables points de comparaison et/ou d’entreprises réellement comparables (présences géographiques, de mix d’activités, de cycles d’investissements, de maturité, etc.).
Les entreprises ont aussi un enjeu de communication. Elles font face à un environnement où il y a une certaine suspicion ambiante, alors qu’en France, mais aussi dans d’autres pays, il est aujourd’hui possible d’attaquer une entreprise, voire l’État, pour inaction climatique ou non-engagement.
Il est essentiel que l’engagement des entreprises soit réel et sincère. Cet engagement doit être accompagné d’une stratégie avec des objectifs clairs, précis et quantifiés. Ils doivent également s’inscrire dans la durée. Dès lors, adosser les objectifs à des financements est plus aisé mais permet aussi de cristalliser l’engagement, une forme de « Walk the talk » où s’engager à faire ce que l’on dit et pas seulement dire que ce l’on (a) fait. À la valeur financière et économique directe (ajustement de marge et greenium) qui est aujourd’hui diluée, se substitue une valeur de transparence et de gestion des risques financiers et extra-financiers (double matérialité) pour les banques et les investisseurs.
Pouvez-vous partager des exemples concrets de projets financés par ING qui illustrent votre approche de la finance durable ?
Nous avons accompagné EDF, Orange, La Poste, Saint-Gobain, SNCF et plus récemment Eurostar. En financement d’actifs, nous avons conseillé Akiem, Verkor, ACC et de très nombreux investisseurs immobiliers (plus de 90 % de nos financements dans l’immobilier sont verts). Dans le domaine des financements dits Sustainability-Linked, nous avons accompagné ELO (Auchan), Transdev dans le domaine du transport et de la mobilité.
Dans le domaine social, nous avons accompagné de nombreux acteurs, dont La Banque Postale BPCE, CDC Habitat, ACOSS, ou encore Council of Europe Development Bank…
Depuis 2017, qui marque véritablement le début de la structuration de la finance durable et sa démocratisation, ING a réalisé, participé et/ou structuré plus de 150 transactions en France.
Selon vous, quels peuvent être les impacts de la CSRD et de la taxonomie sur le développement de la finance durable ?
Ces évolutions réglementaires imposent de nouvelles obligations sur le volet extra-financier avec notamment la double matérialité et des normes de reporting uniformes et standardisées qui doivent permettre la comparabilité des performances. La vérification par des tiers renforce également la fiabilité des données. L’accès à l’information et à la comparabilité sont essentiels pour proposer des structures avec des objectifs matériels et ambitieux et se prémunir contre le greenwashing.
Les analyses et réflexions préalables aux obligations de CSRD placent les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance au plus haut niveau de décision et de gouvernance des entreprises. En cela, adosser la stratégie et les objectifs de développement durable aux instruments de financement devrait être facilité. La taxonomie permet de standardiser ce qui est éminemment vert, cependant elle ne couvre pas tous les secteurs ni toutes les activités à ce stade. Les impacts de la taxonomie sont amenés à évoluer avec son extension à d’autres secteurs et activités mais aussi avec l’avènement des EU Green Bonds (2025) qui y sont adossés.
Sur un plan plus personnel, qu’appréciez-vous dans le secteur ? Quelles carrières peut-il offrir à des ingénieurs ?
C’est un environnement absolument passionnant, nous sommes véritablement au cœur des enjeux environnementaux aux côtés de toutes les entreprises, quels que soient leur taille ou leur secteur d’activité avec une approche holistique des besoins de financements. Nous sommes amenés à échanger avec toutes les composantes d’une entreprise, du management aux opérationnels et pas seulement les fonctions Finances et durabilité (ESG/RSE).
Plus que jamais, les ingénieurs ont totalement leur place dans cet univers financier qui est en première ligne pour promouvoir et assurer la réussite de la transition économique et écologique. Les besoins et les opportunités sont nombreux dans les domaines de la data, des financements et des investissements afin d’accompagner les entreprises et la société dans leurs besoins liés au changement climatique aussi bien de mitigation que d’adaptation.