Une économie circulaire du CO2 au service de la décarbonation de l’industrie
CarbonWorks innove sur la capture du CO2 et sa valorisation en produits biosourcés pour l’industrie grâce aux microalgues photosynthétiques. Guillaume Charpy, CEO de la jeune pousse française, nous en dit plus sur cette innovation de rupture et nous explique son fonctionnement. Entretien.
Qu’est-ce que CarbonWorks ?
CarbonWorks offre une solution qui, dans un processus unique, répond à un double objectif de décarbonation : la capture de CO2, et la production de produits biosourcés en substitution de matières premières d’origine fossile.
Notre ambition est de faire de la capture de carbone par les microalgues une brique qui contribue de manière significative à la décarbonation de l’industrie et à la transition écologique. Nous développons pour cela des technologies de rupture pour permettre une culture intensive des microalgues et ainsi massifier la décarbonation.
Pouvez-vous nous en dire plus sur ce processus de capture de carbone ?
La capture du carbone de CarbonWorks est biologique et repose sur le processus de photosynthèse. Pour mémoire la photosynthèse est le processus par lequel une plante capture et assimile le carbone du CO2 pour sa croissance, et rejette l’oxygène. Ce sont les microalgues que nous cultivons qui font ce travail de photosynthèse. Concrètement, nous alimentons nos bassins de culture de microalgues avec le CO2 industriel, mais également avec de la lumière : c’est en effet l’énergie du photon qui permet au végétal d’assimiler le carbone.
“En amont, nous capturons le CO2 industriel pour faire croître les microalgues, et en aval nous faisons produire à ces microalgues des molécules pour alimenter l’industrie en matières premières biosourcées.”
Mais c’est bien la seconde étape qui donne sa valeur à la capture du CO2. Les microalgues sont des micro-organismes qui sont apparus sur terre il y a trois milliards d’années. Elles ont développé une capacité formidable à produire différentes molécules pour s’adapter à leur environnement. En fonction de la souche cela peut être des protéines, des lipides, des toxines, etc. : ce sont en quelque sorte des micro-usines naturelles. En choisissant telle souche de microalgue, il est ainsi possible de produire telle molécule d’intérêt pour l’industrie.
Pour résumer, en amont, nous capturons le CO2 industriel pour faire croître les microalgues, et en aval nous faisons produire à ces microalgues des molécules pour alimenter l’industrie en matières premières biosourcées.
En quoi votre solution est-elle pertinente pour la décarbonation de l’industrie ?
Nous pratiquons ce qu’on appelle la CCU (Carbon Capture and Utilisation) ou CVC (Capture et Valorisation du Carbone). Cette solution évite l’extraction de matières carbonées fossiles, puisqu’au lieu d’aller chercher plus de carbone dans le sous-sol (pétrole…) pour produire ce dont nous avons besoin, nous allons chercher ce carbone dans les émissions de CO2. C’est là que réside l’intérêt de notre savoir-faire : contribuer à l’économie circulaire du CO2. Cette économie circulaire peut s’appliquer sur du CO2 d’origine fossile comme d’origine biogénique – celui produit par la décomposition des végétaux, concentré par exemple par un méthaniseur.
Pour cela, nous développons des technologies de rupture pour passer d’une culture extensive des microalgues à une culture intensive. C’est ce moyen qui permettra de massifier notre solution sans consommer plus de terres, plus d’eau, et sans porter atteinte à la biodiversité.
Pouvez-vous donner des exemples ?
Pour le compte d’une entreprise tierce, nous produisons un fongicide à base de microalgues.
Comme pour nos autres partenaires notre rôle consiste à produire la biomasse pour leur compte et en extraire la molécule d’intérêt. Nous ne sommes en revanche pas sur l’applicatif et ne souhaitons pas nous y positionner.
Nous explorons également des partenariats avec des industriels dans la fabrication de colorants alimentaires ou dans le domaine des oméga 3, mais aussi d’autres molécules toujours pour le compte de l’industrie.
La capacité de production des microalgues est en réalité très vaste et notre solution permet de répondre à des demandes très variées d’industriels intéressés par les produits biosourcés.
Quels sont les défis de CarbonWorks ?
Les défis sont de deux ordres. Monter en échelle nos procédés d’intensification de la culture de microalgues, et par voie de conséquence de production de produits biosourcés et de capture de CO2. Et développer des partenariats avec des industriels désireux de substituer des produits biosourcés à des produits d’origine fossile.
Quelles sont vos perspectives de développement ?
Nous avons réalisé en février 2022 une levée de fonds de 11 millions d’euros auprès d’acteurs de référence. Avec cela nous avons les moyens de faire passer notre technologie à l’échelle et développer des partenariats de production de matières premières naturelles pour le compte de l’industrie. Nous visons un déploiement industriel de nos solutions dès 2025.
En bref
- Création de CarbonWorks en 2021
- 9 familles de brevets qui résultent de 5 ans de R&D
- 7 collaborateurs
- 11 millions d’euros levés en février 2022
- 6 actionnaires : Fermentalg et Suez, et 4 fonds d’investissement avec BNP Paribas, Bpifrance, Demeter, Aquiti Gestion
- Focus CCU