Une fugue de Bach
Autant le dire tout net : j’ai beaucoup aimé Une Fugue de Bach de Jean Salmona.
Pour le style d’abord, rapide et clair, qui entraîne le lecteur dans le récit sans qu’il s’en rende compte. Pour le sujet ensuite, et pour l’idée audacieuse de faire de Bach un personnage de roman.
Une Fugue de Bach est une histoire d’initiation et de transmission entre un Bach bien et bon vivant, et une élève exceptionnellement douée. Initiation à la musique, à l’art culinaire, et à l’amour.
Dans la première partie, musique et cuisine se répondent. Leur complémentarité est une trouvaille. L’amour est un discret contrechant en forme de montée chromatique, délicatesse rare à notre époque où appeler un chat un chat est un minimum.
Dans la seconde, ce thème amoureux occupe le devant de la scène. Le point d’orgue de la conclusion rappelle une certaine Chartreuse éponyme du roman dont elle marquait l’aboutissement en faisant sa première apparition à la dernière ligne.
Avant la guerre, le plus créatif des cuisiniers était Fernand Point. Les chefs de la « nouvelle cuisine » en firent leur prophète et s’inspirèrent de ses préceptes : simplicité, excellence des ingrédients, harmonie des saveurs, nouveauté des accords, élégance de la présentation.
On retrouve ces qualités dans le roman-contrepoint de Jean Salmona, régal trop vite achevé qui est au fond un hymne à la vie.