Une mutuelle dans l’air du temps
À la croisée d’évolutions réglementaires et sociétales structurantes qui redessinent son modèle opérationnel et organisationnel, la Mgéfi poursuit son développement sans perdre de vue son ADN mutualiste et sa volonté d’apporter à ses adhérents les meilleurs services et offres possibles. Christian Pasquetti, directeur général de la Mgéfi, nous en dit plus et nous explique comment son entreprise se réinvente pour être plus que jamais au rendez-vous de ces changements forts.
Dans le paysage mutualiste de la santé et de la protection sociale, qu’est ce que la Mgéfi et comment vous positionnez-vous ?
La Mgéfi est une mutuelle qui a été créée en 2007 à la suite de la fusion de plusieurs mutuelles qui évoluaient dans l’environnement du ministère de l’Économie et des finances. C’est ainsi une mutuelle dite affinitaire. À l’origine, la Mgéfi servait essentiellement les fonctionnaires d’État. Depuis son périmètre d’action s’est élargi et elle sert aujourd’hui toutes les catégories de fonctionnaires, ainsi que les personnels des établissements publics et des structures en lien avec le ministère de l’Économie et des finances.
À fin septembre 2023, la Mgéfi assurait plus de 300 000 personnes pour un chiffre d’affaires de l’ordre de 270 millions d’euros. Mutuelle de référence dans la fonction publique, la Mgéfi est, par ailleurs, affiliée au groupe Matmut depuis le 1er janvier 2023.
Votre actualité est marquée par la PSC. Pouvez-vous nous rappeler le contexte autour de cette évolution réglementaire ?
La Protection sociale complémentaire des agents publics est une grande réforme qui a été lancée en 2021. Avec cette réforme, l’idée est de compenser une différence qui existe entre les agents publics et les salariés de droit privé, dont les employeurs prennent en charge la cotisation à la complémentaire santé.
Au niveau des collectivités territoriales, il y a des dispositifs, comme la labellisation, qui permettent d’aider l’agent dans le paiement de sa cotisation via une contribution de la collectivité. Mais, on ne retrouve pas cette typologie de dispositifs au niveau de la fonction publique d’État, et tout l’enjeu de cette réforme est justement de faire participer l’État à la prise en charge de complémentaire santé des agents publics à hauteur de 50 % du coût.
Depuis, la réforme qui prévoit un volet santé et prévoyance, se met progressivement en place avec, tout d’abord, la participation forfaitaire de l’employeur aux cotisations santé des agents publics de l’État, puis l’obligation pour ces derniers, dès le 1er janvier 2025, d’adhérer à un contrat santé obligatoire via leur employeur.
En matière de prévoyance, les discussions au niveau de chaque ministère sont en encore en cours en ce qui concerne le montant de la contribution, mais aussi de la nature du contrat qui pourrait être un contrat collectif à adhésion facultative…
La PSC va venir remplacer un système construit autour des mutuelles de la fonction publique. Cette évolution implique également des changements de relation, car la PSC introduit une logique de marché public pour choisir les opérateurs qui seront demain les gestionnaires et les assureurs de ces contrats. Ces appels d’offres sont prévus en 2024 et 2025 avec un processus qui va se poursuivre jusqu’en 2026.
Au-delà, la garantie statutaire évolue aussi puisqu’il y a un engagement de l’État employeur qui va dorénavant porter une partie plus importante du risque, notamment en cas de décès, d’invalidité…
Comment la Mgéfi appréhende ces évolutions majeures et structurantes ?
Si notre cœur de métier reste le même, les modalités de gestion des contrats qui sont induits par la PSC entraînent des changements de processus opérationnels ainsi que l’adaptation de nos outils. En effet, nous passons en quelque sorte d’un mode de fonctionnement en « BtoC » à une organisation « BtoBtoC ».
Dans le secteur privé, les contrats d’assurance santé des salariés sont gérés, d’abord, par la fonction RH, puis par un assureur et un gestionnaire. Dans la sphère publique, avant la mise en place de la PSC, les mutuelles comme la Mgéfi traitaient directement avec leurs adhérents. Demain, nous allons devoir nous caler sur le modèle des entreprises privées avec le passage d’une relation individuelle à une relation collective centralisée par les RH.
Cette évolution structurante a, d’ailleurs, été prise en compte par notre plan stratégique Magellan afin d’accompagner notre transition d’une mutuelle affinitaire à une mutuelle qui propose ses services, ses couvertures et ses garanties à toute la fonction publique, de manière plus large. Aujourd’hui, la Mgéfi est, en effet, légitime pour servir d’autres populations ministérielles et fonctions publiques que son cœur de cible historique.
Dès 2023, nous avons lancé VicTerria Santé, une offre destinée à la fonction publique territoriale et distribuée par nos différents réseaux physiques, Mgéfi et Matmut, et digitaux. Dans ce cadre, nous capitalisons d’ailleurs, sur les moyens, notamment de distribution, de la Matmut avec ses 480 agences.
La digitalisation, le développement de la QVTC, les transitions et les crises redessinent les contours de votre secteur. Comment intégrez-vous ces évolutions structurantes ? Comment cela se traduit-il concrètement ?
Nous avons significativement investi dans notre transformation digitale et informatique, environ 4 % de notre chiffre d’affaires chaque année depuis cinq ans. Ces investissements conséquents visent également à adapter nos outils dans un contexte réglementaire qui a été particulièrement évolutif au cours des dernières années (100 % Santé, RGDP, DDA…).
Au cours des cinq dernières années, nous avons ainsi changé intégralement nos systèmes d’information et adopté le CRM Salesforce qui est une référence sur le marché en matière d’amélioration de la relation client. En 2022, nous avons aussi déployé un logiciel de gestion ouvert sur son environnement et interopérable par API (interconncetions entre logiciels et services). Depuis 2018, nous avons ainsi investi près de 20 millions d’euros.
Aujourd’hui, nous travaillons sur le développement d’une plateforme commune avec la Matmut pour la gestion santé. C’est un chantier qui a été lancé en 2023 et qui nous permettra d’avoir un outil industriel partagé qui gèrera plus de 1,2 million de personnes protégées. Ce nouvel équipement nous permettra également de renforcer notre positionnement sur le marché.
En parallèle, l’actualité est aussi marquée par la pression sur les frais de gestion. Dans ce cadre, le modèle vertueux de la Mgéfi permet de maîtriser les augmentations tarifaires. Entre 2017 et 2023, la moyenne des augmentations était de 2 % par an, avec un pic à 3,5 % qui correspond à l’entrée en vigueur du 100 % santé. En 2024, nous sommes sur une augmentation de l’ordre de 5 %. Le taux de redistribution à nos adhérents avoisine 86 %. Concrètement, nos frais de gestion sont compris entre 14 et 16 %, des chiffres parmi les plus bas en comparaison à la moyenne du marché. Et on retrouve là une caractéristique forte de la Mgéfi : offrir à ses adhérents des services et des garanties au meilleur coût.
Comment se profile 2024 ? Quels sont, selon vous, les principaux enjeux qui vont ponctuer cette année ?
Nous sommes, bien évidemment, mobilisés autour des appels d’offres de la réforme PSC. 2024 est, en effet, comme une année charnière pour la Mgéfi, le secteur et les administrations concernées. La réussite de cette évolution majeure dépend de l’engagement de l’ensemble des parties prenantes. Ces appels d’offres représentent un enjeu business et opérationnel, car il s’agit de mettre en œuvre ces contrats qui ont un format et des modalités qui sont totalement nouveaux aussi bien pour l’État que les opérateurs. En parallèle, il s’agit aussi de poursuivre notre intégration opérationnelle avec la Matmut afin de mettre au service de nos adhérents les infrastructures et les ressources de notre groupe.
Au-delà, nous menons actuellement un important plan de recrutement afin d’élargir et de renforcer nos compétences, d’améliorer notre performance… Face à l’évolution actuelle du marché et la nécessité de développer notre visibilité, nous nous sommes dotés d’une direction de la communication et des affaires publiques. Nous avons aussi créé une direction spécifique en charge de la prévention, des serviceset de la RSE.
La Mgéfi s’est aussi lancée dans une démarche de certification au travers de la NF345 de l’AFNOR sur la qualité de service et de la relation client. C’est un projet qui avance très bien, alors que selon les derniers résultats d’une enquête BVA (baromètre de satisfaction client) : 90 % de nos adhérents se déclarent satisfaits ou très satisfaits de nos services !