Portrait ANNE-SOPHIE PASTEL-DUBANTON (88)

Anne-Sophie Pastel-Dubanton (88), une planète plus fraternelle

Dossier : TrajectoiresMagazine N°718 Octobre 2016
Par Pierre LASZLO

Très active à l’É­cole, Anne-Sophie Pas­tel-Duban­ton débute pen­dant six ans à un poste confor­table dans une entre­prise connue. Mais l’en­vie d’en­tre­prendre la tenaille et au moment ou elle attend son pre­mier enfant, décou­vrant le manque de sites sur les jeunes mamans, elle lance avec son mari Auféminin.com qui a eu le suc­cès que l’on connait. Intro­duc­tion en bourse en 2000, vente en 2007. Elle peut désor­mais inven­ter sa propre existence.

Depuis Palai­seau entre­voyait-elle déjà un hori­zon hors sciences ? Son véri­table génie d’entreprise, créa­tion et ges­tion, lui appor­te­ra, encore toute jeune, plus que de la visi­bi­li­té, une célébrité.

Puis, for­tune faite, elle pour­ra écou­ter son altruisme et fon­der une ONG (Ré-Unir) visant une pla­nète plus fraternelle.

Ce qu’elle tient de ses parents ? « Le res­pect des per­sonnes a tou­jours été quelque chose de très impor­tant ain­si que l’honnêteté ou une cer­taine droi­ture d’esprit. Aus­si la curio­si­té, le goût d’apprendre, l’enthousiasme et la douceur. »

Ce qu’elle tient des États- Unis ? « Nous avons encore eu la chance d’y vivre quelques années, ce qui m’a fami­lia­ri­sée avec cette culture très opti­miste et directe dans laquelle je me sens bien. »

La mer, essentielle

Et l’École ? « Ce que j’ai beau­coup aimé en entrant à l’X a été la pos­si­bi­li­té de me lan­cer dans des acti­vi­tés ou pas­sions et de le faire à un niveau pro­fes­sion­nel. Cela m’a don­né des ailes. J’ai été très gâtée tout au long de ma scolarité.

Tou­te­fois, ce que j’ai le plus appré­cié, ce sont les occa­sions de sor­tir du cadre, d’élargir radi­ca­le­ment ma pers­pec­tive. J’ai beau­coup aimé me plon­ger dans les arts et la sculp­ture quand je suis entrée à l’X. »

Le sport ? « L’équipe de vol­ley-ball à l’École. J’ai aus­si été très active dans l’équipe qui fai­sait le tour de France à la voile. »

Anne-Sophie Pas­tel-Duban­ton fit son ser­vice mili­taire à bord d’un pétro­lier ravi­tailleur. La mer lui est essentielle.

La passion d’entreprendre

Après l’École, l’École des ponts l’accueillit. « L’enseignement basé sur l’étude de cas, la par­ti­ci­pa­tion active et le tra­vail en équipe du MBA des Ponts m’ont énor­mé­ment inspirée. »

De 1993 à 1999, elle occupe un poste confor­table chez Car­naud Metalbox.

Mais qui lui lais­sa une insa­tis­fac­tion, elle se savait capable de bien davan­tage. Car elle a la pas­sion d’entreprendre : l’imagination du cré­neau inno­vant ; l’audace de la prise de risques bien mesu­rée ; l’énergie à déni­cher les bons inves­tis­seurs ; la ges­tion d’un œil avi­sé et panoramique.

Bâtir une start-up ? En 1999, « je me suis lan­cée avec mon mari, Marc-Antoine Duban­ton (88), X‑Ponts, dans la créa­tion d’entreprise. Et cela a été une expé­rience exceptionnelle.

Toute l’énergie était cana­li­sée vers le déve­lop­pe­ment de l’entreprise et avec une très belle équipe nous avons dépla­cé des mon­tagnes. » L’idée d’Auféminin.com est née en même temps que son pre­mier enfant.

Le manque de sites sur les jeunes mamans pous­sa Anne-Sophie Pas­tel à créer un site dédié aux femmes. Marc-Antoine Duban­ton, pas­sion­né de musique et d’informatique, prit en charge les aspects les plus techniques.

Une réussite éclatante

Intro­duit en Bourse dès le 20 juillet 2000, Aufé­mi­nin. com est une start-up d’une écla­tante réus­site : Auféminin.com se décline désor­mais à l’international, avec notam­ment sofeminine.com.

Le groupe fut fina­le­ment cédé en 2007 à Axel Sprin­ger. Anne- Sophie et son mari sor­tirent de cette aven­ture transformés.

Elle s’est don­né la for­ma­tion et le coa­ching comme métier, appor­tant à d’autres sa science d’entrepreneure.

Inventer sa propre existence

Pour Anne-Sophie Pas­tel-Duban­ton, la lec­ture est une expé­rience sin­gu­lière, pro­pre­ment vitale, dans sa triple dimen­sion : acqué­rir une infor­ma­tion, éprou­ver une émo­tion et, prin­ci­pa­le­ment, ren­con­trer une per­sonne, l’auteur du livre.

Des livres ont ain­si jalon­né son par­cours, une voie nou­velle qu’il lui échoit de faire sienne – car comme bien d’autres dont je pré­sente ici le por­trait, elle invente sans cesse sa propre existence.

À l’ère d’Internet, elle vit que, loin d’être seule­ment révo­lu­tion­naire dans l’accès à l’information, la télé­ma­tique avait aus­si un poten­tiel émo­tion­nel. Elle se prête à la réflexion sur soi, sur l’être-au-monde.

En pleine conscience

Via des livres de Mark Williams, de Jon Kabat-Zinn et de Chade-Meng Tan, elle décou­vrit les pra­tiques de pleine conscience : « Pas­sion­née par l’exploration de la façon dont notre esprit fonc­tionne et par sa décou­verte expé­rien­tielle à tra­vers la médi­ta­tion, j’ai plon­gé dans la pra­tique et l’apprentissage de ce domaine pen­dant les années qui ont sui­vi, avec l’envie de par­ta­ger ses bienfaits. »

Né il y a plus de 2 500 ans et vali­dé par les acquis récents des neu­ros­ciences, cet ensemble de pra­tiques vise à amé­lio­rer l’attention, la conscience et la maî­trise de soi-même. Comme l’écrivit Simone Weil, « l’attention est un don de Dieu ».

Jeune femme dyna­mique, élan­cée et spor­tive, sou­riante, elle vit à Lis­bonne : « J’apprécie la beau­té et une cer­taine dou­ceur de vivre. La lumière est splen­dide, la nature est superbe. Les Lis­boètes sont très agréables. Tout est facile et fluide. Il n’y a pas à lutter. »

Bref, une per­son­na­li­té excep­tion­nelle, qui marque notre temps.


Aufeminin.com

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