Marguerite Graveleau (2011), une solidarité chaleureuse avec autrui
Juvénile et enjouée, éprise de conversation, curieuse de bien des sujets, tout attentive aux réponses à ses questions, facilement admirative, elle irradie une énergie, une joie de vivre contagieuses. Je la rencontre dans un bureau de San Francisco, vaste et lumineux, très XXIe siècle et Silicon Valley.
Elle y travaille, analyste du marché de l’énergie, en une start-up, dénommée Kayrros, fondée par Laurent El Ghaoui (82), professeur à Berkeley.
UNE ENFANCE AVIGNONNAISE
Son père polytechnicien, Jean Graveleau (65), travaillait au CEA, dans les centrales de Pierrelatte et Cadarache. Marguerite eut ainsi une enfance avignonnaise.
De ses parents, elle tient « une bienveillance à l’égard des gens qui m’entourent, et un optimisme global. Mon père m’a probablement transmis ma rigueur scientifique, étant lui-même ingénieur.
Dessin Laurent SIMON
Ma mère, nous a fait voyager mon frère et moi dès notre plus jeune âge et nous a transmis sa curiosité et sa passion pour l’aventure. »
De sa scolarité au lycée Aubanel, elle retient « des profs de maths géniaux ». Elle conquit le troisième prix aux Olympiades de maths, section S, en 2008. Après avoir hésité à faire médecine, elle choisit la prépa à Ginette (2008−11). Elle y fut interne, très bonne élève et adora cette phase.
Elle intégra l’X en 3⁄2, choisit le volley comme sport (« Mes meilleurs souvenirs du campus ? ceux de ma section sportive ») et fut très active dans la vie associative à l’École (« mais, grosse déception de ne pas avoir participé à la vie de l’École via la Kès »).
Ce furent deux années idylliques : « L’esprit collectif était au beau fixe. » Des enseignements de l’École, elle retient surtout la neurobiologie, « un domaine et un enseignement extraordinaires ».
Ce fut ensuite (2011−12), un SMA (service militaire adapté) en Guadeloupe, « extrêmement formateur, ça m’a beaucoup fait grandir, d’un coup ». L’été 2013, elle partit en stage au Brésil, dans la région de São Paulo.
Elle fut séduite par ce pays et sa mentalité : « Les Français, qui s’empressent de catégoriser gens et choses ; et les Brésiliens, que cela exaspère. »
L’ATTRAIT DE LA CALIFORNIE
Après l’École, elle s’en fut préparer un master à Stanford (2014−16). Elle y suivit des cours en programmation, optimisation, réseaux d’énergie et mécanique des fluides en milieu poreux : elle y rédigea un mémoire sur la diffusion à l’interface de deux milieux microporeux – comme, par exemple, la migration du bitume dans une roche-mère.
“ Je ne me suis jamais sentie autant européenne que depuis mon arrivée aux US ”
« Je n’étais pas prête à faire une thèse (de doctorat) de plusieurs années sur ce sujet… J’aime bien la recherche, je ferai peut-être une thèse dans quelques années. » Les nombreux étudiants chinois, comparés à ceux qu’elle avait côtoyés à l’X, étaient « autrement moins sympathiques ».
Durant ses années à Palo Alto, elle fut active dans l’Association des Français à Stanford : « À Stanford, j’ai surtout lié des amitiés au sein de la communauté française : j’y ai retrouvé des anciens camarades de prépa, des gens rencontrés occasionnellement en France, qui ont constitué au fur et à mesure un tissu très solide d’amitiés.
Mais j’ai aussi vécu deux ans avec des Américaines, et je suis très proche de l’une d’elles, chez qui je passe Thanksgiving par exemple, et avec qui je pense garder contact longtemps.
C’est par contre la seule personne américaine avec qui je me considère amie, les relations étant d’expérience assez difficiles à nouer (je ne me suis jamais sentie autant européenne que depuis mon arrivée aux US). »
Elle décida de continuer à vivre et à travailler dans la région de San Francisco : « J’adore la Californie. Petit à petit, à force d’habiter ici, l’idée s’est faite en moi de continuer à travailler ici. J’aime beaucoup le dynamisme des gens.
Il y a de plus une communauté française très importante. » Fervente de camping, elle explore durant les week-ends cette région, ses nombreux sites protégés et parcs nationaux. Dans son travail, elle a recours au machine learning, en fait des hybrides de statistiques et de modélisation.
Curieuse de tout, elle suit l’avancement des sciences par les journaux et les magazines. Elle est tout allègre d’avoir découvert sur la Toile un site Youtube tenu par un chercheur français, « Science étonnante » : « Une trentaine de vidéos de 20 minutes traitent de sujets scientifiques divers, très clairs et instructifs. »
Au carrefour du travail en équipe et du piano en solo, de la randonnée en pleine nature, de la découverte d’altérités, elle conserve de sa première aisance en mathématiques le goût d’une configuration complexe, de s’y forger un chemin, celui d’une intelligibilité communicable et d’une solidarité chaleureuse avec autrui.
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Racisme
Ces articles me plaisent d’ordinaire beaucoup. Celui-ci me choque par son racisme ordinaire « Les nombreux étudiants chinois, comparés à ceux qu’elle avait côtoyés à l’X, étaient « autrement moins sympathiques ». ».