Une veille réglementaire et des process éprouvés face aux risques industriels
En s’appuyant sur son expertise quasi-bicentenaire, Bureau Veritas est un acteur incontournable de la prévention et de la gestion des risques industriels. Rencontre avec Nathalie Gaillard (94), VP Sales & Marketing chez Bureau Veritas France, qui nous en dit plus.
La gestion des risques industriels est au cœur de l’activité de Bureau Veritas. Quelles sont les tendances que vous avez pu observer au cours des dernières années ?
En 2014, en France, il y avait près de 500 000 installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE). Ce sont principalement des exploitations industrielles ou agricoles susceptibles de créer des risques ou de provoquer des pollutions et des nuisances pour la sécurité et la santé des riverains.
Au cours des dernières années, plusieurs facteurs ont mis au premier plan le sujet des risques industriels.
Certains accidents industriels récents ont impacté la réglementation qui s’applique aux sites à risques, notamment les sites Seveso (près de 1 300 sites classés Seveso en France en 2018). Ces accidents ont nécessité de travailler avec plus de transparence sur la gestion et les conséquences éventuelles des accidents industriels. Ils ont incité les acteurs à redéfinir leurs actions en matière de prévention contre les incendies avec des moyens de contrôle renforcés.
En parallèle, nous avons assisté à l’émergence d’une nouvelle typologie de risques sous l’effet de l’accélération de la digitalisation et le recours aux objets connectés : les cyberattaques.
Face à ces nouveaux risques, Bureau Veritas s’est adapté afin de proposer à ses clients des méthodes et des solutions sur-mesure. Cette capacité d’adaptation aux enjeux et à la réglementation est au cœur même de l’ADN de notre entreprise. Notre démarche d’analyse de risques s’appuie sur un processus éprouvé. Nous commençons par un audit de la situation et analysons les risques par rapport à l’environnement. La lutte contre ces risques passe aussi par la définition de plans de prévention à activer. Dans certains cas, il est nécessaire de tester ces plans et de les mettre à jour, notamment lorsqu’ils font appel à la mise en œuvre d’éléments physiques.
Comment définissez-vous la valeur ajoutée de Bureau Veritas face aux risques industriels ?
Elle est de trois ordres. D’abord, nous couvrons plusieurs domaines d’activité, comme l’Oil & Gas, le nucléaire, ou encore le manufacturing, où chaque secteur présente des risques inhérents. Pour y répondre, nous avons développé des expertises sectorielles poussées qui nous permettent d’accompagner ces acteurs sur le long terme.
Ensuite, notre valeur ajoutée repose sur notre appréhension générale des risques internes aux entreprises. La sécurité passe par l’analyse du contexte, des processus, des interventions, des équipements de protection individuelle… Dans ce cadre, par exemple, nous intervenons à la demande de grands groupes internationaux qui souhaitent homogénéiser le niveau de sécurité de leurs différents sites.
Enfin, notre expertise porte aussi sur les facteurs de risques exogènes aux entreprises comme les tremblements de terre, les inondations ou encore les incendies qu’on ne peut pas ignorer. Dans cette optique, il faut anticiper les bonnes pratiques à adopter pour réagir efficacement en cas de problème et protéger les collaborateurs et le site.
Au cours des dernières années, l’impact environnemental est devenu un enjeu stratégique pour les sociétés. Il fait, par ailleurs, l’objet d’indicateurs de performance extrafinanciers (KPI) et d’un suivi particulier par les analystes, les investisseurs voire les salariés. Nous avons donc également développé des compétences dans ce domaine.
“Nous avons récemment annoncé la création d’un nouveau label appelé SAFEGUARD
qui va permettre à tout établissement tertiaire, industriel ou recevant du public de garantir aux consommateurs et collaborateurs
que les règles de bonnes pratiques sont bien appliquées sur place.”
Les nouvelles technologies sont amenées à jouer un rôle de plus en plus important dans la gestion des risques industriels. Comment appréhendez-vous cette dimension ?
Le digital a élargi le champ des possibles et ouvre de nouvelles perspectives en termes de gestion des risques. Grâce aux nouvelles technologies, nous pouvons modéliser le vent et son impact sur les bâtiments, et même le vieillissement des infrastructures… Nous pouvons, par exemple, équiper des ponts avec des capteurs pour enregistrer les vibrations et identifier les comportements à risque.
Le digital permet aussi d’optimiser la traçabilité des produits, depuis la conception jusqu’à la livraison. Aujourd’hui, toutes les chaînes de production intègrent des produits en provenance des quatre coins du globe. Nous ne pouvons pas nous permettre d’avoir un élément défectueux qui pourrait mettre en péril l’utilisateur.
Forts de ces constats, nous avons fait le choix de nous investir dans le digital. Nous nous intéressons ainsi plus particulièrement à la modélisation et à l’utilisation de l’intelligence artificielle pour anticiper les éventuels anomalies ou accidents.
Nous capitalisons aussi sur la puissance de la modélisation des ensembles complexes pour gérer les interventions des différents acteurs. Dans le domaine de l’Oil & Gas, en complément de la supervision grâce à des drones, le recours à la modélisation 3D et à la maquette numérique (BIM) permet une surveillance optimale et précise notamment en termes de détection de fuites ou de risques de rupture.
Dans le contexte actuel, on ne peut parler de gestion de risques sans aborder la crise sanitaire actuelle. Comment accompagnez-vous vos clients entreprise dans ce cadre ?
C’est une situation exceptionnelle que personne n’avait anticipée. En tant qu’acteur historique de la prévention et de la lutte contre les risques, nous sommes bien évidemment en première ligne. Notre mission est d’accompagner nos clients dans leur organisation pour faire face à cette typologie de risques nouveaux. Nous les aidons à identifier les procédures à mettre en place pour pouvoir reprendre leur activité tout en assurant la sécurité des collaborateurs, des clients et des fournisseurs qui peuvent intervenir sur site. Nous avons toujours été aux côtés de nos clients pour leur apporter des conseils notamment via notre activité d’Hygiène, Sécurité, Environnement (HSE) fortement sollicitée compte tenu des conditions exceptionnelles actuelles auxquelles nous sommes confrontés.
Dans le cadre de la gestion de la crise du Covid-19, il est pertinent de réaliser une étude préalable pour identifier les bons gestes, les bonnes postures ainsi que les bons processus à adopter et à déployer. À cela s’ajoute la nécessité de mettre en place des actions de formation et d’information des collaborateurs pour que chacun puisse intégrer ces mesures au quotidien.
Au-delà de la dimension réglementaire qui régit généralement l’évolution des risques industriels, dans le contexte actuel, nous devons faire face à une évolution constante de la situation et à une certaine incertitude.
En tant que tierce partie indépendante, il nous incombe de vérifier qu’une entreprise a bien mis en place les procédures sanitaires et d’hygiène requises et qu’elles sont bien respectées sur le terrain. Dans cette perspective et pour aller un cran plus loin, nous avons récemment annoncé la création d’un nouveau label appelé SAFEGUARD qui va permettre à tout établissement tertiaire, industriel ou recevant du public de garantir aux consommateurs et collaborateurs que les règles de bonnes pratiques sont bien appliquées sur place.
Dans ce contexte mouvant et incertain, il s’agit d’un gage de confiance à forte valeur ajouté tant pour les entreprises ou les institutions qui font appel à nous que pour leurs propres clients.
EN BREF
- 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires ;
- 78 000 salariés dans le monde dont 8 000 en France ;
- Une présence dans 140 pays ;
- Une expertise de plus de 190 ans.