Une veille réglementaire et des process éprouvés face aux risques industriels

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°756 Juin 2020
Par Nathalie GAILLARD (94)

En s’appuyant sur son exper­tise qua­si-bicen­te­naire, Bureau Veri­tas est un acteur incon­tour­nable de la pré­ven­tion et de la ges­tion des risques indus­triels. Ren­contre avec Natha­lie Gaillard (94), VP Sales & Mar­ke­ting chez Bureau Veri­tas France, qui nous en dit plus.

La gestion des risques industriels est au cœur de l’activité de Bureau Veritas. Quelles sont les tendances que vous avez pu observer au cours des dernières années ?

En 2014, en France, il y avait près de 500 000 ins­tal­la­tions clas­sées pour la pro­tec­tion de l’environnement (ICPE). Ce sont prin­ci­pa­le­ment des exploi­ta­tions indus­trielles ou agri­coles sus­cep­tibles de créer des risques ou de pro­vo­quer des pol­lu­tions et des nui­sances pour la sécu­ri­té et la san­té des riverains.

Au cours des der­nières années, plu­sieurs fac­teurs ont mis au pre­mier plan le sujet des risques industriels.

Cer­tains acci­dents indus­triels récents ont impac­té la régle­men­ta­tion qui s’applique aux sites à risques, notam­ment les sites Seve­so (près de 1 300 sites clas­sés Seve­so en France en 2018). Ces acci­dents ont néces­si­té de tra­vailler avec plus de trans­pa­rence sur la ges­tion et les consé­quences éven­tuelles des acci­dents indus­triels. Ils ont inci­té les acteurs à redé­fi­nir leurs actions en matière de pré­ven­tion contre les incen­dies avec des moyens de contrôle renforcés.

En paral­lèle, nous avons assis­té à l’émergence d’une nou­velle typo­lo­gie de risques sous l’effet de l’accélération de la digi­ta­li­sa­tion et le recours aux objets connec­tés : les cyberattaques.

Face à ces nou­veaux risques, Bureau Veri­tas s’est adap­té afin de pro­po­ser à ses clients des méthodes et des solu­tions sur-mesure. Cette capa­ci­té d’adaptation aux enjeux et à la régle­men­ta­tion est au cœur même de l’ADN de notre entre­prise. Notre démarche d’analyse de risques s’appuie sur un pro­ces­sus éprou­vé. Nous com­men­çons par un audit de la situa­tion et ana­ly­sons les risques par rap­port à l’environnement. La lutte contre ces risques passe aus­si par la défi­ni­tion de plans de pré­ven­tion à acti­ver. Dans cer­tains cas, il est néces­saire de tes­ter ces plans et de les mettre à jour, notam­ment lorsqu’ils font appel à la mise en œuvre d’éléments physiques.

Comment définissez-vous la valeur ajoutée de Bureau Veritas face aux risques industriels ?

Elle est de trois ordres. D’abord, nous cou­vrons plu­sieurs domaines d’activité, comme l’Oil & Gas, le nucléaire, ou encore le manu­fac­tu­ring, où chaque sec­teur pré­sente des risques inhé­rents. Pour y répondre, nous avons déve­lop­pé des exper­tises sec­to­rielles pous­sées qui nous per­mettent d’accompagner ces acteurs sur le long terme.

Ensuite, notre valeur ajou­tée repose sur notre appré­hen­sion géné­rale des risques internes aux entre­prises. La sécu­ri­té passe par l’analyse du contexte, des pro­ces­sus, des inter­ven­tions, des équi­pe­ments de pro­tec­tion indi­vi­duelle… Dans ce cadre, par exemple, nous inter­ve­nons à la demande de grands groupes inter­na­tio­naux qui sou­haitent homo­gé­néi­ser le niveau de sécu­ri­té de leurs dif­fé­rents sites.

Enfin, notre exper­tise porte aus­si sur les fac­teurs de risques exo­gènes aux entre­prises comme les trem­ble­ments de terre, les inon­da­tions ou encore les incen­dies qu’on ne peut pas igno­rer. Dans cette optique, il faut anti­ci­per les bonnes pra­tiques à adop­ter pour réagir effi­ca­ce­ment en cas de pro­blème et pro­té­ger les col­la­bo­ra­teurs et le site.

Au cours des der­nières années, l’impact envi­ron­ne­men­tal est deve­nu un enjeu stra­té­gique pour les socié­tés. Il fait, par ailleurs, l’objet d’indicateurs de per­for­mance extra­fi­nan­ciers (KPI) et d’un sui­vi par­ti­cu­lier par les ana­lystes, les inves­tis­seurs voire les sala­riés. Nous avons donc éga­le­ment déve­lop­pé des com­pé­tences dans ce domaine.

“Nous avons récemment annoncé la création d’un nouveau label appelé SAFEGUARD
qui va permettre à tout établissement tertiaire, industriel ou recevant du public de garantir aux consommateurs et collaborateurs
que les règles de bonnes pratiques sont bien appliquées sur place.”

Les nouvelles technologies sont amenées à jouer un rôle de plus en plus important dans la gestion des risques industriels. Comment appréhendez-vous cette dimension ?

Le digi­tal a élar­gi le champ des pos­sibles et ouvre de nou­velles pers­pec­tives en termes de ges­tion des risques. Grâce aux nou­velles tech­no­lo­gies, nous pou­vons modé­li­ser le vent et son impact sur les bâti­ments, et même le vieillis­se­ment des infra­struc­tures… Nous pou­vons, par exemple, équi­per des ponts avec des cap­teurs pour enre­gis­trer les vibra­tions et iden­ti­fier les com­por­te­ments à risque.

Le digi­tal per­met aus­si d’optimiser la tra­ça­bi­li­té des pro­duits, depuis la concep­tion jusqu’à la livrai­son. Aujourd’hui, toutes les chaînes de pro­duc­tion intègrent des pro­duits en pro­ve­nance des quatre coins du globe. Nous ne pou­vons pas nous per­mettre d’avoir un élé­ment défec­tueux qui pour­rait mettre en péril l’utilisateur.

Forts de ces constats, nous avons fait le choix de nous inves­tir dans le digi­tal. Nous nous inté­res­sons ain­si plus par­ti­cu­liè­re­ment à la modé­li­sa­tion et à l’utilisation de l’intelligence arti­fi­cielle pour anti­ci­per les éven­tuels ano­ma­lies ou accidents. 

Nous capi­ta­li­sons aus­si sur la puis­sance de la modé­li­sa­tion des ensembles com­plexes pour gérer les inter­ven­tions des dif­fé­rents acteurs. Dans le domaine de l’Oil & Gas, en com­plé­ment de la super­vi­sion grâce à des drones, le recours à la modé­li­sa­tion 3D et à la maquette numé­rique (BIM) per­met une sur­veillance opti­male et pré­cise notam­ment en termes de détec­tion de fuites ou de risques de rupture.

Dans le contexte actuel, on ne peut parler de gestion de risques sans aborder la crise sanitaire actuelle. Comment accompagnez-vous vos clients entreprise dans ce cadre ?

C’est une situa­tion excep­tion­nelle que per­sonne n’avait anti­ci­pée. En tant qu’acteur his­to­rique de la pré­ven­tion et de la lutte contre les risques, nous sommes bien évi­dem­ment en pre­mière ligne. Notre mis­sion est d’accompagner nos clients dans leur orga­ni­sa­tion pour faire face à cette typo­lo­gie de risques nou­veaux. Nous les aidons à iden­ti­fier les pro­cé­dures à mettre en place pour pou­voir reprendre leur acti­vi­té tout en assu­rant la sécu­ri­té des col­la­bo­ra­teurs, des clients et des four­nis­seurs qui peuvent inter­ve­nir sur site. Nous avons tou­jours été aux côtés de nos clients pour leur appor­ter des conseils notam­ment via notre acti­vi­té d’Hygiène, Sécu­ri­té, Envi­ron­ne­ment (HSE) for­te­ment sol­li­ci­tée compte tenu des condi­tions excep­tion­nelles actuelles aux­quelles nous sommes confrontés.

Dans le cadre de la ges­tion de la crise du Covid-19, il est per­ti­nent de réa­li­ser une étude préa­lable pour iden­ti­fier les bons gestes, les bonnes pos­tures ain­si que les bons pro­ces­sus à adop­ter et à déployer. À cela s’ajoute la néces­si­té de mettre en place des actions de for­ma­tion et d’information des col­la­bo­ra­teurs pour que cha­cun puisse inté­grer ces mesures au quotidien.

Au-delà de la dimen­sion régle­men­taire qui régit géné­ra­le­ment l’évolution des risques indus­triels, dans le contexte actuel, nous devons faire face à une évo­lu­tion constante de la situa­tion et à une cer­taine incertitude.

En tant que tierce par­tie indé­pen­dante, il nous incombe de véri­fier qu’une entre­prise a bien mis en place les pro­cé­dures sani­taires et d’hygiène requises et qu’elles sont bien res­pec­tées sur le ter­rain. Dans cette pers­pec­tive et pour aller un cran plus loin, nous avons récem­ment annon­cé la créa­tion d’un nou­veau label appe­lé SAFEGUARD qui va per­mettre à tout éta­blis­se­ment ter­tiaire, indus­triel ou rece­vant du public de garan­tir aux consom­ma­teurs et col­la­bo­ra­teurs que les règles de bonnes pra­tiques sont bien appli­quées sur place. 

Dans ce contexte mou­vant et incer­tain, il s’agit d’un gage de confiance à forte valeur ajou­té tant pour les entre­prises ou les ins­ti­tu­tions qui font appel à nous que pour leurs propres clients.


EN BREF

  • 5 mil­liards d’euros de chiffre d’affaires ;
  • 78 000 sala­riés dans le monde dont 8 000 en France ;
  • Une pré­sence dans 140 pays ;
  • Une exper­tise de plus de 190 ans.

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