Mobilisés depuis toujours au service d’une meilleure prise en charge des cancers
Unicancer est à la fois la fédération des Centres de lutte contre le cancer (CLCC) ; un réseau de 20 établissements de santé privés, à but non-lucratif, spécialisés en cancérologie ; ainsi qu’un acteur majeur de la recherche et le premier promoteur académique d’essais cliniques en oncologie, à l’échelle européenne. Au cœur de ses actions, on retrouve notamment la volonté forte d’améliorer le parcours de soins, de faciliter l’accès aux dernières innovations thérapeutiques, de contribuer à une meilleure coordination et cohérence entre l’ensemble des parties prenantes et de renforcer le rayonnement de la France en matière de recherche en oncologie. Le point avec Sophie Beaupère, déléguée générale d’Unicancer.
Quelles sont les missions et l’organisation d’Unicancer ?
Dans le paysage national, Unicancer est l’unique fédération hospitalière 100 % dédiée à la lutte contre le cancer. À travers son groupement de coopération sanitaire (GCS), elle réunit 20 établissements de santé privés à but non-lucratif : les 18 centres de lutte contre le cancer français ainsi que deux membres affiliés en France métropolitaine et en Outre-mer. Dans le cadre de cette organisation, nous mutualisons les achats (plus d’un milliard d’euros), un système d’information RH (et des programmes de recherche pour l’ensemble des CLCC. En notre qualité de branche professionnelle, nous représentons 23 000 salariés et négocions avec les partenaires sociaux. Nous bénéficions d’une dynamique territoriale qui s’appuie sur un réseau d’experts en oncologie et qui permet d’offrir aux patients un accès aux dernières innovations scientifiques, thérapeutiques et organisationnelles.
Depuis leur création par l’ordonnance du 1er octobre 1945, les CLCC incarnent la diversité du service public hospitalier avec la volonté permanente d’accroître la qualité et la pertinence des soins en cancérologie. Ils exercent, en effet, une activité 100 % publique sans dépassement d’honoraires et défendent un modèle humaniste, évolutif et souple, qui se traduit par une gouvernance médicalisée (une direction générale assurée par un médecin,suppléé par un directeur d’hôpital adjoint), une forte spécialisation et une taille humaine synonyme de réactivité.
Acteur majeur de la recherche, Unicancer est également le premier promoteur académique d’essais cliniques en oncologie à l’échelle européenne, avec près de 7 654 patients inclus dans les essais Unicancer et plus de 700 essais cliniques actifs promus par les CLCC et les directions en charge de la R&D au sein de la fédération. Le taux d’inclusion des patients dans des essais cliniques atteint 18 %, alors qu’il est de 8,5 % en moyenne au plan national. Agile et partenariale, la recherche Unicancer s’appuie sur la force d’un réseau d’excellence de médecins-chercheurs. Unicancer a également été pionnier en recherche sur les données de santé et les données en vie réelle, avec quatre plateformes nationales lancées depuis 2014, 83 000 patients enregistrés dans les bases de données ESME1 et plus de 31 000 dans la plateforme ODH2 lancée en 2021.
Enfin, notre réseau privilégie une approche transversale, entretenue par la tradition d’un continuum « de la paillasse au lit du patient », permettant d’améliorer et de personnaliser les schémas thérapeutiques, notamment dans les domaines moins couverts par l’industrie pharmaceutique.
Quels sont les enjeux que cette feuille de route implique ?
Ils sont multiples. Il s’agit de :
- prendre en compte le patient dans toutes ses dimensions et développer les connaissances pour une meilleure prise en charge de l’après-cancer ;
- servir l’intérêt général en soutenant notamment certains pans de recherche (sciences humaines et sociales, recherche translationnelle, recherche en prévention) afin de permettre une approche multidimensionnelle de la personnalisation des traitements ;
- favoriser la mutualisation inter-établissements en soutenant la structuration et l’interopérabilité des données entre établissements de santé afin de faciliter leur partage ;
- inscrire notre recherche dans l’écosystème national et international en vue de favoriser l’émergence de l’innovation dans les domaines diagnostique et thérapeutique.
Les nouvelles technologies, notamment le numérique et l’IA, ouvrent de nouvelles perspectives pour les professionnels de santé et les patients. Qu’observez-vous à votre niveau ? Comment cela se traduit-il au sein d’Unicancer ?
En cancérologie, les données restent très convoitées, complexes et encore sous-exploitées. Pourtant leur valorisation impacte les prises en charge et les parcours de soin, la coordination ville/hôpital, la recherche, la qualité du contenu du dossier médical et paramédical informatisé, la fiabilisation des recettes de l’établissement, l’analyse pharmaceutique, l’amélioration de la formation…
Si ces évolutions ont vocation à contribuer à mieux soigner, dépister et vivre avec un cancer, cela pose aussi de nombreux problèmes sur lesquels nous menons des réflexions avec nos experts. Il s’agit de problèmes éthiques, réglementaires ainsi que des défis techniques, notamment en termes de standardisation, de partage, de stockage des données massives ultrasensibles, de leur protection et de leur exploitation sécurisée.
Aujourd’hui, les datas représentent un axe majeur du plan stratégique d’Unicancer et des CLCC. Le modèle organisationnel des CLCC facilite l’utilisation des données produites : des structures à taille humaine plus réactives et agiles avec une chaîne de décision raccourcie ; une gouvernance médicale garante de la primauté de la stratégie médicale…
Au-delà, nous avons créé une nouvelle direction sur la recherche en données de santé regroupant une soixantaine de personnel dédié et dont l’objectif est de fournir à la communauté scientifique des données médicales et épidémiologiques de qualité en cancérologie et de développer des projets innovants.
Unicancer s’est engagé sur le sujet du numérique il y a déjà plus de 10 ans avec une accélération exponentielle ces 3 dernières années et de nombreux projets. Nous pouvons en citer quelques-uns : la création de 4 plateformes nationales de données de vie réelle lancées depuis 2014, le développement d’outils mutualisés (CONSORE) ; ou encore le développement de la base CANTO pour le suivi longitudinal de l’après-cancer et l’identification de facteurs prédictifs de l’impact de la prise en charge ou la base OncoDataHub pour le suivi en temps quasi-réel de l’innovation médicamenteuse. Fin 2023, le référencement des bases ESME par la Haute Autorité de Santé (HAS) a montré la qualité de nos travaux et de cette base.
Plus récemment, nous avons travaillé sur un d’entrepôt de données de santé centralisé par projets s’appuyant sur une démarche d’entrepôts locaux de CLCC fédérés et une stratégie d’accès aux sources de données extrahospitalières avec une discussion autour d’un accès au Système national des données de santé (SNDS) pour répondre à des questions sur les parcours de prise en charge et aux enjeux de santé publique.
L’ensemble de ces programmes répondent par leur complémentarité et leurs interactions naturelles à une stratégie cohérente et globale d’Unicancer pour consolider sa position de leader dans la génération et la valorisation des données de santé pour la recherche en cancérologie.
Unicancer travaille sur de nombreuses initiatives très souvent en partenariat avec des acteurs du monde de la santé. Quelles sont les dernières actions que vous avez déployées ? Qu’en est-il de vos principaux partenariats ?
Unicancer a noué au fil des années des partenariats institutionnels (parlementaires, autres fédérations, INCa…), industriels (Roche, MSD…) ; scientifiques (RESPIC, Cure51, Klinéo, Quinten Health…), ainsi qu’avec des associations de patients (Ligue contre le cancer, Patients en réseau, Imagine for Margo, Europa Donna, Rose Up …). À une échelle mondiale, nous sommes mobilisés par plus de 80 projets de coopérations internationales impliquant les CLCC en 2023 (prise en charge de patients internationaux, mobilité et formation de professionnels de santé, accompagnement stratégique).
En parallèle, la collaboration avec des institutions de recherche, des universités et d’autres organismes scientifiques permet d’élargir les opportunités de recherche pour des projets de recherche innovants, des essais cliniques, et l’échange d’expertises scientifiques. Ces partenariats contribuent également au transfert de technologies avec les industriels. Ils ont également une dimension stratégique en matière de soutien du modèle des CLCC, de mise en œuvre des politiques de santé, de sensibilisation du grand public aux enjeux de la lutte contre le cancer et d’élaboration des stratégies nationales de lutte contre le cancer.
Quels sont les enjeux et les freins qui persistent et auxquels vous êtes confrontés dans le cadre de vos missions ?
Ils sont nombreux et de différents ordres :
- l’innovation, notamment en termes d’accès aux molécules innovantes, de simplification et de réduction des délais, d’amélioration des coopérations entre le public et le privé, de développement de la visibilité et de l’attractivité des carrières de recherche ;
- l’accès aux soins dû à la distance des centres experts dans les territoires
- l’attractivité des métiers du soin et des structures… ;
- l’équité de traitement avec l’hôpital public, puisque nos centres ont une mission de service public comparable ;
- le financement pérenne des CLCC, notamment pour leurs activités de recherche en oncologie et de prévention, dans un contexte d’inflation.
Et pour conclure, quelle est votre actualité ?
Nous allons prochainement présenter les conclusions de la démarche prospective Unicancer nous projetant à horizon 2030, démarche que nous avons initiée et qui a mobilisé une cinquantaine d’experts, avec un focus sur trois axes : l’évolution des parcours de soins et de la prise en charge, l’aide à la décision paramédicale et médicale par l’analyse de données et l’évolution sur le plan RH et managérial de nos établissements.