« Val d’Oise Numérique : Mutualiser les ressources numériques pour une transition énergétique durable »
Établissement public administratif, le Syndicat Mixte Val d’Oise Numérique s’est très rapidement positionné comme un acteur clé de la transformation numérique des territoires du Val‑d’Oise et, au-delà, de l’Île-de-France à travers le GIE d’Infogérance Publique Communautaire. Son objectif : favoriser le développement des territoires intelligents, durables et de confiance grâce à la mutualisation des infrastructures et la disponibilité d’une offre territoriale de services. Retour sur les projets de cet opérateur public de services numériques.
Pouvez-vous nous rappeler le contexte de la création de Val d’Oise Numérique ?
Dès 2009, le Département du Val‑d’Oise fut l’un des premiers en France à porter la conviction que le déploiement des réseaux Très Haut Débit serait un facteur majeur de développement économique et un critère clé d’attractivité des territoires valdoisiens pour l’implantation des entreprises, mais aussi pour le choix d’un lieu de résidence. Dans un département, à la fois rural et urbain, situé à proximité de Paris et doté d’une grande diversité géographique et sociologique, le choix a été fait de bâtir une politique publique ambitieuse d’aménagement numérique du territoire pour garantir l’accès au très haut débit et à ses usages partout et pour tous. Val d’Oise Numérique a été créé en 2015 dans ce contexte.
Notre première grande mission a été de déployer la fibre optique jusqu’à l’habitant (FttH) et l’entreprise dans les 122 communes « oubliées » par les opérateurs privés en nous appuyant sur deux délégations de service public complétant les déploiements des opérateurs privés dans 62 communes denses. Fin 2020, le Val‑d’Oise a ainsi été le premier département français 100 % fibré jusqu’à l’abonné.
Notre ambition est de favoriser le développement des territoires intelligents, durables et de confiance en Île-de-France grâce à la mutualisation des infrastructures et la disponibilité d’une offre territoriale de services numériques ouverte aux collectivités valdoisiennes et acteurs publics franciliens.
Depuis sa création en 2015, Val d’Oise Numérique pilote des projets d’aménagement et de développement numérique sur tout le territoire du Val‑d’Oise et, même, au-delà en Île-de-France. Pouvez-vous nous présenter les plus significatifs ?
Val d’Oise Numérique s’implique très concrètement dans des domaines tels que l’accessibilité et la médiation numérique, la formation et l’éducation, la vidéoprotection et les objets connectés, la souveraineté et la sobriété des systèmes d’information…
Un de nos projets emblématiques est le Hub Numérique Nikola Tesla d’Ecouen, conçu en 2018 comme un tiers-lieu de formation aux métiers des infrastructures numériques, qui forme annuellement près de 350 bénéficiaires des minimas sociaux (RSA) et des décrocheurs scolaires avec à la clé un emploi pour près de 92 % d’entre eux. Capitalisant sur ses plateaux techniques pédagogiques et ses démonstrateurs technologiques de la « smart city », le Hub Nikola Tesla s’appuie sur l’écosystème des partenaires de Val d’Oise Numérique et les clauses sociales de ses marchés publics afin de leur proposer des formations à des métiers émergents ou en tension des filières numériques.
En 2023, il a mis en œuvre, à la demande du Département du Val‑d’Oise, le Centre Départemental de Supervision du Val‑d’Oise qui mutualise l’enregistrement et l’exploitation des images de vidéoprotection des caméras déployées sur les sites départementaux et par les communes ne disposant pas de CSU.
Enfin, Val d’Oise Numérique soutient aussi directement les projets numériques des communes valdoisiennes qui peuvent, par ailleurs, s’appuyer sur notre centrale d’achat Focus Numérique, pour bénéficier d’économies d’échelle et de solutions pertinentes partant de la réalité de leurs besoins.
Pouvez-vous revenir sur le déploiement de la fibre optique dans le Val‑d’Oise ?
En effet, notre première grande mission a été de déployer la fibre optique jusqu’à l’habitant (FttH) et l’entreprise dans les 122 communes « oubliées » par les opérateurs privés en nous appuyant sur deux délégations de service public confiées respectivement à TDF (115 communes) et XP Fibre (7 communes) complétant les déploiements des opérateurs privés dans 62 communes denses. Fin 2020, le Val‑d’Oise a ainsi été le premier département français 100 % fibré jusqu’à l’abonné (FttH). L’intervention publique a été mise en œuvre en parfaite complémentarité avec les déploiements des opérateurs privés. Intéressés par les zones les plus rentables, ces opérateurs ont couvert les 2⁄3 de la population valdoisienne, mais seulement 1⁄3 du territoire valdoisien.
Ce succès du déploiement des réseaux « grand public » est toutefois gâché par les difficultés croissantes d’exploitation avec des conséquences sur le service rendu aux administrés. Cette situation nécessite un contrôle accru des opérateurs commerciaux afin que leurs sous-traitants respectent les règles de l’art et ne compromettent pas l’intégrité de nos réseaux lors de leurs interventions. C’est d’ailleurs pour cela que nous nous sommes toujours fortement opposés aux modalités de sous-traitance du raccordement final à l’opérateur commercial retenues par la filière et soutenues par le régulateur des télécoms.
Avez-vous intégré les besoins plus spécifiques des entreprises ou des administrations ?
Oui… nous disposons aussi d’une boucle locale optique dédiée à l’ultra haut débit, autonome et sécurisée, desservant près de 5 000 sites et équipements publics ainsi que toutes les zones d’activités valdoisiennes pour répondre aux besoins spécifiques et critiques de certains usagers du très haut débit. Les offres de connectivité adossées à cette boucle locale optique s’adressent essentiellement aux entreprises, aux administrations et sites pour lesquels la qualité et la continuité de service nécessitent des garanties de temps de rétablissement inférieur à 4 heures ou des débits dédiés importants à faible latence.
Nos réseaux de fibres noires permettent aux acteurs publics et aux collectivités territoriales de déployer des réseaux en propre, de manière autonome et agnostique, afin de développer des services numériques à coût maîtrisé et indépendamment des opérateurs télécoms. La mutualisation contribue à la sobriété du numérique en évitant que chacun déploie inutilement des infrastructures pour répondre à son besoin.
À titre d’exemple, la quasi-totalité des réseaux locaux de vidéoprotection et la connectivité des sites publics de nombreuses collectivités s’appuient désormais sur la fibre noire déployée par Val d’Oise Numérique et d’autres syndicats mixtes tels que le nôtre.
« Grâce à nos deux datacenters publics, certifiés ISO 27001 et HDS, nous avons permis de réduire drastiquement l’empreinte carbone et le coût des salles serveurs de nos adhérents. »
Val d’Oise Numérique a aussi été moteur dans la création du GIE d’Infogérance Publique Communautaire qui a mis en œuvre, dans le cadre d’une gouvernance 100 % publique, un projet de datacenter souverain partagé de proximité qui héberge aujourd’hui les systèmes d’information de divers acteurs publics franciliens : administrations, universités, organismes de recherche, collectivités, agences publiques qui ont ainsi accès à coût maîtrisé à un hébergement plus sécurisé, plus sobre, plus souverain.
Grâce à nos deux datacenters publics, certifié iso 27 001 et hds, nous avons permis de réduire drastiquement l’empreinte carbone et le coût des salles serveurs de nos adhérents, dont de nombreuses universités et organisme de recherche, en comparaison aux solutions d’auto-hébergement énergivores et peu sécurisées.
Vous êtes au cœur de la transformation digitale des territoires franciliens… comment contribuez-vous à la transition énergétique ?
Depuis le début de l’année 2024, nous déployons un réseau d’initiative publique bas-débit (sous protocole LoRa) dédié aux objets connectés indispensables à la mise en œuvre de tout projet de territoire intelligent, durable et de confiance. Agissant aux côtés de la Région Île-de-France et des autres syndicats franciliens du numérique, cette initiative permettra de garantir une complétude de connectivité IoT à l’échelle régionale, une souveraineté de bout en bout pour les données bâtimentaires et urbaines, la mise en place d’une portabilité de l’IoT, la pérennité de la technologie LoRa et la desserte deep-indoor des sites publics stratégiques.
Il est, en effet, important que les collectivités territoriales et leurs prestataires de services (eau, éclairage public, chauffage urbain, ordures ménagères…) puissent avoir une connectivité adaptée à leurs usages : sobre, à coût maîtrisé et indépendante des stratégies commerciales des opérateurs mobiles.
« Il est important que les collectivités territoriales et leurs prestataires de services (eau, éclairage public, chauffage urbain, ordures ménagères…) puissent avoir une connectivité adaptée à leurs usages : sobre, à coût maîtrisé et indépendante des stratégies commerciales des opérateurs mobiles. »
Les technologies du numérique, au sens le plus large du terme, sont une opportunité pour trouver des solutions efficientes en matière de transition énergétique des acteurs publics. Par exemple les objets connectés facilitent la mise en œuvre de mesures de sobriété dans les bâtiments publics (détection de fuite, contrôle du respect des consignes de températures, télérelève…). Encore faut-il que l’empreinte carbone du numérique ne soit pas supérieure aux gains espérés ! Développer des approches de mutualisation est un moyen d’y parvenir et de favoriser la sobriété numérique en évitant les doublons d’infrastructures. Nous y contribuons modestement en portant les initiatives publiques d’infrastructures et d’équipements mutualisés évoqués précédemment.
De manière générale, nous souhaitons que les collectivités et acteurs publics, mais aussi les entreprises exerçant des missions de service public puissent capitaliser sur nos infrastructures publiques mutualisées à haute valeur ajoutée pour mieux se concentrer sur leurs métiers. Val d’Oise Numérique croit beaucoup aux vertus de la mutualisation et du partenariat entre acteurs publics. Et c’est bien ça l’esprit d’un Syndicat Mixte tel que le nôtre ! Un Syndicat de la transformation numérique du territoire, opérateur public de services numériques à la bonne échelle pour un numérique de proximité, responsable, souverain, sobre, solidaire et techniquement pertinent.
Pour en savoir plus : https://www.valdoisenumerique.fr/