« Val d’Oise Numérique : Mutualiser les ressources numériques pour une transition énergétique durable »

Dossier : Vie des entreprises - Décarbonation et économie circulaireMagazine N°799 Novembre 2024
Par Rachid ADDA

Éta­blis­se­ment public admi­nis­tra­tif, le Syn­di­cat Mixte Val d’Oise Numé­rique s’est très rapi­de­ment posi­tion­né comme un acteur clé de la trans­for­ma­tion numé­rique des ter­ri­toires du Val‑d’Oise et, au-delà, de l’Île-de-France à tra­vers le GIE d’Infogérance Publique Com­mu­nau­taire. Son objec­tif : favo­ri­ser le déve­lop­pe­ment des ter­ri­toires intel­li­gents, durables et de confiance grâce à la mutua­li­sa­tion des infra­struc­tures et la dis­po­ni­bi­li­té d’une offre ter­ri­to­riale de ser­vices. Retour sur les pro­jets de cet opé­ra­teur public de ser­vices numériques.

Pouvez-vous nous rappeler le contexte de la création de Val d’Oise Numérique ?

Dès 2009, le Dépar­te­ment du Val‑d’Oise fut l’un des pre­miers en France à por­ter la convic­tion que le déploie­ment des réseaux Très Haut Débit serait un fac­teur majeur de déve­lop­pe­ment éco­no­mique et un cri­tère clé d’attractivité des ter­ri­toires val­doi­siens pour l’implantation des entre­prises, mais aus­si pour le choix d’un lieu de rési­dence. Dans un dépar­te­ment, à la fois rural et urbain, situé à proxi­mi­té de Paris et doté d’une grande diver­si­té géo­gra­phique et socio­lo­gique, le choix a été fait de bâtir une poli­tique publique ambi­tieuse d’aménagement numé­rique du ter­ri­toire pour garan­tir l’accès au très haut débit et à ses usages par­tout et pour tous. Val d’Oise Numé­rique a été créé en 2015 dans ce contexte.

Notre pre­mière grande mis­sion a été de déployer la fibre optique jusqu’à l’habitant (FttH) et l’entreprise dans les 122 com­munes « oubliées » par les opé­ra­teurs pri­vés en nous appuyant sur deux délé­ga­tions de ser­vice public com­plé­tant les déploie­ments des opé­ra­teurs pri­vés dans 62 com­munes denses. Fin 2020, le Val‑d’Oise a ain­si été le pre­mier dépar­te­ment fran­çais 100 % fibré jusqu’à l’abonné.

Notre ambi­tion est de favo­ri­ser le déve­lop­pe­ment des ter­ri­toires intel­li­gents, durables et de confiance en Île-de-France grâce à la mutua­li­sa­tion des infra­struc­tures et la dis­po­ni­bi­li­té d’une offre ter­ri­to­riale de ser­vices numé­riques ouverte aux col­lec­ti­vi­tés val­doi­siennes et acteurs publics franciliens.

Depuis sa création en 2015, Val d’Oise Numérique pilote des projets d’aménagement et de développement numérique sur tout le territoire du Val‑d’Oise et, même, au-delà en Île-de-France. Pouvez-vous nous présenter les plus significatifs ?

Val d’Oise Numé­rique s’implique très concrè­te­ment dans des domaines tels que l’accessibilité et la média­tion numé­rique, la for­ma­tion et l’éducation, la vidéo­pro­tec­tion et les objets connec­tés, la sou­ve­rai­ne­té et la sobrié­té des sys­tèmes d’information…

Un de nos pro­jets emblé­ma­tiques est le Hub Numé­rique Niko­la Tes­la d’Ecouen, conçu en 2018 comme un tiers-lieu de for­ma­tion aux métiers des infra­struc­tures numé­riques, qui forme annuel­le­ment près de 350 béné­fi­ciaires des mini­mas sociaux (RSA) et des décro­cheurs sco­laires avec à la clé un emploi pour près de 92 % d’entre eux. Capi­ta­li­sant sur ses pla­teaux tech­niques péda­go­giques et ses démons­tra­teurs tech­no­lo­giques de la « smart city », le Hub Niko­la Tes­la s’appuie sur l’écosystème des par­te­naires de Val d’Oise Numé­rique et les clauses sociales de ses mar­chés publics afin de leur pro­po­ser des for­ma­tions à des métiers émer­gents ou en ten­sion des filières numériques.

En 2023, il a mis en œuvre, à la demande du Dépar­te­ment du Val‑d’Oise, le Centre Dépar­te­men­tal de Super­vi­sion du Val‑d’Oise qui mutua­lise l’enregistrement et l’exploitation des images de vidéo­pro­tec­tion des camé­ras déployées sur les sites dépar­te­men­taux et par les com­munes ne dis­po­sant pas de CSU.

Enfin, Val d’Oise Numé­rique sou­tient aus­si direc­te­ment les pro­jets numé­riques des com­munes val­doi­siennes qui peuvent, par ailleurs, s’appuyer sur notre cen­trale d’achat Focus Numé­rique, pour béné­fi­cier d’économies d’échelle et de solu­tions per­ti­nentes par­tant de la réa­li­té de leurs besoins.

Pouvez-vous revenir sur le déploiement de la fibre optique dans le Val‑d’Oise ?

En effet, notre pre­mière grande mis­sion a été de déployer la fibre optique jusqu’à l’habitant (FttH) et l’entreprise dans les 122 com­munes « oubliées » par les opé­ra­teurs pri­vés en nous appuyant sur deux délé­ga­tions de ser­vice public confiées res­pec­ti­ve­ment à TDF (115 com­munes) et XP Fibre (7 com­munes) com­plé­tant les déploie­ments des opé­ra­teurs pri­vés dans 62 com­munes denses. Fin 2020, le Val‑d’Oise a ain­si été le pre­mier dépar­te­ment fran­çais 100 % fibré jusqu’à l’abonné (FttH). L’intervention publique a été mise en œuvre en par­faite com­plé­men­ta­ri­té avec les déploie­ments des opé­ra­teurs pri­vés. Inté­res­sés par les zones les plus ren­tables, ces opé­ra­teurs ont cou­vert les 23 de la popu­la­tion val­doi­sienne, mais seule­ment 13 du ter­ri­toire valdoisien.

Ce suc­cès du déploie­ment des réseaux « grand public » est tou­te­fois gâché par les dif­fi­cul­tés crois­santes d’exploitation avec des consé­quences sur le ser­vice ren­du aux admi­nis­trés. Cette situa­tion néces­site un contrôle accru des opé­ra­teurs com­mer­ciaux afin que leurs sous-trai­tants res­pectent les règles de l’art et ne com­pro­mettent pas l’intégrité de nos réseaux lors de leurs inter­ven­tions. C’est d’ailleurs pour cela que nous nous sommes tou­jours for­te­ment oppo­sés aux moda­li­tés de sous-trai­tance du rac­cor­de­ment final à l’opérateur com­mer­cial rete­nues par la filière et sou­te­nues par le régu­la­teur des télécoms.

Avez-vous intégré les besoins plus spécifiques des entreprises ou des administrations ?

Oui… nous dis­po­sons aus­si d’une boucle locale optique dédiée à l’ultra haut débit, auto­nome et sécu­ri­sée, des­ser­vant près de 5 000 sites et équi­pe­ments publics ain­si que toutes les zones d’activités val­doi­siennes pour répondre aux besoins spé­ci­fiques et cri­tiques de cer­tains usa­gers du très haut débit. Les offres de connec­ti­vi­té ados­sées à cette boucle locale optique s’adressent essen­tiel­le­ment aux entre­prises, aux admi­nis­tra­tions et sites pour les­quels la qua­li­té et la conti­nui­té de ser­vice néces­sitent des garan­ties de temps de réta­blis­se­ment infé­rieur à 4 heures ou des débits dédiés impor­tants à faible latence.

Nos réseaux de fibres noires per­mettent aux acteurs publics et aux col­lec­ti­vi­tés ter­ri­to­riales de déployer des réseaux en propre, de manière auto­nome et agnos­tique, afin de déve­lop­per des ser­vices numé­riques à coût maî­tri­sé et indé­pen­dam­ment des opé­ra­teurs télé­coms. La mutua­li­sa­tion contri­bue à la sobrié­té du numé­rique en évi­tant que cha­cun déploie inuti­le­ment des infra­struc­tures pour répondre à son besoin.

À titre d’exemple, la qua­si-tota­li­té des réseaux locaux de vidéo­pro­tec­tion et la connec­ti­vi­té des sites publics de nom­breuses col­lec­ti­vi­tés s’appuient désor­mais sur la fibre noire déployée par Val d’Oise Numé­rique et d’autres syn­di­cats mixtes tels que le nôtre.

« Grâce à nos deux datacenters publics, certifiés ISO 27001 et HDS, nous avons permis de réduire drastiquement l’empreinte carbone et le coût des salles serveurs de nos adhérents. »

Val d’Oise Numé­rique a aus­si été moteur dans la créa­tion du GIE d’Infogérance Publique Com­mu­nau­taire qui a mis en œuvre, dans le cadre d’une gou­ver­nance 100 % publique, un pro­jet de data­cen­ter sou­ve­rain par­ta­gé de proxi­mi­té qui héberge aujourd’hui les sys­tèmes d’information de divers acteurs publics fran­ci­liens : admi­nis­tra­tions, uni­ver­si­tés, orga­nismes de recherche, col­lec­ti­vi­tés, agences publiques qui ont ain­si accès à coût maî­tri­sé à un héber­ge­ment plus sécu­ri­sé, plus sobre, plus souverain.

Grâce à nos deux data­cen­ters publics, cer­ti­fié iso 27 001 et hds, nous avons per­mis de réduire dras­ti­que­ment l’empreinte car­bone et le coût des salles ser­veurs de nos adhé­rents, dont de nom­breuses uni­ver­si­tés et orga­nisme de recherche, en com­pa­rai­son aux solu­tions d’auto-hébergement éner­gi­vores et peu sécurisées.

Vous êtes au cœur de la transformation digitale des territoires franciliens… comment contribuez-vous à la transition énergétique ? 

Depuis le début de l’année 2024, nous déployons un réseau d’initiative publique bas-débit (sous pro­to­cole LoRa) dédié aux objets connec­tés indis­pen­sables à la mise en œuvre de tout pro­jet de ter­ri­toire intel­li­gent, durable et de confiance. Agis­sant aux côtés de la Région Île-de-France et des autres syn­di­cats fran­ci­liens du numé­rique, cette ini­tia­tive per­met­tra de garan­tir une com­plé­tude de connec­ti­vi­té IoT à l’échelle régio­nale, une sou­ve­rai­ne­té de bout en bout pour les don­nées bâti­men­taires et urbaines, la mise en place d’une por­ta­bi­li­té de l’IoT, la péren­ni­té de la tech­no­lo­gie LoRa et la des­serte deep-indoor des sites publics stratégiques. 

Il est, en effet, impor­tant que les col­lec­ti­vi­tés ter­ri­to­riales et leurs pres­ta­taires de ser­vices (eau, éclai­rage public, chauf­fage urbain, ordures ména­gères…) puissent avoir une connec­ti­vi­té adap­tée à leurs usages : sobre, à coût maî­tri­sé et indé­pen­dante des stra­té­gies com­mer­ciales des opé­ra­teurs mobiles.

« Il est important que les collectivités territoriales et leurs prestataires de services (eau, éclairage public, chauffage urbain, ordures ménagères…) puissent avoir une connectivité adaptée à leurs usages : sobre, à coût maîtrisé et indépendante des stratégies commerciales des opérateurs mobiles. »

Les tech­no­lo­gies du numé­rique, au sens le plus large du terme, sont une oppor­tu­ni­té pour trou­ver des solu­tions effi­cientes en matière de tran­si­tion éner­gé­tique des acteurs publics. Par exemple les objets connec­tés faci­litent la mise en œuvre de mesures de sobrié­té dans les bâti­ments publics (détec­tion de fuite, contrôle du res­pect des consignes de tem­pé­ra­tures, télé­re­lève…). Encore faut-il que l’empreinte car­bone du numé­rique ne soit pas supé­rieure aux gains espé­rés ! Déve­lop­per des approches de mutua­li­sa­tion est un moyen d’y par­ve­nir et de favo­ri­ser la sobrié­té numé­rique en évi­tant les dou­blons d’infrastructures. Nous y contri­buons modes­te­ment en por­tant les ini­tia­tives publiques d’infrastructures et d’équipements mutua­li­sés évo­qués précédemment. 

De manière géné­rale, nous sou­hai­tons que les col­lec­ti­vi­tés et acteurs publics, mais aus­si les entre­prises exer­çant des mis­sions de ser­vice public puissent capi­ta­li­ser sur nos infra­struc­tures publiques mutua­li­sées à haute valeur ajou­tée pour mieux se concen­trer sur leurs métiers. Val d’Oise Numé­rique croit beau­coup aux ver­tus de la mutua­li­sa­tion et du par­te­na­riat entre acteurs publics. Et c’est bien ça l’esprit d’un Syn­di­cat Mixte tel que le nôtre ! Un Syn­di­cat de la trans­for­ma­tion numé­rique du ter­ri­toire, opé­ra­teur public de ser­vices numé­riques à la bonne échelle pour un numé­rique de proxi­mi­té, res­pon­sable, sou­ve­rain, sobre, soli­daire et tech­ni­que­ment pertinent. 

Pour en savoir plus : https://www.valdoisenumerique.fr/

Poster un commentaire