Gaëlle Monteiller-Gibert (88), valeur et nombre des années
Tout au long de son trajet scolaire, elle fut constamment la plus jeune. À quatre ans, elle savait déjà lire. Elle sortit de l’École, plus jeune en moyenne de presque trois ans comparée aux autres élèves du corps des Mines.
Cette singularité lui fut surtout un atout, lui donnant une précieuse spontanéité, à laquelle elle reste attachée. Comme le nota si justement La Rochefoucauld : « La jeunesse est une ivresse continuelle, c’est la fièvre de la raison. »
LA SAGESSE EN PARTAGE
Autre atout, la dissociation d’avec la mentalité adolescente, ouvrant très tôt à une sagesse, attrait de son caractère : elle vise la « simplicité et la vérité des relations humaines vraies, l’empathie, le rire et la joie.
Dessin : Laurent SIMON
J’ai une grande capacité à voir le positif, les solutions avant les problèmes et les difficultés. »
Elle aime écrire : « J’exprime beaucoup plus facilement les choses au travers de l’écriture et des actes, les paroles s’envolent trop vite. »
Mais d’abord, les grandes étapes de son parcours. D’un père polytechnicien (promotion 1964) et d’une mère agrégée de mathématiques, elle tient à la fois tant l’intrépidité que le sérieux.
Elle eut des enseignants hors pair : Monsieur Guttierez à l’école primaire, « maître d’école impressionnant et entraînant », Monsieur Streiff professeur de mathématiques en classe préparatoire et Helman le Pas de Sécheval « qui me préparait aux concours en physique alors qu’il était encore étudiant à l’ENS Ulm » (il devint lui aussi ingénieur des Mines et il est à présent, entre autres, secrétaire général du groupe Veolia).
À l’adolescence, elle voulait devenir pilote de chasse : « J’ai appris à piloter et j’ai eu mon brevet », raconte-t-elle. Mais son ambition d’entrer dans l’armée de l’air fut contrariée : « J’ai découvert que j’étais myope. »
DE LA MINE AU CIMENT, EN PASSANT PAR L’AUTOMOBILE
À sa sortie de l’École, entrée dans le corps des Mines, elle contrôle à 24 ans la mine de Gardanne, dans les Bouches-du- Rhône. Elle y découvre les mineurs, « des gens entiers ». « J’adorais descendre dans les galeries à plus de 1 100 m sous terre. »
“ Voir le positif, les solutions avant les problèmes et les difficultés ”
Cela va de pair avec sa dilection pour Zola, peut-être son romancier préféré, car « il parle des gens, de la vie ».
Puis, elle fait partie du cabinet de François Huwart, secrétaire d’État chargé du Commerce extérieur de 1999 à 2002. Elle est alors également sous-directrice responsable des industries automobile, ferroviaire et navale au sein du ministère des Finances et de l’Industrie.
De 2002 à 2005, elle dirige les affaires publiques et de l’environnement du cimentier Lafarge : Bertrand Collomb, PDG du groupe, l’axa très tôt sur le développement durable. De 2005 à 2007, toujours dans le groupe Lafarge, elle y dirige l’activité « bétons » de la vallée de Seine.
Puis, de 2008 à 2010, encore chez Lafarge, elle est DG des activités « bétons » de la moitié nord du territoire national.
En mars 2011, PSA la recrute pour diriger son site de Poissy. 400 000 véhicules y sont produits chaque année ; 7 000 personnes y travaillent.
Elle y supervise en 2012 le lancement du nouveau modèle Peugeot 208, sur lequel PSA misait pour insuffler de l’oxygène à ses résultats.
Quittant PSA en septembre 2013, elle prend quelques mois pour se ressourcer, donner libre cours à la fièvre de la raison, écrire un livre, un Traité de l’happy management – centré sur la tellement nécessaire excellence des relations humaines : « Je ne construis que pierres vives, ce sont hommes », pour citer Rabelais.
En mai 2014, elle retrouve le ciment en rejoignant Holcim. Elle participe au projet de fusion avec Lafarge.
S’ACCOMPLIR DANS L’HUMAIN
En juillet 2016, elle devient directeur associée chez Valtus : société spécialisée dans le management de transition, avec un impressionnant vivier de pas moins de 4 000 gestionnaires expérimentés, à détacher dans les firmes en transformation – nombreuses dans l’économie d’aujourd’hui – ou en difficulté.
“ Mettre l’humain au cœur de la performance ”
Elle voit cette activité comme le levier d’une approche nouvelle du management des talents, mettant l’humain au cœur de la performance de l’entreprise, prônant le partage et l’enrichissement permanent des hommes au profit de la réussite de l’entreprise.
Cette mère de famille, aux quatre enfants, a conservé l’esprit d’enfance. C’est une grande sentimentale, que la beauté – d’un texte, d’un film, d’une œuvre – émeut jusqu’aux larmes.
Pour la résumer, comme l’exprima l’un de ses camarades de promotion, « elle est lumineuse ».