Véhiposte : vers une mobilité 100 % électrique à horizon 2030
Eve Pietriga, Présidente-Directrice Générale nous en dit plus sur la stratégie de décarbonation de la flotte du groupe La Poste mise en œuvre par Véhiposte. Dotée de la première flotte électrique en Europe et affichant des objectifs très ambitieux en termes de décarbonation, la filiale de La Poste poursuit ses actions afin de contribuer à son échelle à la réduction de l’empreinte carbone nationale. Rencontre.
Qui est Véhiposte ?
Véhiposte est une filiale du groupe La Poste. Elle gère ainsi l’ensemble des moyens de mobilité du groupe La Poste, soit plus de 61 000 véhicules, essentiellement des quatre roues, des véhicules plus légers, des stabys, et quelques poids lourds. Dans le parc de quatre roues, nous avons essentiellement des véhicules utilitaires d’exploitation, 8 000 véhicules de service et près de 2 000 véhicules de fonction. Nous avons également différents cubages, de 3 à 10 m3, répondant à des besoins d’emport différents. Nous sommes présents partout en France, à l’instar de notre groupe, qui a vocation à couvrir et mailler l’ensemble du territoire national.
Vous êtes à la tête de Véhiposte depuis un peu plus d’un an. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre prise de poste et votre feuille de route ?
Mon arrivée à la direction générale de Véhiposte s’inscrit dans un contexte de transformation radicale de l’industrie automobile et de la mobilité. Le secteur a été fortement perturbé par la pandémie, les pénuries de matières premières, la cherté des véhicules, la transformation des réseaux de maintenance, les difficultés de livraison… En parallèle, on assiste à une prise de conscience plus marquée des enjeux environnementaux qui se traduit notamment par la mise en place des ZFE (Zones à Faibles Emissions), l’émergence de nouveaux usages et un rapport renouvelé à la mobilité.
Dans ce cadre, ma principale mission est d’accompagner ces évolutions et de travailler au verdissement de la mobilité postale. Cela nécessite un changement de culture : nous passons, en effet, chez Véhiposte, d’un cœur de métier axé sur la gestion de flottes et exercé par des « amoureux » de la voiture au développement d’une expertise en mobilité durable. Pour ce faire, nous travaillons sur plusieurs axes au premier rang desquels l’électrification du parc de véhicules et leur usage ; le développement de la connectivité des véhicules, la valorisation de la data et l’innovation. Le fait d’avoir été précurseur sur les véhicules utilitaires électriques nous amène également à travailler d’ores et déjà sur la seconde vie des véhicules et à pousser au recyclage et au réemploi des pièces en pensant maintenance et durabilité des moyens et des usages. Nous réfléchissons aussi à ces enjeux au niveau de notre organisation, notamment avec notre direction des ressources humaines autour de sujets comme l’auto-partage, les crédits mobilité, l’acculturation à la mobilité électrique… En interne, cela se traduit notamment par une démarche de conduite du changement auprès de nos collaborateurs. Par exemple, sur chaque site d’auto-partage, nous avons au moins un véhicule électrique afin de permettre à nos collaborateurs de tester la conduite de ces véhicules.
La décarbonation et la réduction de l’empreinte carbone sont donc des enjeux qui sont au cœur de votre activité. Comment les appréhendez-vous ?
Notre projet global d’électrification et de verdissement est porté au plus haut niveau du groupe La Poste : le COMEX, la direction de l’immobilier pour mettre en place l’infrastructure nécessaire (bornes de recharge…) ; la DRH autour de la conduite du changement ; les conducteurs… La mobilité douce est un enjeu sociétal qui déborde le périmètre de l’entreprise et nous concerne tous, ce qui constitue un atout certain en matière de dynamique collective. C’est donc assez naturellement une démarche qui embarque toutes les composantes de notre entreprise.
Avec 19 000 véhicules utilitaires électriques, nous disposons de la première flotte électrique d’Europe et faisons partie des pionniers en matière d’électrification de la mobilité. Il s’agit, par ailleurs, d’un marqueur stratégique fort du groupe La Poste qui souhaite se positionner comme leader avec 100 % de livraisons décarbonées en zones à faibles émissions (ZFE) d’ici 2025. Au-delà, le groupe vise un taux d’électrification de 100 % à horizon 2030.
En parallèle, nous avons contribué à la création de l’entreprise MOVIVOLT, détenue à 70 % par la Banque des Territoires et 30 % par Véhiposte. MOVIVOLT propose une offre de location longue durée électrique à l’ensemble du marché des professionnels et s’appuie sur notre expérience en matière de mobilité électrique.
Nos clients sont parties prenantes et acteurs de la démarche, nos fournisseurs et partenaires également. Ensemble, nous co-construisons ces nouvelles solutions en identifiant des besoins opérationnels, et en nous assurant que les constructeurs y répondent, en concevant des produits parfois sur mesure avant de trouver un marché plus large. Cela a pu être le cas avec le premier Kangoo électrique de Renault ou les Stabys, véhicules trois roues développés par Ligier, et très utilisés par nos facteurs.
A l’écoute du marché et des nouvelles pratiques, nous participons également aux différents incubateurs du Groupe et identifions les start-up et les entreprises avec lesquelles nous pourrions travailler afin de développer des solutions toujours plus vertueuses en matière de mobilité.
Qu’en est-il de vos enjeux ?
Couvrir les besoins de mobilité au bon moment et de manière adaptée ! Concilier cette attention aux clients internes avec un volontarisme écologique et un équilibre économique dans la durée. Il s’agit de montrer que cette transition est possible en travaillant avec l’ensemble de l’écosystème pour la rendre plus facile et accessible, opérationnelle au quotidien.
Et pour conclure ?
Nous sommes confiants dans la capacité à conserver le temps d’avance du groupe La Poste, pionnier dans l’électrification de sa flotte, pour contribuer à cette transition. C’est une chance et une fierté de contribuer à faire émerger une mobilité douce plus compatible avec nos enjeux environnementaux, et un enjeu de transformation qui nécessite la mobilisation d’un éco-système élargi.