VENEZUELA magnifique, étonnant, insolite, chaleureux
Parmi tous les pays d’Amérique latine, le Venezuela a un rapport privilégié avec la France :
- ce sont nos philosophes du XVIIIe siècle qui ont inspiré les responsables de la guerre d’Indépendance, en particulier Francisco Miranda, le précurseur, et Simon Bolivar, El Libertador ;
– Francisco Miranda combattit à Valmy comme général dans les armées françaises et son nom figure sur l’Arc de triomphe ;
– au tout début du XIXe siècle, le grand savant allemand Alexandre de Humboldt, qui avait un aïeul français, et le célèbre botaniste Aimé Bonpland sont allés au fin fond de la partie la plus méridionale du pays, appelée Amazonas, pour un grand voyage d’études dont le but essentiel était de confirmer un phénomène géographique assez incroyable : la liaison par un canal naturel, le Casiquiare, entre l’Orénoque et le rio Negro, un des plus gros affluents de l’Amazone ;
– récemment ou actuellement des entreprises françaises sont parties prenantes dans l’économie du Venezuela : téléphérique de Merida, le plus long – 12 km – et le plus haut du monde – 4 765 mètres
-, métro de Caracas, métallurgie de l’aluminium, recherche pétrolière… pour ne citer que les réalisations les plus notoires.
Le Venezuela fut découvert en 1498 par Christophe Colomb, lors de son troisième voyage. Il accosta à Macuro tout à fait à l’est du pays, au sud de la péninsule de Paria, face à Trinidad. Il vogua ensuite vers l’ouest pour découvrir les îles de Margarita, Coche et Cubagua où il repéra des huîtres perlières.
case indienne Warao.
maisons sur pilotis de la lagune de Sinamaica.
L’année suivante, Amerigo Vespucci débarqua et, contemplant les palafitos (cases indiennes sur pilotis) de la lagune de Sinamaica, se serait écrié : « Oh ! la petite Venise – Venezuela ! »…
Les conquistadors espagnols appelèrent « Nouvelle-Grenade » la région formée aujourd’hui par le Venezuela et la Colombie et lui donnèrent pour première capitale la ville de Coro qui a gardé de fort beaux restes de l’époque coloniale. Ils essayèrent de mettre les Indiens au travail dans les plantations mais devant leur refus de se soumettre, ils en massacrèrent un grand nombre et firent la traite des Noirs pour avoir une main-d’oeuvre bon marché. Aujourd’hui on constate avec surprise, car ce n’est pas courant dans notre monde, que ces trois ethnies se sont mélangées et l’on trouve toutes les couleurs de peau avec plus ou moins de caractéristiques amérindiennes. Mais une autre conséquence non moins importante est l’absence de racisme !
Au début du XIXe siècle, ce fut la terrible guerre d’Indépendance magnifiquement dirigée par le général en chef Simon Bolivar qui a marqué son pays à jamais. C’est le grand héros de la nation qui l’honore de mille façons : de Caracas, la capitale, au plus petit village, tous ont leur place Bolivar, là où se trouve la cathédrale ou l’église face à l’Alcadía (la Mairie), où trône une statue du Libertador et d’où partent bien souvent l’avenida Bolivar et la calle du même nom, la monnaie est le bolivar, le plus haut sommet est le pic Bolivar – 5 007 mètres -, l’aéroport de Caracas porte également son nom.
La superbe ville d’Angostura, bâtie au bord de l’Orénoque, qui devint, par la volonté du Libertador, la capitale du pays pendant cette guerre d’Indépendance s’appelle aujourd’hui Ciudad Bolivar, capitale de l’État du même nom, le plus vaste du pays.
Pourtant sa gloire ne lui fut pas propice de son vivant : élu président de la République en 1819, ses lieutenants avides de pouvoir l’obligèrent à se retirer après qu’il eut conquis avec le général Sucre, le seul qui lui soit resté fidèle sans faillir, l’indépendance de la Colombie, de l’Équateur, du Pérou et de la Bolivie et qu’il eut essayé, idée géniale pour l’époque, de rassembler tous ces pays et le sien dans des « États-Unis du Sud » pour faire face à leur grand voisin du Nord qui devenait très puissant.
Mais les caudillos locaux, jaloux de leur pouvoir et soutenus par ce voisin, s’y opposèrent. Il mourut en exil en 1830, à 47 ans, à Santa Marta, en Colombie, après avoir prononcé ces paroles amères : » J’ai labouré la mer. »
Indien Yanomami.
Paez, donc, lui succéda et la dictature régna jusqu’en 1958 en dehors d’une tentative de démocratie en 1948 avec l’élection à la présidence de la République de l’écrivain Romulo Gallegos qui fut renversé la même année ! Méritent d’être cités au cours de cette période Antonio Guzman Blanco (1870−1888) et Juan Vicente Gomez (1908−1935) pour leur action globalement positive dans la direction du pays.
Pirogue Pemone
Née donc en 1958, la démocratie vénézuélienne est la plus ancienne d’Amérique du Sud ! C’est un régime présidentiel. Le président est élu pour cinq ans. Il est non rééligible à la fin de son mandat. La nation veut apparaître comme une fédération d’États mais les lois sont les mêmes partout.
Existe-t-il un pays de cette taille (presque deux fois la France) possédant plus de ressources naturelles que le Venezuela ? Tout le monde le connaît comme initiateur de l’OPEP en raison de son pétrole. Mais sait-on qu’il possède d’importants gisements de fer, d’aluminium, d’or – l’Eldorado, c’est ici ! – et de diamants ; qu’il a, avec l’Orénoque et ses affluents, de l’énergie hydroélectrique à revendre ce qu’il ne se prive pas de faire à ses voisins : le Brésil et la Colombie (le barrage le plus célèbre est celui de Guri sur le rio Caroni qui passe pour être l’un des plus grands du monde) ; qu’il cultive le meilleur cacao (à Chuao) et que son café a un arôme bien supérieur à celui de Colombie pourtant réputé ; que ses bananes et sa canne à sucre valent bien celles de nos Antilles et son maïs celui des États-Unis ; qu’il cultive le tabac qui n’a toutefois pas la qualité du « Havane » ; que la mer des Caraïbes, sillonnée par ses pêcheurs à bord de leurs peñeros et autres lanchas, est une des plus poissonneuses du monde et que dans ses Llanos, l’immense plaine centrale, les llaneros (cow-boys) élèvent d’énormes troupeaux de bovins ? Tout cela pour seulement 21 millions d’habitants !
Alors, pourquoi cette pauvreté, des salaires dix fois inférieurs aux nôtres ?
Chute Chinak Meru (Grande savane).
Les principales raisons en sont un fort endettement consécutif à la crise pétrolière, une mauvaise répartition de l’outil de production qui, en dehors des ressources minières qui sont exploitées par l’État, appartient à quelques familles qui ne recyclent pas ou peu les bénéfices dans le circuit économique mais les placent aux États-Unis ou ailleurs, un fort taux de chômage et, il faut malheureusement bien le dire, une certaine corruption (c’est pour cette raison que le président de la République alors en exercice, Carlos Andres Perez, fut destitué en 1993).
Mais le pays n’est pas malheureux pour autant car il possède deux autres richesses, celles-là tout à fait équitablement réparties, et dont les habitants ont la sagesse de savoir profiter : le soleil et l’eau. Et, grâce sans doute à ces bienfaits de la Nature, le Vénézuélien est un homme chaleureux et gai. Il va se mettre en quatre pour vous rendre service. Il aime la musique et la danse. Tout est prétexte pour faire la fête.
Mais il y a encore une richesse que les Français ignorent quasi complètement alors que tous nos voisins et les Québécois la connaissent et lui font honneur : le tourisme. Le Venezuela est un pays fantastiquement beau et varié. C’est la Nature à l’état vierge et une nature riche, forte, impressionnante, insolite…
Riche par sa variété : des hautes montagnes des Andes aux sommets enneigés à l’immense plaine des llanos, du massif guyanais de la Grande savane et du nord de l’Amazonas, dont les origines remontent au continent Gondwana il y a quatre cents millions d’années, à la jungle du Sud où vivent encore des tribus Yanomami dont certaines ne connaissent pas la civilisation.
On y découvre le fabuleux Orénoque et ses affluents Ventuari, Apure, Caura, Caroni pour ne citer que les principaux.
Plus de 2 000 km de côtes sur la mer des Caraïbes et les îles Roques, Tortuga, Margarita, Cubagua… sont encore hantées par le fantôme des corsaires et autres pirates français, anglais, hollandais qui croisèrent dans ces eaux.
Environ 300 000 Indiens répartis en une trentaine d’ethnies vivent dans les régions les plus sauvages.
Dans les réserves des Llanos on côtoie les animaux sauvages dans leur milieu naturel sans le moindre danger : crocodiles, cabiais, anacondas, loutres, fourmiliers, chevreuils, singes, iguanes, tatous, renards, tortues aquatiques et une multitude d’échassiers : hérons blancs ou cendrés, ibis rouges, blancs ou noirs, marabouts, cigognes, palettes, aigrettes… mais aussi des hoazins, cet oiseau d’origine préhistorique, des » sang de taureaux » tout rouges, des milans… De quoi faire un superbe safari-photo pour les amateurs.
L’archipel des Roques, paradis de la voile (le Venezuela est une zone hors cyclone) et de la plongée, est un véritable atoll défendu par une barrière de corail.
L’île de Margarita offre de grandes possibilités de plage dans des hôtels agréables. Le « 18 trous » de l’Isla Bonita fera le bonheur des golfeurs et les véliplanchistes trouveront un alizé toujours remarquablement soutenu à El Yaque.
Les îlots de sable blanc au milieu de la mer turquoise de la splendide mangrove de Morrocoy sont un rêve pour la baignade et la plongée. Là encore une multitude d’oiseaux : flamants roses et ibis rouges, pélicans, cormorans, frégates au jabot rouge à la période des amours… De magnifiques falaises calcaires qui ont abrité des Indiens à la période précolombienne laissent voir les pétroglyphes qu’ils y ont gravés.
La Grande savane offre le spectacle insolite et grandiose de ses tepuys (montagnes tabulaires) d’où se jettent une multitude de chutes d’eau dont la plus haute du monde : le Salto Angel – 1 000 mètres !
Caracas, le Capitolio
En Amazonas ou dans le Delta Amacuro des curiaras ou des bongos menés par des Indiens piaroas ou waraos emmènent les voyageurs sur l’Orénoque et ses affluents, au travers de la forêt vierge, vers leurs villages où ils coucheront dans des hamacs (fort confortablement quand on leur aura montré comment s’y installer). C’est ainsi que l’on peut faire la découverte du Cerro Autana, splendide montagne sacrée, vestige de « l’arbre de vie » selon la légende piaroa (en l’occurrence le tronc de cet « arbre » monumental) ou se promener, de nuit, en petite pirogue dans les caños du delta pour découvrir un anaconda et le lendemain apercevoir hérons, martins-pêcheurs, ibis rouges, perroquets, aras, toucans et singes hurleurs.
Les Andes offrent au promeneur à pied, à dos de mule, en téléphérique, ou en voiture de magnifiques panoramas de montagne. La latitude et les équipements en place permettent aux non-sportifs d’atteindre des altitudes supérieures à 4 000 mètres sans aucun effort mais les spécialistes de l’escalade, du trekking et du parapente pourront aussi s’en donner à coeur joie.
La grotte des Guacharos présente au visiteur ses concrétions calcaires sur 1,500 km mais surtout est un des très rares sites dans le monde à héberger ces oiseaux nocturnes que sont les Guacharos. Quel spectacle de les voir tous ensemble sortir à la tombée de la nuit pour aller chercher leur nourriture parfois très loin et revenir à l’aube !
Le désert des Medanos, près de Coro, développe ses dunes mouvantes qui coupent fréquemment la route de desserte de la péninsule de Paraguana dominée par la montagne sacrée de Santa Ana.
Parmi toutes les destinations lointaines qui alimentent nos rêves, le Venezuela a bien sa place. N’attendez pas pour partir à la découverte de cette Nature encore préservée. Laissez à la consigne la panoplie du touriste lambda et emportez avec vous votre âme de Voyageur curieux et épris d’authenticité. Vous serez alors assurés de moments d’intense émotion.
————————————————————————————————————————- (Légendes d’illustrations) L’Orénoque, rapides de Maypures. En haut : aigrettes des Llanos. Au milieu : case indienne Warao. En bas : maisons sur pilotis de la lagune de Sinamaica. Indien Yanomami. Pirogue Pemone. Chute Chinak Meru (Grande savane). Caracas, le Capitolio. ————————————————————————————————————————-
Bibliographie
articles parus dans la presse :
- Îles Magazine, juin/juillet 1989 : La Solitude de Los Roques.
- Modes et Travaux : un numéro de 1989.
- National Geographic, vol. 175, n° 5 de mai 1989.
- Géo, n° 133 de mars 1990 : Venezuela, le monde fantastique des Tepuys.
- Figaro Magazine, n° 14158 du 3 mars 1990 : Grandiose ! Soyez les premiers à découvrir le Venezuela.
- Sol à sol, n° 13, sept./oct. 1990 : Je connais un pays…
- L’Express du 15 novembre 1990 : Venezuela, les couleurs de la magie.
- Figaro Magazine du 11 mai 1991 : Venezuela d’île en île.
- Le Monde du samedi 13 juin 1992 : Le dernier El Dorado des Yanomamis.
- Grands Reportages, n° 131, décembre 1992 : Dossier Venezuela.
- Réponse à tout, n° 34, avril 1993 : Le Venezuela : un mois là-bas moins cher que quinze jours sur la côte !
- Sol à Sol, n° 27, mars/avril 1993 : Venezuela, un pays de contrastes dans les Caraïbes.
- Sol à Sol, n° 28, mai/juin 1993 : Venezuela, le contraste du tropique. (Il existe un tiré à part de cet article sous le titre : Découvrez le Venezuela.)
- Problèmes d’Amérique Latine, n° 12, janvier/mars 1994 : Venezuela, l’émergence d’un nouveau parti, la Causar.
- Wind, n° 165 de mai 1994 : L’Eldorado du Windsurf existe !
- Voyages Contact, n° 265, 15⁄30 juin 1994 : Destination… Venezuela.
- Double Page, n° 38.
- Vogue Paris, numéro spécial, 1994.
- Grands Reportages, n° 156, janvier 95. Roraima, le père de Sherlock Holmes y situa un roman fabuleux.
- Voici, n° 392, 15⁄21 juin 1995. Venezuela : Jouez les Amazones au Pays de l’Or vert.
- Marie-France, mai 1995. Le Venezuela Grandeur Nature.
- Figaro Magazine, n° 15796 du 2/6/95. Venezuela : Au Paradis des animaux, Daniel est l’enfant roi.
- Science et Nature, avril 1996. Venezuela, Llanos, l’Eden retrouvé.
- Le Monde du 25 avril 1996. Les hommes des Llanos.
- Le Monde du 1er Juin 1996. Venezuela, Au pays des « babas », des piranhas et des anacondas.
livres et guides :
- Le Venezuela, Françoise Ley-Marie, collection notes et repères, Iter éditions, 1990.
- Le Venezuela, Michel Pouyliau, éditions Karthala, 1992.
- Guide du Venezuela, André Maccabe, éditions Phidal, 1994, Mirabel (Québec).
- Venezuela, Guide Arthaud.
- Guide to Venezuela, éditions anglaise, (1989) et espagnole (1986), Janice Bauman et Leni Young, éditions Ernesto Armitano, Caracas. Le plus documenté.
- Guide de voyage Ulysse, Venezuela, Montréal (Québec), 1994.
- Guide édité par Lonely Planet, Venezuela, 1994. Excellent mais en anglais.
- Le Grand Guide du Venezuela, Gallimard, 1995.
des récits, des romans :
- Le partage des eaux, Alejo Carpentier, collection Folio Gallimard.
- Le cercle des feux, Jacques Lizot, éditions du Seuil.
- Yanoama, Ettore Biocca, éditions Plon.
- Aux sources de l’Orénoque, Joseph Grelier, éditions La Table Ronde.
- Indiens de l’Orénoque, Joseph Grelier, éditions Flammarion.
- Simon Bolivar, Le Libertador, Gilette Saurat, éditions Grasset.
- Doña Barbara, Rómulo Gallegos, éditions Gallimard.
- Voyages dans l’Amérique équinoxiale, A. de Humboldt, éditions François Maspero, 2 tomes.
- L’Amérique espagnole en 1800, Alexandre de Humboldt, éditions Calmann-Lévy.
- Le pêcheur d’orchidées : Aimé Bonpland 1773–1858, Philippe Foucault, éditions Seghers.
- Le superbe Orénoque, Jules Verne, Hachette-Bibliothèque verte.
- L’Orénoque aux deux visages, Arnaud Chaffanjon, éditions Pierro.
- Christophe Colomb, Jules Verne, éditions Zulma, 1991.
- Les larmes des Ancêtres, Rodolphe Clauteaux, éditions n° 1, 1992.
- L’expédition Orénoque-Amazone, Alain Gheerbrant, éditions Gallimard.
- Aventures sur l’Orénoque dans les pas d’Alexandre de Humboldt, Alain Kerjean et Alain Rastoin, éditions Robert Laffont, (1981).
- Le monde perdu, Sir Arthur Conan Doyle.