Verdi : Attila
Attila est un opéra de jeunesse de Verdi, après la composition de Nabucco mais avant Macbeth. Réjouissons-nous que cet opéra presque jamais joué soit accessible grâce au DVD (préférez le Blu-Ray, rendant vraiment l’atmosphère du spectacle en salle) dans des conditions optimales.
L’ouverture, plus souvent jouée que le reste de l’œuvre, reprend certains thèmes de l’opéra. Elle met surtout en place l’ambiance du drame qui va suivre. L’opéra est très caractéristique de Verdi, et on y trouve tout son style de façon très reconnaissable, presque caricaturale : l’accompagnement si révélateur, la structure des airs, tout annonce ce que deviendra Verdi.
Pas de tubes dans cet opéra, pas encore tout à fait le génie futur de La Traviata et de Rigoletto, écrits sept ans plus tard, mais quel métier ! Et c’est ici parfaitement dirigé et chanté.
L’action se passe aux frontières de l’Empire romain pendant l’invasion des Huns, à une période comme celle du roi Arthur où s’affrontent Empire romain déclinant, Barbares et Chrétienté. Dans l’opéra, Attila mourra là, avant la création de la future Venise, frappé par une princesse d’Aquilée.
C’est en fait une invention de l’ouvrage de 1807 dont est tiré le livret, et qui est une métaphore de l’invasion de l’Italie par Napoléon. Verdi et son librettiste transforment cela en une rivalité entre Allemagne et Italie (n’oublions pas que Wagner et Verdi sont exacts contemporains, nés tous deux il y a deux siècles exactement), saint Léon arrêtant la marche des Huns sur Rome.
En réalité, Attila est mort chez lui en Hongrie, après la campagne victorieuse d’Italie, dans les bras de son épouse du jour.
Les décors sont simples, mais les costumes et maquillages rendent assez réaliste la troupe de Huns, et notamment Attila (voir la photo de la pochette), interprété par Ildar Abdrazakov, célèbre basse, habitué des plus grandes scènes du monde.
Valery Gergiev est un des chefs qui comptent le plus aujourd’hui dans le monde musical. En charge de plusieurs orchestres en Europe (Londres, et bientôt Munich), il commande principalement depuis vingt-cinq ans l’ensemble des salles du théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg, désormais au nombre de trois, la salle d’opéra historique où cette production a été filmée, la nouvelle salle d’opéra juste ouverte récemment et la nouvelle salle de concert inaugurée en 2007.
Chef symphonique et chef d’opéra, Gergiev enregistre depuis plus de vingt ans avec cet ensemble (à l’époque encore appelé théâtre du Kirov) les opéras du répertoire, dont des Verdi mémorables déjà. Gergiev a déjà laissé une vaste empreinte dans l’histoire de la musique, étant à l’origine de très nombreux enregistrements, mais aussi de salles de concerts, de festivals, et du label indépendant Mariinsky qu’il a créé en 2009, et qui édite CD, DVD et Blu- Ray, concerts, opéras et ballets de l’ensemble de Saint-Pétersbourg.
Répétons-le, des conditions idéales pour voir cet opéra. Espérons vite la publication en film haute définition (Blu-Ray) d’autres merveilles de la jeunesse de Verdi, presque jamais jouées, I due Foscari, Luisa Miller, Ernani.