Verdi : Quatuor à Cordes
Beethoven : Quatuor op. 18 no 2
Webern : six bagatelles
Beethoven : La grande fugue, film de Bruno Monsaingeon

Dossier : Arts, lettres et sciencesMagazine N°794 Avril 2024
Par Marc DARMON (83)

« J’ai écrit un qua­tuor pen­dant mes moments de dés­œu­vre­ment à Naples. »

Le Qua­tuor à cordes de Giu­seppe Ver­di a été com­po­sé à l’époque de la repré­sen­ta­tion d’Aïda à Naples, au prin­temps de l’année 1873. La repré­sen­ta­tion d’Aïda étant retar­dée en rai­son de la sou­daine mala­die de la sopra­no, Ver­di consacre son temps à l’écriture de sa pre­mière (et seule) œuvre de musique de chambre. Le Qua­tuor est créé deux jours après la pre­mière de l’opéra.

C’est une œuvre très inté­res­sante, car on y recon­naît à la fois l’opéra, avec des mélo­dies et l’accompagnement ver­dien, sa théâ­tra­li­té, et la musique pure qu’est le Qua­tuor à cordes. Même le scher­zo fait pen­ser aux épi­sodes vifs comme on en trouve dans le Bal mas­qué par exemple. Et la fugue finale anti­cipe la fugue qui clôt Fal­staff vingt ans plus tard.

Je recon­nais que je connais­sais mal cette œuvre. Une vraie découverte.

Le riche et ori­gi­nal pro­gramme des Alle­mands du Qua­tuor Arte­mis fil­mé aux Bouffes du Nord en 2001 se pour­suit par un des pre­miers qua­tuors de Bee­tho­ven, com­po­sé en 1799, le magni­fique op. 18 n° 2, joyeux, dyna­mique, impé­tueux. Les six qua­tuors de l’op. 18 sont les chaî­nons man­quants entre d’un côté les qua­tuors de Mozart et de Haydn (encore vivant à cette époque) et les qua­tuors du Bee­tho­ven de la matu­ri­té qui font entrer cette forme dans le XIXe siècle le plus innovant.

Et, en final du pro­gramme, Six Baga­telles expé­ri­men­tales (six minutes en tout) du Webern le plus concen­tré, le plus aride et recher­ché, pour mon­trer l’étendue du réper­toire du for­mi­dable Qua­tuor Artemis.

En com­plé­ment, le DVD contient le très inté­res­sant film de Bru­no Mon­sain­geon sur les répé­ti­tions et l’interprétation de La Grande Fugue de Bee­tho­ven. Ini­tia­le­ment conçu comme le final du 13e Qua­tuor, ce mor­ceau est fina­le­ment déta­ché de cette œuvre pour être publié sépa­ré­ment en mai 1827. Pièce vision­naire, monu­men­tale dans ses dimen­sions et dans sa puis­sance expres­sive, elle est consi­dé­rée comme le cou­ron­ne­ment de l’œuvre pour qua­tuors de Bee­tho­ven. Le film de Mon­sain­geon (qui a aus­si res­ti­tué l’intimité de Glenn Gould, de Rich­ter…) montre bien la vie et le tra­vail d’un Qua­tuor, dont les quatre heures de répé­ti­tion en for­ma­tion par jour. Ce Qua­tuor, dont les membres ont beau­coup chan­gé depuis sa créa­tion en 1989 tout en gar­dant le même esprit, pos­sède la carac­té­ris­tique que les pre­mier et second vio­lons alternent d’une œuvre à l’autre, ce qui rend le groupe plus démo­cra­tique, alors que sou­vent le pre­mier vio­lon est le lea­der incon­tes­té de l’ensemble.

Le Qua­tuor Arte­mis s’est, depuis ces films vieux de vingt ans, affir­mé comme une des réfé­rences pour Bee­tho­ven. Les deux films nous montrent les pre­mières étapes de cette car­rière bee­tho­vé­nienne. 


Qua­tuor Artemis

Un DVD Medi­ci Arts

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