Vers un avenir énergétique plus durable au Cameroun avec KHPC

Kikot-Mbebe Hydro Power Company (KHPC) est un acteur clé de la transition énergétique au Cameroun. Grâce à son projet ambitieux de centrale hydroélectrique de Kikot-Mbebe sur le fleuve Sanaga, KHPC s’engage à répondre aux défis énergétiques du pays et de la sous-région. Christophe Avognon, Directeur Général de l’entreprise, nous partage sa vision.
Vous avez récemment été désigné à la tête de KHPC, avez-vous déjà pris vos marques ?
Depuis ma prise de fonction en juin 2024, j’ai pleinement saisi la dimension de ce projet ambitieux, lancé en 2019, ainsi que l’ampleur du travail entrepris par l’ensemble des équipes impliquées. Le projet Kikot-Mbebe est une initiative majeure qui doit répondre aux besoins croissants du pays en énergie. Notre priorité, c’est la mise en service au plus tôt de cette nouvelle centrale hydroélectrique, tout en respectant des normes strictes de sécurité et de durabilité. Pour cela, le projet mobilise une équipe d’une centaine de personnes en charge du développement, dont une équipe d’ingénierie portée par EDF avec une assistance sur les volets technique, juridique, financier et contractuel, ainsi que la participation d’institutions gouvernementales camerounaises.
“Notre priorité, c’est la mise en service au plus tôt de cette nouvelle centrale hydroélectrique, tout en respectant des normes strictes de sécurité et de durabilité.”
Pouvez-vous nous décrire votre parcours et en quoi consiste votre métier ?
Mon parcours est plutôt varié. J’ai d’abord commencé comme enseignant en mathématiques, physique et technologie avant d’intégrer EDF en 1992. Depuis, j’ai occupé divers postes allant des activités opérationnelles à l’ingénierie, de même que des fonctions stratégiques au sein du Groupe EDF. Mon expertise couvre notamment l’hydrologie, l’estimation des coûts de projets, le développement d’aménagements hydroélectriques, la gestion opérationnelle d’usines hydroélectriques et la planification énergétique. Aujourd’hui, en tant que Directeur Général de KHPC, mon rôle est de superviser toutes les étapes du projet Kikot-Mbebe, notamment la coordination des équipes, la gestion des parties prenantes et la préparation des financements. Je dois garantir que le projet respectera les délais, les budgets et les normes de qualité attendues.
Pouvez-vous nous parler du projet Kikot-Mbebe, votre grand projet hydroélectrique en cours sur le fleuve Sanaga au Cameroun ?
Le projet Kikot-Mbebe vise à développer un aménagement hydroélectrique de 500 MW sur le fleuve Sanaga, ce qui en fera l’usine la plus puissante du Cameroun. La mise en service est prévue au début des années 2030. L’ouvrage sera exploité pendant 35 ans avant d’être restitué à l’État camerounais, mais il est conçu afin de pouvoir devenir centenaire, voire plus. Nous avons déjà entamé des études environnementales et sociales, ainsi que l’avant-projet technique détaillé. Dans le même temps, nous préparons les appels d’offres internationaux pour la construction. Ce projet s’appuie sur un transfert de compétences important, le Cameroun disposant déjà d’une solide expérience dans la gestion d’infrastructures hydroélectriques.
Quels sont les grands enjeux dans le domaine de l’hydroélectricité au Cameroun ?
Le principal enjeu, c’est de répondre à une demande énergétique en constante augmentation, tout en réduisant la dépendance aux combustibles fossiles. Cela implique de renforcer non seulement la production, mais aussi les systèmes de transport et de distribution. Le gouvernement camerounais a mis en place une stratégie ambitieuse pour atteindre un mix à plus de 85 % d’énergie renouvelable, principalement grâce à l’hydroélectricité. L’autre défi, c’est d’assurer une gestion coordonnée des infrastructures hydroélectriques existantes sur la Sanaga, afin d’en maximiser l’efficacité et d’optimiser leur apport global au système énergétique.
Comment KHPC entend-elle contribuer au développement de l’hydroélectricité à l’échelle sous-régionale ?
KHPC joue un rôle crucial en développant un projet comme Kikot-Mbebe, qui non seulement augmente la capacité énergétique du Cameroun, mais renforce aussi le positionnement du pays comme acteur clé dans la sous-région. Ce projet servira de modèle à d’autres chantiers en Afrique centrale, en démontrant comment des partenariats public-privé peuvent catalyser des initiatives d’infrastructure d’envergure. Nous prévoyons aussi d’utiliser les compétences acquises dans le cadre de ce projet pour explorer d’autres pistes dans le domaine hydroélectrique au Cameroun, peut-être même aussi dans la sous-région.

Quels sont les grands défis à relever pour KHPC ?
Comme tous les grands projets de cette dimension, le respect des délais et des budgets est un défi majeur, de même que la garantie de standards élevés de qualité et de sécurité. La complexité technique et financière du projet, en particulier les appels d’offres internationaux et le bouclage financier, demande une gestion rigoureuse dans sa réalisation. Nous devons également maintenir l’adhésion des communautés locales et des parties prenantes, en adoptant une approche transparente et inclusive dès les premières phases du projet. Cela implique de prendre en compte les enjeux sociaux et environnementaux pour assurer une acceptabilité durable.
Quelles sont les principales innovations technologiques qui permettent d’améliorer la production et l’efficacité des centrales hydroélectriques ?
Bien que l’hydroélectricité soit une technologie mature, elle bénéficie de nombreuses avancées dans les domaines du numérique et de l’informatique embarquée (capteurs, IoT, etc.). Nous pourrons dans une certaine mesure utiliser par exemple des outils de télésurveillance et de télé-exploitation, qui optimisent la maintenance et la gestion proactive des infrastructures. Nous intégrons également les retours d’expérience d’autres projets, comme le barrage de Nachtigal, dans l’optique d’améliorer la conception et réduire les coûts. Les entreprises de construction sont invitées à proposer des innovations lors des appels d’offres pour renforcer l’efficacité énergétique et réduire les délais et les coûts de construction.
Voyez-vous l’hydroélectricité comme un complément aux énergies renouvelables intermittentes (solaire, éolien) ou comme un pilier central ?
L’hydroélectricité est sans aucun doute le pilier central de la stratégie énergétique du Cameroun, avec une ambition de 85 % d’hydroélectricité dans le mix énergétique. Elle est complétée par d’autres énergies renouvelables, notamment le solaire. L’éolien reste limité en raison du régime des vents moins favorable qu’ailleurs, et un complément thermique sera toujours nécessaire pour gérer les fluctuations de l’équilibre entre l’offre et la demande. L’objectif est de minimiser l’usage des combustibles fossiles afin de maximiser l’utilisation des ressources renouvelables.