Vers une adhésion réfléchie et sélective
Antiennes connues, que vous entendrez resurgir lors de la campagne électorale pour les élections européennes de mai 2014. Le fait est qu’en France, notamment, les opinions publiques décrochent du projet européen.
Et pourtant, ce projet a cinquante-six ans. Construit dans une ambiance de guerre froide, comme projet pacificateur et zone tampon entre deux blocs, il a perduré et accompagné les trente glorieuses. Il a survécu aux nouvelles donnes, économique après le choc pétrolier, géopolitico-idéologique après la chute du mur de Berlin. Mais voilà : le monde actuel est face à un nouveau changement de paradigme avec l’émergence d’un monde multipolaire et le choc « matières premières-énergie » (pas seulement pétrolier), dans un monde qui a pris conscience de sa finitude, laquelle nous renvoie à un impératif écologique.
Les défis qui attendent l’Europe sont de taille, afin d’apporter des solutions à ces problématiques de long terme, de se repositionner au niveau mondial, de définir ses limites géographiques et son niveau d’intégration. Et certaines sont à trouver dans les tout prochains mois, telle une action concertée sur les dettes d’État, et l’évolution de son système monétaire et financier, alors que le monde organise en ce moment même des alternatives au dollar (monnaie commune fin décembre dans le golfe Persique, internationalisation accélérée du yuan).
« Ne croyez pas la propagande anglo-saxonne qui dénigre constamment l’euro. N’ayez pas peur ! On compte sur vous. » Tel a été le message délivré en aparté par le président Valéry Giscard d’Estaing à nos jeunes camarades qui venaient de l’interviewer, alors qu’il s’apprêtait à partir pour la Chine : tout un symbole.
Quels qu’aient été son organisation politique et son contour géographique précis, « l’Europe » a aménagé certaines de ses activités majeures pour profiter de sa taille critique, de son marché intérieur, de ses savoir-faire afin d’organiser des coordinations d’ingénierie et d’industrie transnationales et organiser les territoires.
C’est la pertinence de « l’Europe » sur tous ces sujets que ce dossier met en perspective : gouvernance, actions sur les politiques publiques, succès industriels et scientifiques passés et à venir. Gageons que l’adhésion viendra de ces études concrètes appelant des remises en question profondes, à médiatiser.