Vers une alimentation décarbonée et une souveraineté alimentaire : l’exemple de Cristal Union
Depuis de nombreuses années, le Groupe coopératif Cristal Union, parmi les premiers producteurs européens de sucre, d’alcool et de bioéthanol, affiche une démarche ambitieuse de réduction de ses consommations d’énergie et de décarbonation. Explications de Xavier Astolfi (X90), Directeur général du Groupe.
Une démarche du champ à l’assiette
« Nous travaillons, chez Cristal Union, depuis plus de 10 ans à la mise en œuvre d’une démarche globale de durabilité du champ à l’assiette. Pour rendre concret et lisible notre engagement de réduction d’émissions de CO2, nous avons rejoint le Science Based Targets initiative (SBTi), une référence mondiale qui vise à limiter le réchauffement climatique à 2°C maximum à horizon 2100 », explique Xavier Astolfi. Cristal Union s’est ainsi engagé à diminuer de 23 % ses émissions de gaz à effet de serre à horizon 2030, par rapport à 2019, depuis les champs de ses coopérateurs jusqu’à ses produits. Dans cette démarche, Cristal Union reste fortement attaché à ses valeurs et à son ADN de coopérative, principalement installée en France.
Des pratiques durables dans les champs de betteraves
À chaque maillon de sa chaîne de valeur, Cristal Union mise sur la durabilité. En amont, le groupe coopératif privilégie les pratiques agricoles durables et bas carbone. Alors que les transitions, notamment écologiques et environnementales, s’accélèrent, l’agriculture est l’une des premières victimes du changement climatique. Dans ce contexte, l’agriculture française continue de se démarquer, elle est en effet régulièrement primée pour son modèle considéré comme « le plus durable au monde »1.
« Nous souhaitons aller plus loin. Nous accompagnons donc nos coopérateurs dans des modes de production à impact environnemental réduit : agroécologie, rotation des cultures, bas carbone, reprend Xavier Astolfi. C’est vraiment une force de notre coopérative, cette présence de terrain, au plus près de nos agriculteurs coopérateurs ». Les équipes agronomiques travaillent ainsi au quotidien pour proposer de nouvelles solutions : pilotage de la fertilisation azotée, outils et robots mécaniques, outils d’autodiagnostics et de bilans carbone. Et les résultats sont au rendez-vous : 100 % des cultures de betteraves du groupe sont certifiées SAI Gold ou Silver en 2023, un label qui atteste du haut niveau de durabilité des matières premières agricoles.
Un groupe en pointe sur la gestion de l’eau…
Une fois cultivée et récoltée, la betterave sucrière est transformée en sucre, en alcool ou en éthanol, qui contribuent à la souveraineté alimentaire, sanitaire et énergétique de la France.
« Nous avons une chance : la betterave contient 75 % d’eau. Alors que le débat sur les ressources en eau se fait toujours plus pressant, notre objectif est de recycler et valoriser au maximum cette eau issue de la betterave. Nos équipes font preuve de beaucoup d’ingéniosité en la matière, et nous avançons très vite ».
Toute l’eau extraite des betteraves est ainsi déjà réutilisée dans les processus industriels et le surplus est redirigé vers les champs. Entre 2010 et 2020, les prélèvements d’eau ont été réduits de 65 %. Et d’ici 2030, plus aucun site du groupe, sucrerie comme distillerie, ne prélèvera d’eau dans le milieu naturel. Tous les sites seront donc autonomes en la matière, et capables de réutiliser l’eau issue de leurs betteraves, en circuit fermé.
… et la décarbonation de ses sucreries et distilleries
Cristal Union est également très engagé dans la décarbonation de ses activités, et le groupe agit à plusieurs niveaux.
« La meilleure décarbonation, c’est l’énergie que l’on ne consomme pas ! », s’amuse Xavier Astolfi. Le groupe recherche ainsi toutes les solutions possibles pour diminuer ses consommations, à chaque étape de son processus industriel : installations d’équipements toujours plus performants, arbitrages en fin de production en fonction de la qualité de la matière première ou de la température extérieure…
Dans la même logique, la stratégie vise à récupérer l’énergie résiduelle produite dès que cela est possible pour la réutiliser ailleurs : Cristal Union met en place, par exemple, de nouveaux circuits pour récupérer la vapeur d’eau qui sort de ses cheminées afin de la réutiliser dans le processus de fabrication du sucre, plutôt que de la laisser se perdre dans l’atmosphère !
Il s’agit enfin de remplacer, à chaque fois que cela est possible, l’énergie fossile par de l’énergie biomasse. Le groupe, qui vient d’installer de nombreuses chaudières biomasse bois sur ses sites, explore différentes pistes pour atteindre ses objectifs de décarbonation.
« La biomasse c’est vraiment notre voie d’avenir. La plus avancée, la plus prometteuse de nos pistes de décarbonation, c’est celle de la combustion de notre propre résidu de production : la pulpe de betterave. Avec nos propres pulpes, nous pouvons en effet rendre nos sites industriels autonomes en énergie ! ».
Tout cela nécessite des moyens techniques, humains et financiers importants, mais pour Xavier Astolfi, le jeu en vaut clairement la chandelle ! « Ces engagements pourraient apparaître comme des contraintes, ce sont en réalité de vraies opportunités. D’ailleurs, les collaborateurs, les banques, les clients, toutes nos parties prenantes ne s’y trompent pas et se tournent aujourd’hui prioritairement vers les entreprises engagées dans la réduction de leur empreinte carbone. Nous ne faisons pas exception ! », conclut Xavier Astolfi.
1 https://agriculture.gouv.fr/lagriculture-francaise-primee-modele-le-plus-durable-du-monde?sfns=mo
En bref
Le groupe Cristal Union figure parmi les premiers producteurs européens de sucre et d’alcool. Principalement implanté sur le territoire français, le groupe rassemble plus de 2 000 collaborateurs et 9 000 coopérateurs. Sa gouvernance, son organisation et son fonctionnement reposent sur le modèle coopératif.
Cristal Union répond aux besoins en sucre, alcool et bioéthanol de 2 500 clients industriels et distributeurs, dans plus de 100 pays. Les marques les plus connues des consommateurs sont Daddy et Erstein en France, et Eridania en Italie.
La décarbonation de Cristal Union en 3 temps forts
2010- 2020 : UNE TRANSITION ÉNERGÉTIQUE ACHEVÉE
- 15 % d’émissions de CO2,
- 8 % d’énergie consommée,
- Arrêt du charbon au profit du gaz naturel et de la biomasse,
- Optimisation énergétique,
- 3 projets lauréats de France Relance sur ses sites de Bazancourt, Sidésup et Sainte-Émilie.
2030 : MOINS CONSOMMER D’ÉNERGIE, CONTINUER DE DÉCARBONER
- 23 % d’émissions de CO2 vs 2019,
- Optimisation énergétique,
- Valorisation de l’énergie résiduelle,
- Réduction des énergies fossiles,
- Une trajectoire validée par le SBTi.
2050 : DES SUCRERIES AUTO-ALIMENTÉES EN ÉNERGIE GRÂCE AUX PULPES DES BETTERAVES
- La sucrerie-distillerie pilote d’Arcis-sur-Aube pourrait être autonome en énergie dès 2030 !
Des packagings toujours plus durables
Avec 16 % d’emballage en moins et une réduction du plastique de ‑70 % sur ses sachets Daddy, désormais fabriqués en kraft, le Groupe économise l’équivalent de 10 millions de bouteilles de plastique par an. Pour aller encore plus loin, le Groupe est également passé au kraft sur la quasi-totalité de sa gamme d’emballages industriels.
En illustration : Projet d’une première sucrerie autonome en énergie dès 2030 à Arcis-sur-Aube.