Cristal Union Projet d'une première sucrerie autonome en énergie dès 2030 à Arcis-sur-Aube.

Vers une alimentation décarbonée et une souveraineté alimentaire : l’exemple de Cristal Union

Dossier : Vie des entreprisesMagazine N°790 Décembre 2023
Par Xavier ASTOLFI (X90)

Depuis de nom­breuses années, le Groupe coopé­ra­tif Cris­tal Union, par­mi les pre­miers pro­duc­teurs euro­péens de sucre, d’alcool et de bioé­tha­nol, affiche une démarche ambi­tieuse de réduc­tion de ses consom­ma­tions d’énergie et de décar­bo­na­tion. Expli­ca­tions de Xavier Astol­fi (X90), Direc­teur géné­ral du Groupe.

Une démarche du champ à l’assiette

« Nous tra­vaillons, chez Cris­tal Union, depuis plus de 10 ans à la mise en œuvre d’une démarche glo­bale de dura­bi­li­té du champ à l’assiette. Pour rendre concret et lisible notre enga­ge­ment de réduc­tion d’émissions de CO2, nous avons rejoint le Science Based Tar­gets ini­tia­tive (SBTi), une réfé­rence mon­diale qui vise à limi­ter le réchauf­fe­ment cli­ma­tique à 2°C maxi­mum à hori­zon 2100 », explique Xavier Astol­fi. Cris­tal Union s’est ain­si enga­gé à dimi­nuer de 23 % ses émis­sions de gaz à effet de serre à hori­zon 2030, par rap­port à 2019, depuis les champs de ses coopé­ra­teurs jusqu’à ses pro­duits. Dans cette démarche, Cris­tal Union reste for­te­ment atta­ché à ses valeurs et à son ADN de coopé­ra­tive, prin­ci­pa­le­ment ins­tal­lée en France. 

Des pratiques durables dans les champs de betteraves 

À chaque maillon de sa chaîne de valeur, Cris­tal Union mise sur la dura­bi­li­té. En amont, le groupe coopé­ra­tif pri­vi­lé­gie les pra­tiques agri­coles durables et bas car­bone. Alors que les tran­si­tions, notam­ment éco­lo­giques et envi­ron­ne­men­tales, s’accélèrent, l’agriculture est l’une des pre­mières vic­times du chan­ge­ment cli­ma­tique. Dans ce contexte, l’agriculture fran­çaise conti­nue de se démar­quer, elle est en effet régu­liè­re­ment pri­mée pour son modèle consi­dé­ré comme « le plus durable au monde »1.

« Nous sou­hai­tons aller plus loin. Nous accom­pa­gnons donc nos coopé­ra­teurs dans des modes de pro­duc­tion à impact envi­ron­ne­men­tal réduit : agroé­co­lo­gie, rota­tion des cultures, bas car­bone, reprend Xavier Astol­fi. C’est vrai­ment une force de notre coopé­ra­tive, cette pré­sence de ter­rain, au plus près de nos agri­cul­teurs coopé­ra­teurs ». Les équipes agro­no­miques tra­vaillent ain­si au quo­ti­dien pour pro­po­ser de nou­velles solu­tions : pilo­tage de la fer­ti­li­sa­tion azo­tée, outils et robots méca­niques, outils d’autodiagnostics et de bilans car­bone. Et les résul­tats sont au ren­dez-vous : 100 % des cultures de bet­te­raves du groupe sont cer­ti­fiées SAI Gold ou Sil­ver en 2023, un label qui atteste du haut niveau de dura­bi­li­té des matières pre­mières agricoles.

Un groupe en pointe sur la gestion de l’eau…

Une fois culti­vée et récol­tée, la bet­te­rave sucrière est trans­for­mée en sucre, en alcool ou en étha­nol, qui contri­buent à la sou­ve­rai­ne­té ali­men­taire, sani­taire et éner­gé­tique de la France. 

« Nous avons une chance : la bet­te­rave contient 75 % d’eau. Alors que le débat sur les res­sources en eau se fait tou­jours plus pres­sant, notre objec­tif est de recy­cler et valo­ri­ser au maxi­mum cette eau issue de la bet­te­rave. Nos équipes font preuve de beau­coup d’ingéniosité en la matière, et nous avan­çons très vite ».

Toute l’eau extraite des bet­te­raves est ain­si déjà réuti­li­sée dans les pro­ces­sus indus­triels et le sur­plus est redi­ri­gé vers les champs. Entre 2010 et 2020, les pré­lè­ve­ments d’eau ont été réduits de 65 %. Et d’ici 2030, plus aucun site du groupe, sucre­rie comme dis­til­le­rie, ne pré­lè­ve­ra d’eau dans le milieu natu­rel. Tous les sites seront donc auto­nomes en la matière, et capables de réuti­li­ser l’eau issue de leurs bet­te­raves, en cir­cuit fermé.

… et la décarbonation de ses sucreries et distilleries

Cris­tal Union est éga­le­ment très enga­gé dans la décar­bo­na­tion de ses acti­vi­tés, et le groupe agit à plu­sieurs niveaux. 

« La meilleure décar­bo­na­tion, c’est l’énergie que l’on ne consomme pas ! », s’amuse Xavier Astol­fi. Le groupe recherche ain­si toutes les solu­tions pos­sibles pour dimi­nuer ses consom­ma­tions, à chaque étape de son pro­ces­sus indus­triel : ins­tal­la­tions d’équipements tou­jours plus per­for­mants, arbi­trages en fin de pro­duc­tion en fonc­tion de la qua­li­té de la matière pre­mière ou de la tem­pé­ra­ture extérieure… 

Dans la même logique, la stra­té­gie vise à récu­pé­rer l’énergie rési­duelle pro­duite dès que cela est pos­sible pour la réuti­li­ser ailleurs : Cris­tal Union met en place, par exemple, de nou­veaux cir­cuits pour récu­pé­rer la vapeur d’eau qui sort de ses che­mi­nées afin de la réuti­li­ser dans le pro­ces­sus de fabri­ca­tion du sucre, plu­tôt que de la lais­ser se perdre dans l’atmosphère !

Il s’agit enfin de rem­pla­cer, à chaque fois que cela est pos­sible, l’énergie fos­sile par de l’énergie bio­masse. Le groupe, qui vient d’installer de nom­breuses chau­dières bio­masse bois sur ses sites, explore dif­fé­rentes pistes pour atteindre ses objec­tifs de décarbonation. 

« La bio­masse c’est vrai­ment notre voie d’avenir. La plus avan­cée, la plus pro­met­teuse de nos pistes de décar­bo­na­tion, c’est celle de la com­bus­tion de notre propre rési­du de pro­duc­tion : la pulpe de bet­te­rave. Avec nos propres pulpes, nous pou­vons en effet rendre nos sites indus­triels auto­nomes en énergie ! ».

Tout cela néces­site des moyens tech­niques, humains et finan­ciers impor­tants, mais pour Xavier Astol­fi, le jeu en vaut clai­re­ment la chan­delle ! « Ces enga­ge­ments pour­raient appa­raître comme des contraintes, ce sont en réa­li­té de vraies oppor­tu­ni­tés. D’ailleurs, les col­la­bo­ra­teurs, les banques, les clients, toutes nos par­ties pre­nantes ne s’y trompent pas et se tournent aujourd’hui prio­ri­tai­re­ment vers les entre­prises enga­gées dans la réduc­tion de leur empreinte car­bone. Nous ne fai­sons pas excep­tion ! », conclut Xavier Astolfi.

1 https://agriculture.gouv.fr/lagriculture-francaise-primee-modele-le-plus-durable-du-monde?sfns=mo


En bref

Le groupe Cris­tal Union figure par­mi les pre­miers pro­duc­teurs euro­péens de sucre et d’alcool. Prin­ci­pa­le­ment implan­té sur le ter­ri­toire fran­çais, le groupe ras­semble plus de 2 000 col­la­bo­ra­teurs et 9 000 coopé­ra­teurs. Sa gou­ver­nance, son orga­ni­sa­tion et son fonc­tion­ne­ment reposent sur le modèle coopératif. 

Cris­tal Union répond aux besoins en sucre, alcool et bioé­tha­nol de 2 500 clients indus­triels et dis­tri­bu­teurs, dans plus de 100 pays. Les marques les plus connues des consom­ma­teurs sont Dad­dy et Erstein en France, et Eri­da­nia en Italie.



La décarbonation de Cristal Union en 3 temps forts 

2010- 2020 : UNE TRANSITION ÉNERGÉTIQUE ACHEVÉE

  • 15 % d’émissions de CO2,
  • 8 % d’énergie consommée,
  • Arrêt du char­bon au pro­fit du gaz natu­rel et de la biomasse,
  • Opti­mi­sa­tion énergétique,
  • 3 pro­jets lau­réats de France Relance sur ses sites de Bazan­court, Sidé­sup et Sainte-Émilie.

2030 : MOINS CONSOMMER D’ÉNERGIE, CONTINUER DE DÉCARBONER 

  • 23 % d’émissions de CO2 vs 2019,
  • Opti­mi­sa­tion énergétique, 
  • Valo­ri­sa­tion de l’énergie résiduelle,
  • Réduc­tion des éner­gies fossiles,
  • Une tra­jec­toire vali­dée par le SBTi.

2050 : DES SUCRERIES AUTO-ALIMENTÉES EN ÉNERGIE GRÂCE AUX PULPES DES BETTERAVES

  • La sucre­rie-dis­til­le­rie pilote d’Arcis-sur-Aube pour­rait être auto­nome en éner­gie dès 2030 !


packaging Cristal unionDes packagings toujours plus durables 

Avec 16 % d’emballage en moins et une réduc­tion du plas­tique de ‑70 % sur ses sachets Dad­dy, désor­mais fabri­qués en kraft, le Groupe éco­no­mise l’équivalent de 10 mil­lions de bou­teilles de plas­tique par an. Pour aller encore plus loin, le Groupe est éga­le­ment pas­sé au kraft sur la qua­si-tota­li­té de sa gamme d’emballages industriels.


En illus­tra­tion : Pro­jet d’une pre­mière sucre­rie auto­nome en éner­gie dès 2030 à Arcis-sur-Aube.

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