Virtuosité baroque, œuvres de Vivaldi, Corelli, Scarlatti
Voici un concert d’un des orchestres français les plus emblématiques de la vivacité de la vie musicale en France.
L’ensemble professionnel Le Palais-Royal se consacre à l’interprétation des répertoires baroque et classique. Pour chaque époque, les musiciens utilisent des instruments différents.
Au-delà de la haute exigence musicale de Jean- Philippe Sarcos, leur chef depuis le début, les œuvres sont chantées par cœur et souvent en pupitres éclatés afin de favoriser l’expressivité et l’engagement de chacun au service du sens du texte et de la musique.
Du fait de la fraîcheur des voix, Le Palais-Royal possède une couleur unique parfaitement adaptée aux répertoires anciens qui étaient, originellement, le plus souvent interprétés par des enfants.
Autre originalité, Le Palais-Royal s’engage intensivement au service de la jeunesse, d’une part en fournissant l’ossature de l’Académie de musique, chœur et orchestre d’étudiants encadrés par les professionnels du Palais-Royal qui se produisent une dizaine de fois par an, et d’autre part en animant les concerts « coup de foudre », destinés aux jeunes de quartiers défavorisés qui n’ont généralement pas accès à la musique classique, dans le cadre des Cordées de la réussite.
Le DVD publié cet été par Bel-Air Classiques (l’éditeur français de DVD musicaux, au catalogue d’une richesse, d’une qualité et d’une diversité incroyables) nous restitue un concert donné en octobre 2010 dans la chapelle de l’École militaire à Paris.
Construit autour du fameux Stabat Mater à dix voix de D. Scarlatti (1685−1757), avec des œuvres de Vivaldi et Corelli, le programme, intitulé Virtuosité baroque, est une pure merveille.
On montre ici la virtuosité non pas comme une technique développée au seul service de la gloire de l’interprète, mais comme un des moyens géniaux dont usèrent les artistes italiens pour traduire les mouvements passionnés de leur âme (virtuosité vient du latin virtus qui lui-même renferme vir : l’homme. Virtus désigne donc les qualités qui font la valeur de l’homme, moralement et physiquement. Le mot se traduit par courage, mérite, hauts faits mais également vertu, perfection morale).
Le programme montre aussi la diversité de ses formes : virtuosité instrumentale avec Corelli, virtuosité vocale avec Vivaldi mais aussi virtuosité du compositeur avec l’exceptionnelle maîtrise de Scarlatti qui atteint des sommets d’émotion grâce à la prouesse d’écriture des dix voix superposées, et non malgré elle.
Le concert lui-même est superbe, à tout point de vue. L’impact est très fort, de ce chœur grandiose soutenu par un ensemble instrumental réduit mais au niveau musical très élevé. Notons en particulier le violon vertigineux et extrêmement vivant de la grande Tami Troman, premier violon régulier de l’en semble.
Comme les instruments d’époque, les tenues rouges que revêtent les chanteurs du Palais-Royal pour interpréter ces œuvres sacrées rappellent celles de leurs prédécesseurs dans les chapelles royales. Ces mêmes tenues sont encore aujourd’hui portées par de grands chœurs à travers le monde, comme le chœur de la chapelle Sixtine et les prestigieuses formations chorales des cathédrales anglaises, autrichiennes ou allemandes.
Un grand concert de musique vivante à voir, par un ensemble dynamique qui en est un parfait représentant, et mériterait grandement d’être bien plus connu. Le Palais-Royal est un des ensembles les plus marquants de la vie musicale française, et son chef Jean-Philippe Sarcos est un orfèvre très insuffisamment reconnu. Jugez-en en voyant ce concert.
Un second DVD du Palais-Royal paru cette année est édité par le festival de Souvigny. Le Palais-Royal en 2013 a joué le Requiem de Campra (et le Super Flumina Babylonis de Delalande). Ce même programme a aussi été un des succès du festival de la Chaise-Dieu cet été 2014.
L’énergie et enthousiasme du Palais- Royal y ont triomphé, et on les retrouve tout à fait dans ce DVD que le festival de Souvigny a eu le bon goût de filmer et d’éditer.