Votre École chez Vous L’école à la maison
Avant de songer à entrer à l’X, et d’abord en prépa, il faut mener à bien le cycle des études primaires, puis secondaires. Que se passe-t-il quand de graves problèmes de santé empêchent un enfant de fréquenter normalement un établissement scolaire ?
Monsieur Yves Quéré, membre de l’Académie des sciences, qui a été de 1970 à 1995 à l’École polytechnique professeur de physique des matériaux et finalement directeur général adjoint pour l’enseignement, s’est penché sur cette douloureuse question. Nous le retrouvons aujourd’hui vice-président de « Votre École chez Vous ».
Serait-ce une tradition pour « Votre École chez Vous » d’être « portée » par de si hautes personnalités de l’École ? Car l’un de ses fondateurs en 1953 – c’est donc cette année son cinquantième anniversaire – a été Paul Tuffrau*, professeur d’histoire et de littérature à l’École polytechnique de 1928 à 1958 !
Qu’est-ce que « Votre École chez Vous » ? Une association loi de 1901, reconnue d’utilité publique en 1985. Son credo : « Ce n’est pas parce qu’un élève, handicapé ou tombant longuement malade, est obligé de rester chez lui qu’il doit être privé de l’enseignement scolaire dont bénéficient pendant ce temps ses camarades bien portants. »
Que fait-elle ? Elle gère un établissement scolaire pour Paris et l’Île-de-France qui, sous contrat avec l’Éducation nationale, apporte gratuitement à ces enfants et adolescents, chez eux, l’enseignement primaire, secondaire et depuis peu technique que leur état les empêche de recevoir dans un établissement collectif. Elle les prépare et les présente aux examens nationaux, les programmes fixés par l’Éducation nationale étant normalement suivis.
Et ce sont les professeurs qui se déplacent, tous amenés à se rendre au domicile des enfants.
Actuellement, plus d’une centaine d’élèves se répartissent entre les différents cours. Ils sont pourvus d’un emploi du temps leur permettant la meilleure répartition possible entre les soins médicaux et les cours. Mais la scolarité s’adapte nécessairement à l’élève, la progression se faisant quand il peut travailler. En cas d’empêchement, le cours n’est pas perdu. Il reprendra dès que possible là où il a été interrompu.
Ainsi les élèves arrivent-ils à recevoir la même scolarité que leurs camarades normalement scolarisés. Ils sont d’ailleurs pour la plupart très motivés, car les professeurs leur apportent, outre le savoir, le courage et l’espérance dans leur épreuve et, pour les plus atteints, un sens même à leur vie.
Les résultats aux examens, brevet et baccalauréat, sont très bons car la préparation est en fait aussi performante que lors d’un cursus traditionnel.
Quant aux professeurs, tous diplômés d’État, il faut saluer leur dévouement, leur capacité d’écoute et d’adaptation, leur compréhension – et leur solidité morale. Même si beaucoup estiment leur « mission » très gratifiante, être professeur à « Votre École chez Vous » est un choix difficile.
Ils sont actuellement environ 50 répartis un peu plus en secondaire qu’en primaire. Les trois quarts d’entre eux restent pris en charge par l’Éducation nationale. Les autres dépendent entièrement de « Votre École chez Vous ».
Terminons par quelques considérations financières. Rappelons que la scolarité à « Votre École chez Vous » est gratuite, comme dans les établissements publics. Le budget annuel de cette Association, hors la part supportée directement par le Rectorat aujourd’hui proche du million d’euros, est voisin de 400 000 € (avec une part de frais généraux extrêmement réduite).
Comment y faire face ? Par des subventions publiques et des aides de fondations, associations, entreprises et autres organismes, toujours difficiles à obtenir, et par les dons – ou cotisations – des particuliers, et parmi eux de nombreux camarades.
_____________________________________
* Sa fille et son gendre, Madame et Monsieur Cambon, la mirent sur pied et la dirigèrent pendant plus de trente-cinq ans.